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Lettres d'or

Couverture du livre « Lettres d'or » de Christian Bobin aux éditions Fata Morgana
Résumé:

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Avis (1)

  • Il fut un temps où les lettres étaient souvent destinées à l’être aimé. Ce sont bien des lettres d’amour ; de celles qu’on écrit sans forcément les envoyer, que nous offre Bobin ; et comme souvent dans ce cas, ce sont aussi des lettres sur l’amour.

    « Il y a ces deux choses en nous : l'amour...
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    Il fut un temps où les lettres étaient souvent destinées à l’être aimé. Ce sont bien des lettres d’amour ; de celles qu’on écrit sans forcément les envoyer, que nous offre Bobin ; et comme souvent dans ce cas, ce sont aussi des lettres sur l’amour.

    « Il y a ces deux choses en nous : l'amour et la solitude. Elle semble entre elles comme deux chambres reliées par une porte étroite. Écrivant, on va de l’une à l’autre, incessamment. On ramasse ce qui est sous le ciel, ce qui brûle dans le sang. … » p7 et la solitude est présentée comme un « beau présent » en «s’illuminant de nos absences ».

    Dans ces lettres Bobin montre qu’il est aussi un écrivain / poète de la complexité humaine et pas exclusivement celui de la verticalité mystique dans sa lettre VI :
    « Je ne saurais vous dire la jouissance que me donne votre corps, lorsque vous me l'abandonnez. Aucun langage ne la recueille. Aucun regard ne la contient. Les amants éprouvent, sans le comprendre, ce qu'est l'éternité : elle se confond avec la faiblesse qui précipite leur souffle. Elle obscurcit leur sang et fait la nuit autour d'eux, comme il arrive dans une souffrance, lorsqu'une flamme élance les chairs les plus tendre. La jouissance engendre un savoir sans équivalent sur l'éternel : elle révèle en nous bien trop d’enfance et de douceur pour que mourir, jamais, viennent à bout. Les mains sur la peau touchent l’âme à vif. Elles en sentent la palpitation. Elles en devinent le trouble. Mais rien, non, rien n’égale en volupté la contemplation de votre visage : un fin mélange de plaisir et de détresse recouvre ses traits, comme si - pendant quelques instants – vous n’étiez plus personne. » pp 26-27
    Et … « il y a un principe de folie dans l'écriture, dans cette inlassable monologue d’une voix éprise d'elle-même, suffisante. Si un tel arrangement des mots est parfois secourable, c'est sans doute parce que notre cœur s'y trouve tel qu'il est dans son fond : lui aussi enclos dans sa propre préférence et disputant toujours des mêmes choses, sans souci de conclure.
    Ressassant. Comment sortir de soi ? Parfois cette chose arrive, qui fait que nous ne sommes plus enfermés : un amour sans mesure. Un silence sans contraire. La contemplation d'un visage infini, fait de ciel et de terre. » p 28

    Lettre IX
    « Il n'y a pas d'autre art que l'art amoureux. C'est l'art souverain de la lenteur et de la vitesse. C'est l'art de susciter un éclair, sans jamais l'arrêter en l'orientant vers nous. » p 37

    Lettre XI
    « La solitude épure la vue.
    … la solitude nous amène vers la plus simple lumière : et nous ne connaîtrons jamais d'autre perfection que celle du manque. Nous n'éprouverons jamais d'autre plénitude que celle du vide, et l'amour qui nous le dépouille de tout est celui qui nous prodigue le plus. C'est dans cette lumière que je vous aime. La force qui m'en vient est immense.

    Il n'y a rien dehors de l'amour. Il n'y a rien en dehors de vous et je n'ai, pour vous en convaincre, que cette jouissance qui me vient de vous, de votre seule existence perdue dans le monde, sous le ciel, sous le bleu.

    Dans la lutte avec l'ange, c'est en perdant que l'on triomphe. C'est un renonçant à toute maîtrise sur le cours d'un amour plus brûlant que notre âme. » p 43


    A noter qu’il y a 13 lettres accompagnées d’une intro et d’une fin … 15 stations donc !

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