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Nouvelles singulières de Charlie Barette. D'abord il y a un ton. Des descriptions picturales sous une plume ondoyante côtoient des âmes échouées par la vie jusqu'à leur rédemption. Et derrière ce ton, un questionnement. L'homme est-il prédestiné à son propre destin ? Peut-il changer le cours des choses ? Ou bien est-il soumis à l'acceptation de sa normalité, puisse-t-elle lui coûter ? Dans la chaleur d'un été marseillais, un homme se dresse devant une vengeance. Un huis clos surréaliste où flottent les notes acidulées d'Éric Satie. À la fin de la guerre, un peintre andalou persécuté par les franquistes, retrouve la source de son inspiration sous les traits d'une chanteuse de tango. Une nouvelle comme une apparition imprévue, un atavisme meurtrier, une colère sous la lave. Un vaniteux publicitaire se réveille sous le plus vieux pont de Paris dans un pyjama brodé au milieu des sans-abris. Certaines choses changent, d'autres jamais. Un texte acide sur un monde présomptueux et aveugle. Cinq nouvelles qui serpentent dans les méandres de l'âme humaine, les courbes et les détours qui amènent inéluctablement devant son propre miroir libérateur. L'office fait l'homme. Certains destins dévoilent au contact de la réalité de sombres desseins ou développent une magie sans explication.
Voici un kaléidoscope de nouvelles des plus savoureuses. Subtil, enivré d’humour souvent noir, cet écrin est une délectation. La profondeur est dans un troisième degré de lecture. Intuitif, « Les pieds de ma mère » est un remède salvateur quant au confinement actuel. Lisez-le ! Charlie Barette manie les mots tel un jongleur. Il pénètre subrepticement dans les intériorités. Dans cette contemporanéité parfois caustique. Les signaux sont vifs. « L’eau ne reste pas dans la montagne » est un huis-clos. Daniel Conti est le protagoniste principal. Un anti-héros digne de celui de « Mes amis » de Bove. Séparé de sa femme Jacqueline, sa fille Sandra éloignée de lui depuis sa plus tendre enfance. Architecte côté ville, chez lui, un homme abîme, écoutant « Scarlatti », les souvenirs d’antan deviennent rugueux, âpres, dévorés de rancoeurs. Sa fille veut le revoir. Que va-t-il se passer ? D’autant plus qu’un évènement va bousculer l’ordre des choses. Un voisin frappe à sa porte. La teneur enfle. Nous sommes dans un drame. Celui des existences déchirées, des relations intestines. « La satisfaction que l’on tire de la vengeance ne dure qu’un moment, celle que nous donne la clémence est éternelle. » Henri IV. Cette nouvelle est donc l’idiosyncrasie des turbulences de la vie. Remarquable au diapason moderne et criant de réalisme. Que dire de cette fabuleuse nouvelle : « Les pieds de ma mère » ! On a l’impression d’être dans « L’Ere des Petits Riens » à l’instar de Delerm. Un hymne à la mère, dans un style atypique, quasi fantastique voire étrange. Charlie Barette déploie les psychologies en douceur, dans un imaginaire tel, qu’une fusion opère son champ magnétique. On ressent les pouvoirs d’un conte dépasser l’ordre ordinaire. Une réalité fuyant les brouillards. Comme un désir incommensurable de changer l’ordre des choses. La force intrinsèque des sentiments d’un fils pour sa mère. Rédemption ! Cette nouvelle bleue nuit, clair de lune, passage des possibilités révèle l’humanité en l’homme, la dualité, la somme des contraires assemblés. Ces morceaux d’architecture sont à lire en plein hiver au coin du feu. Et, vous verrez comme tout change ! Publié par L’Échappée Belle Édition.
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