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Anthelme est célèbre?! Le Président de la République en personne vient décorer dans son village l'auguste chercheur qui a consacré sa vie à l'étude des insectes, composant une somme qui constitue un sommet littéraire. Mais Anthelme est un homme, qui vieillit et qui songe encore à l'amour. En s'inspirant des comportements des petites bêtes fascinantes qu'il a observées, il va donc imaginer un «?crime?», dicté par ses sentiments les plus ambigus, qu'il espère parfait et dans la lignée de cette amoralité si caractéristique du monde animal qui n'a de comptes à rendre à personne.
Sans jamais citer le nom de Jean-Henri Fabre qui lui a servi de modèle, Jean-Louis Bailly a ciselé un petit roman perfide, la vie minuscule d'un grand homme caché derrière sa réputation. Vif et intelligent.
Histoire cruelle et poétique librement inspirée de la vie de Jean-Henri Fabre.
Alors, Jean-Louis Bailly, très honnêtement, je dois vous avouer quelque chose…
J'espère que vous ne m'en voudrez pas mais je n'aime pas beaucoup les petites bestioles en vérité.
Même si je trouve fascinant d'observer leurs caractéristiques dans les livres d'histoires naturelles (ou sur les planches Deyrolle qui ont marqué mon imaginaire), ce n'est pas tout à fait la même chose que de les voir en vrai.
Et pourtant donc… j'ai adoré lire l'histoire d'Anthelme, cet entomologiste qui accomplit un meurtre parfait en copiant les insectes qu'il étudie.
J'ai dégommé cette lecture en une petite soirée, pas question de me coucher sans savoir ! Et je n'ai même pas fait de cauchemar, ce qui est plutôt bon signe non ?
Alors si comme moi vous êtes un peu en froid avec nos amies les bestioles : ce livre ne vous réconciliera certainement pas avec elles mais vous passerez un moment remarquable en compagnie d'Anthelme (même son nom à une connotation d'insecte pas étonnant qu'il en vienne à ne plus savoir à quel monde il appartient…).
Histoire cruelle et poétique librement inspirée de la vie de Jean-Henri Fabre, célèbre entomologiste du 19ème, publiée aux éditions de l'Arbre vengeur.
« Anthelme écrit. Il écrit dans une langue qui est le français, mais qui n’appartient qu’à lui. »
Appliqué, dans la cour des grands, ce récit est d’un fort caractère. Dans les sillons d’un classique, le charme fou d’une littérature certifiée, « Les mains propres » est marquant et surdoué. Jean-Louis Bailly est digne d’un génie évident. Ce récit atypique est une fierté de lecture. Crissant, parfois jubilatoire, surprenant, « Les mains propres » est doté d’une double lecture. Ici, nous sommes l’ombre d’Anthelme et de Jean-Henri Fabre (entomologiste français, 1823-1915). La vie d’Anthelme se passe au ralenti. Dans le même tempo que les insectes dont il observe les habitus chaque instant de sa vie. Original, solitaire malgré femme et enfants (grands). Il vit au rythme de ce microcosme naturaliste. Endoctriné par ses savoirs qui bousculent en lui toute normalité.
« On sait bien que la vanité rend stupide. Anthelme en est un bel exemple. »
Anthelme est le savant. Celui que l’on respecte et redoute dans un même temps. Il est la posture du Savoir.
« Anthelme est fier de ce qu’il a fait, qui était facile pourtant, et qui prouve combien il serait aisé de faire évoluer les mentalités de ces paysans en y jetant simplement un peu de science. »
Anthelme est perfectible. On ressent un homme ivre des insectes, des micro-sociétés minuscules. Observateur en transmutation, il bouscule la réalité. Coup de pied dans la fourmilière, complètement omnibulé par les idiosyncrasies d’un monde où le végétal et le règne animal sont les maîtres et les garants. Acide et implacable, il a des attitudes chirurgicales, absolument planifiées. Il compare l’humain à l’insecte. Il est si rationnel que l’humanité devient pour lui le banquet des mantes-religieuses. Et s’il avait raison ?
Il est happé par la dualité.
« Comme deux silex que l’on frotte, et le temps de l’étincelle l’arrachent à lui-même et pulvérisent ses limites. »
Mimétisme, insecte devenu, procréer de nouveau, « obéir à la loi de l’espèce. »
« Les mains propres » crescendo infaillible, va bousculer l’ordre établi. Un crime se profile-t-il ?
« Très vite les bruits ont couru. La femme du fou aux insectes se meurt. »
« De l’étreinte entre magie noire et médecine naissent des monstres qui n’expliquent rien, mais auxquels on accorde un moment crédit. »
Subrepticement, le ballet de moustiques dans son antre, le mal rôde. Anthelme est machiavélique, caustique, une caricature déplacée poussée au paroxysme du déraisonnable. La trame est de délectation, de suspens et qu’il est bon de suivre Anthelme pas à pas.
« Le grand savant célèbre de par le monde et que seule une poignée de paysans méconnaissent et calomnient. »
« Puis il revient au miracle du criquet cendré. La mue inverse, celle de l’Épouse, ce sera pour demain. La plume se remet à courir. »
« Les mains propres » est un récit âpre, serré comme un café fort, l’ombre d’un thriller, crescendo fourmilière affolée, Anthelme est le plus malin, le plus vicieux aussi. On l’imagine insecte minuscule, rampant, prêt à dévorer sa proie. N’ayez pas d’inquiétude, ici, la trame brille au soleil. Jean-Louis Bailly dresse la table, banquet littéraire hors pair, précisions et nappe lissée sans pli aucun. Acide et captivant, « Les mains propres » est une satire. Je dirai que l’auteur a un sacré côté Diogène. Libre de sa plume, libre de bousculer l’ordre établi et de retourner les situations pour notre plus grand plaisir et surtout pour notre considération. Le lecteur est invité dans « Les mains propres » par la plus intuitive des portes. Qui d’Anthelme qui de Jean-Henri Fabre ? Le récit est d’une construction de haute intelligence. Magistral, papillon de nuit, le crime parfait. Publié par les majeures Éditions L’Arbre Vengeur.
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