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Au début des années 80, Libération s'impose comme le quotidien le plus important du paysage culturel français. Tout juste embauchés, Marie Colmant et Gérard Lefort écrivent à un rythme effréné et vont affirmer un style : interviews de stars (Clint Eastwood, Belmondo, Line Renaud), compte-rendus de défilés de mode (Gaultier, Lacroix) et réunions de rédaction parfois houleuses font partie du quotidien.Dans ce récit au long cours illustré par le trait vibrionnant de Pochep, Marie et Gérard font le portrait d'un journal drôle et paradoxal, où des personnages hauts en couleur s'invectivent à coups de bons mots. Ces années folles, qui sont aussi celles du Sida et de Tchernobyl, dessinent une comédie humaine attachante, inattendue... et so eighties !
Chronique précédemment parue sur le blog www.sambabd.net
Qu’on aime Libé ou non, ce journal fait partie de l’histoire récente de notre paysage culturel et politique (je parle pour les lecteurs français de ce blog… désolé les amis belges… En même temps, vous, vous avez Raoul pour vous amuser…). C’est donc avec un certain plaisir que j’ai pu parcourir cette BD même si je ne suis pas particulièrement fan des pages cultures des médias (dont sont issus les 2 scénaristes), qu’ils soient généralistes ou spécialisés. Mais il faut bien avouer que les auteurs, Marie Colmant et Gérard Lefort, ont su synthétiser ces fameuses années folles dans un ouvrage qui se lit très facilement. En dehors d’eux mêmes (oui, ils s’y mettent en scène), on y retrouve des personnages connus, comme Serge July, Lionel Jospin, Marguerite Duras ou encore Clint Eastwood et Tintin, ainsi que des évènements qui ont fait cette fin de XXème siècle : Tchernobyl, l’arrivée de la Gauche au pouvoir en France ou enfin l’apparition du SIDA…
Le dessin de Pochep est toujours bien senti et la façon dont il croque ses personnages est saisissante. Bien sûr, la ressemblance est frappante et on les reconnait au premier coup d’œil, et même si c’est un minimum, ce n’est pas toujours le cas chez tous les dessinateurs de ce style. Mais, en plus, il semble capter l’essence même de leurs caractères, et ça, ce n’est vraiment pas donné à tous le monde. Les caricatures de Duras et July en sont 2 excellents exemples.
D’ailleurs, en parlant du personnage de Serge July, on apprend pas mal de choses insolites à son égard et c’est évident que lorsqu’on a ce genre de patron pendant une quinzaine d’années, c’est une vraie mine d’or en termes d’anecdotes…
En tout cas, si la vie culturelle et politique française des années 80/90 vous intéresse, ne passez pas à côté de cette très bonne chroniques de ces 2 décennies.
Ce roman graphique, pour qui lit depuis des décennies ce journal et qui plus est a dévoré les chroniques de Marie Colmant et Gérard Lefort, possède un parfum de madeleine évident. Reviennent donc les souvenirs des années 80 avec le fantastique supplément de l'époque ( un peu évoqué dans cet album) "Sandwich" avec ses dizaines de pages de petites annonces de rencontres sexuelles de tout genre à faire passer les Tinder et Grindr d'aujourd'hui pour de petites rosières bien timides et guère inventives.
Si j'évoque cet encart du samedi, c'est que les auteurs ont débuté à cette époque et ont incarné par leurs papiers drôles et piquants le parfait contrepoint journalistique cet esprit libre et frondeur.
Quarante après, restent les souvenirs. Un peu de nostalgie parcourt le récit, teinté d'humour bien sûr mais contant l'histoire des plus belles années de ce journal de gauche. Et comme nos deux larrons auteurs travaillaient au service culture ( cinéma et mode) on a droit à quelques anecdotes autour de stars mortes ( ça évite les remarques ou les procès) comme Belmondo, Montand,... mais font pudiquement grâce de pas mal de leurs éclats critiques qui firent hurler le monde du cinéma et de la mode.
Ceux qui n'ont pas connu cette époque ne seront nullement largués ou ne feront pas la fine bouche, car, c'est un peu "les belles histoires de tata Marie et tonton Gérard" qui nous sont contées en courts chapitres thématiques, émaillés de portraits hommages des figures emblématiques du journal. Les seize années évoquées ici, retracent avec bonheur toute une époque d'une bulle, certes parisienne, fort libérée et inventive, mais qui fit face aussi à l'épidémie du SIDA qui, ici, et peut être plus qu'ailleurs, faucha pas mal de membres de l'équipe.
Cependant, grâce à l'humour des deux confrères et au dessin franchement réussi de Prochep ( Ah... Marguerite Duras !!!), le sourire et le rire l'emportent largement sur la tristesse. Anciens lecteurs ou pas, jeunes ou plus matures, cinéphiles ou pas, cette BD hommage est un pur régal.
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