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Les nigauds de l'oubli et autres saloperies

Couverture du livre « Les nigauds de l'oubli et autres saloperies » de Ilaria Gremizzi aux éditions Castor Astral
Résumé:

L'univers foisonnant où évolue Lily, ce sont des semaines comme des dimanches à regarder tomber les oiseaux, des rues bourrées de roses carnassières, un paternel qui fait coiffeur pour dames, une belle-mère passionnée d'escargots cosmétiques. Dans le grand micmac du village de S*, la petite Lily... Voir plus

L'univers foisonnant où évolue Lily, ce sont des semaines comme des dimanches à regarder tomber les oiseaux, des rues bourrées de roses carnassières, un paternel qui fait coiffeur pour dames, une belle-mère passionnée d'escargots cosmétiques. Dans le grand micmac du village de S*, la petite Lily préfère la compagnie de son chat Voltaire et les prédictions de Médina, authentique voyante téléphonique. Mais bientôt tout part à vau-l'eau : l'entreprise familiale vire au fiasco, Voltaire épuise sa neuvième vie, papa Ronnie s'en remet aux Martiens, Médina congédie Lily. Ne reste pour elle que sa copine Linda, fiancée avec une mauvaise copie de Patrick Swayze, et dont le seul conseil est de marcher droit pourvu qu'on zieute ses fesses. Lily va-t-elle laisser tomber les bras (et le reste) ? Non, car le charmant Franz Pellicia, assassin de profession, rejoint opportunément la famille.

Les nigauds de l'oubli et autres saloperies, c'est une Italie profonde marquée par une folie douce et la griffe loufoque de Fellini ; c'est une héroïne qu'on adopte immédiatement, décalages compris, pour sa fragilité et sa détermination ; c'est un univers baroque qui ne se rattache parfois que par un cheveu au monde connu ; c'est une langue qui enchantera les amateurs d'imprudences littéraires. Ilaria Gremizzi fait partie de ces rares auteurs qui bousculent et élargissent l'horizon des attentes de leurs lecteurs. Une découverte à faire séance tenante !

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Avis (1)

  • Lily est une jeune pré-ado en plein questionnement en Franz sera son interlocuteur bien malgré lui parfois ainsi que Rex, le réfrigérateur-miroir, qui lui ne lui répond pas... quoique, certains jours... "Rex, qu'il y avait écrit sur sa porte, en grandes lettres magnétiques. Rex comme le...
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    Lily est une jeune pré-ado en plein questionnement en Franz sera son interlocuteur bien malgré lui parfois ainsi que Rex, le réfrigérateur-miroir, qui lui ne lui répond pas... quoique, certains jours... "Rex, qu'il y avait écrit sur sa porte, en grandes lettres magnétiques. Rex comme le tyrannosaure. Rex le tyran. Pourquoi tyran ? Parce que je m'y voyais. J'étais grosse et je m'y voyais : une masse trapue reflétée dans le lac noir." (p.43) Lily est un peu enveloppée, pas très à cheval sur la propreté : "Il me semblait que la toilette d'une femme se faisait toute seule, comme par magie. Un jour, la magie s'estompait et on devenait de vieilles pies, laides, indésirables -sèches et fragiles comme des meringues, ou grosses et molles comme des boules de pâte à pizza. Jeanne s'enfermait souvent dans la salle de bain, elle verrouillait la porte. On n'avait pas le droit d'entrer, ni Ronnie ni moi. J'écoutais ses bruits, je comprenais encore moins. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien faire ? Elle ôtait un déguisement ? Elle priait les dieux d'une religion sauvage ? Elle se lavait, tout simplement ? Cela faisait de la mousse ? On n'entendait pas vraiment l'eau couler." (p.101). Ronnie a quasiment démissionné de son rôle de père, préférant s'intéresser aux extra-terrestres et Jeanne est là, qui fait de son mieux ; restent donc Franz et Rex !
    De l'avis de tou(te)s ceux qui ont lu ce livre, il est bizarre, étonnant et enthousiasmant, voyez ce qu'en disent Keisha, Clara ou d'autres sur Babelio. Je ne détonnerai absolument pas, ce roman, malgré quelques longueurs, des passages un peu moins intéressants est un pur plaisir. L'auteure, italienne qui écrit en français, joue avec les mots, les expressions, les assonances, les allitérations, les aphorismes, les néologismes, à la manière d'un Queneau (j'ai même parfois pensé à Zazie et écoutant parler Lily, vers la fin surtout, lorsqu'elle bouscule un peu Franz) ; je ne compare pas, évidemment, je note juste les images qui me sont venues à ma lecture. Les dialogues sont gentiment délirants, absurdes :
    "-Pourquoi tu ne viendrais pas ?
    - J'ai peur des trous.
    - Ah bon ?
    - Je souffre de trouphobie. [...]
    - Je suis désolée. Tous les trous ? La serrure, l'évier, les prises électriques ?
    - Les pires jours, oui.
    - Depuis longtemps ?
    - Depuis deux jours.
    - C'est récent. Qui t'a fait ton diagnostic ?
    - Moi-même. Devant un bout de gruyère, je n'ai pas tenu le coup. Je suais. Je me suis enfui sur le balcon de Jeanne." (p.236/237)
    Une vraie réussite que ce roman. Jubilatoire. Formidable. Et pourtant il ne s'y passe pas grand'chose : ce n'est que la vie d'une jeune fille, ses questions et ses tourments avec en plus des digressions diverses et très variées, sur le cheval, les visagistes, le maquillage, les extra-terrestres, les poules comme thérapies contre la dépression, des interludes, ... et des titres de chapitres à l'ancienne, très drôles, comme "D'un déménagement qui fut pris pour un meurtre et de mes grands travaux pour devenir femme." Ou encore "Chapitre hors série : Où l'on découvre qui je suis. Présentation un peu tardive de l'héroïne."
    Si vous aimez les lectures décalées, un peu étranges, drôles (mais pas uniquement), extra-ordinaires, dans lesquelles l'auteure s'en donne à coeur joie et le lecteur aussi, ce roman est inévitable.

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