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Lettres aux hirondelles et à moi-même est un volume tardif : publié en 1962, il reprend deux titres antérieurs parus respectivement en 1949 et 1956. Ce qui en fait une sorte de condensé de toute l'oeuvre de Ramón, puisque les deux lignes de force de son travail s'y rencontrent dans leur apparente opposition : tendance à l'inventaire du monde extérieur (Lettres aux hirondelles), tendance autobiographique à l'exploration de soi (Lettres à moi-même)
Avec les hirondelles et les missives qu'il leur envoie à raison, dit-il, d'une par
printemps pendant douze ans, c'est l'ouverture du monde, sa perpétuelle
fugacité en même temps que son perpétuel renouveau, qu'il célèbre. Ramón
se veut baroque et il l'est. Non seulement dans l'exubérance d'une écriture du
débordement mais au sens plus profond où sa fécondité, sa pyrotechnie
verbales ne font que masquer l'angoisse du vide. Lettres aux hirondelles, c'est
encore le Ramón jongleur de mots et de formules, le prestidigitateur tirant de
son chapeau, hirondelle après hirondelle, les images de l'inépuisable beauté du monde, quand Lettres à moi-même c'est au contraire le Ramón introspectif et amer, acharné à poursuivre l'entreprise autobiographique de toute une vie et qui trouve encore le courage, par le biais de cette insolite correspondance avec lui-même, de regarder en face sa propre déréliction.
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