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Un journaliste est chargé d'écrire un livre sur un photographe accusé d'avoir immolé deux femmes, mais pourquoi l'aurait-il fait ? Pour assouvir une effroyable obsession, saisir sur le vif leur destruction par les flammes ? A mesure que son enquête progresse, le journaliste pénètre peu à peu un monde déstabilisant où l'amour s'abîme dans les vertiges de la folie et de la mort. Un domaine interdit où il est dangereux, et vain, de s'aventurer...
Dans ce roman noir qui flirte avec le roman gothique pour mieux nous faire frissonner, les apparences sont toujours pires que ce qu'elles semblent, les poupées sourient étrangement et le rouge est celui du sang. Seule est certaine l'attirance pour la perdition.
Un journaliste est engagé par un éditeur pour écrire un livre sur un artiste-photographe emprisonné et condamné à mort pour avoir immolé deux femmes dont il voulait photographier les derniers instants. Mais Kiharazaka Yûdai, le meurtrier, ne compte pas se livrer si facilement. Il ne nie pas les faits mais accepter de parler à condition que le journaliste lui ouvre son âme. Réticent, l'intervieweur se livre dans quelques lettres tout en enquêtant, rencontrant les différents protagonistes de l'affaire, allant jusqu'à entamer une relation avec la sœur du photographe. Au fil de ses recherches, il découvre d'étranges personnages, un autre enquêteur et, peut-être, une autre vérité...
Avec ses airs du Silence des agneaux et du Portrait de Dorian Gray, L'hiver dernier, je me suis séparé de toi est un roman étrange, intrigant, déconcertant tant l'auteur se joue de son lecteur, alternant les points de vue, les narrateurs, et brouillant les pistes pour jouer avec la réalité et la vérité.
Dans un style épuré et percutant, Fuminori Nakamura nous livre un roman retors et déroutant qui questionne sur l'Art et jusqu'où un artiste peut aller pour assouvir sa quête de perfection et mêle perversion, crime, vengeance et folie. Malgré le feu brûlant de leurs passions, les personnages semblent désincarnés, certains sont même des poupées qui remplacent un être vivant n'en gardant que l'aspect physique et abolissant leurs sentiments propres.
Une expérience de lecture déstabilisante mais qui sait prendre dans ses filets un lecteur désireux de connaître une vérité qui ne cesse de se dérober. A découvrir.
J'aime beaucoup les éditions Philippe Picquier qui proposent une littérature asiatique variée et de qualité. J'y ai découvert bon nombre d'auteurs qui m'ont fait voyager intelligemment et découvrir leur pays de l'intérieur... L'hiver dernier, je me suis séparé de toi de Fuminori Nakamura ne déroge pas à la règle. En plus d'une enquête surprenante, j'y ai découvert une partie de l'âme japonaise difficilement compréhensible par la plupart des occidentaux.
Au Japon, il est de notoriété publique que certains objets ont une âme, qu'ils sont devenus "vivants". Il s'agit en général d'objets très anciens, ou ayant été façonnés dans des circonstances bien particulières. C'est un peu autour de cette idée que se développe ce roman... Attention, il n'y a rien ici de surnaturel, L'hiver dernier, je me suis séparé de toi n'est absolument pas un roman fantastique, il s'agit d'un roman noir tout ce qu'il y a de plus classique. On y retrouve un journaliste enquêtant sur un meurtrier afin d'écrire un livre, il va le rencontrer en prison puis interroger sa famille et ses connaissances afin de comprendre son parcours et les motifs de ces actes fous. Classique donc. L'ambiance qui se dégage de cette enquête est moins classique par contre, plus glauque, presque malsaine... Les photographies sont étranges et hypnotiques, elles semblent capturer une partie de l'âme du modèle ; les hommes vivent avec des love doll, des poupées à figure humaine qui semblent embellir à la mort de leur modèle ; l'amour devient obsessionnel et peut entraîner toutes les perversions... C'est assez déstabilisant, d'autant plus que la structure du roman renforce cette impression d'étrangeté. L'hiver dernier, je me suis séparé de toi débute "normalement", mais petit à petit le malaise s'installe, on se dit que quelque chose cloche sans trop savoir ce que c'est. Le récit du journaliste alterne avec les correspondances du meurtrier, les interviews des différents protagonistes et quelques pièces relatives aux crimes. On prend connaissance des obsessions et des influences du meurtrier, on essaie de comprendre ses motivations et le déroulé des faits, et on se perd dans un Japon étrange et déroutant. Ce roman me laisse une drôle d'impression : je sais que je l'ai aimé, surtout grâce au final que je n'ai pas vu venir, mais d'un autre côté j'ai mis du temps à le lire, je n'étais pas à l'aise avec lui, alors que j'ai lu bien plus glauque ou horrible sans que cela me pose problème... Etrange donc, du début à la fin !
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