Après Les Taupes sourdes, Abdelhakim Al Qâdiri frappe un nouveau coup retentissant avec la suite de sa saga des destins brisés et des souffrances extrêmes, confirmant son talent de romancier exubérant.Dans le récit du premier volet, un souffle puissant ébranlait les passions et les émotions. Avec La Mort a des yeux colorés, c'est une tempête qui se déchaîne sous la plume ultra-fougueuse du jeune écrivain.Complots politiques, crimes sadiques, tortures psychologiques, haine, vengeance, remords, bourreau et victime..., toutes les ressources du mélodrame avec ses situations pathétiques, frénétiques, et ses conflits manichéens entre le bien et le mal sont exploitées avec maestria par Abdelhakim Al Qâdiri, qui - et c'est là son indéniable aptitude - sait surfer sur les vagues de l'outrance sans sombrer dans l'écume du ridicule.Un séducteur sans âme réapparaît sous les traits d'un prédateur politique doublé d'un agent clandestin, un tueur en série assassine sa fille, viole sa nièce et s'en sort avec un internement psychiatrique, une mère dans le coma rejoint sa fille morte au paradis, une chanteuse souffre de voir sa fille de treize ans subir un mutisme sélectif uniquement en sa présence, un homme pieux et moralisateur renie ses principes moraux et trahit ses compagnons pour une poignée de dollars, un père atteint de dissociation psychique viole pendant des années son fils unique et le prostitue tandis que sa mère détourne les yeux, un journaliste bien intentionné milite pour le rétablissement de la peine de mort..., tous ces personnages et plein d'autres aux destins croisés et enchaînés tentent de se libérer, chacun à sa manière, de la prison de la mémoire et du passé traumatisant.Une lecture qui ne se rassasie pas de tourner les pages et qui se délecte de naviguer dans les méandres convergents d'un récit choral bien orchestré. Captivant.
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