«On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l'on n'admet pas d'abord qu'elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure » écrivait Bernanos. Ce roman raconte l'histoire d'une telle conspiration, non pas universelle mais singulière, contre une existence trop intérieure pour n'être pas maudite. Tout y repose en quelque sorte sur une intrigue policière, dont la trame serait toute spirituelle et consisterait en la traque d'une âme, qui ignore d'ailleurs tout d'un crime dont on voudrait à toute force la faire coupable. Florine naît aux dernières années du XXe siècle : de ses parents à ses camarades de classe, le monde entier semble avoir tracé déjà l'exacte cartographie de ses idées, de ses aspirations et de son parcours à venir. Pour vivre heureuse, elle vivra cachée. Cachée au milieu de tous, car pensant, agissant et parlant comme tout le monde. Pourtant, dès son plus jeune âge, quelque chose semble s'être grippé dans le mécanisme, habituellement ineluctable, de son adhérence au monde : très tôt, elle semble n'en être pas, et pourtant y être. Lorsque cette dissonnance inattendue se fait évidente aux yeux de tous, alors s'agitent et se déchaînent tout ce que le monde, dans l'entourage de Florine, compte de séides scrupuleux. Les Solitudes profondes est le récit d'une prise d'assaut, mais ni la victime ni les assaillants ne semblent bien comprendre les forces étranges qui les meuvent. Ni fantastique, ni psychologique, ce roman est avant tout surnaturel, et ses protagonistes essentiels ne sont peut-être pas toujours les moins invisibles.
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