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Tout semble pousser Paul Steiner aux lisières de sa propre existence:sa femme l'a quitté, ses enfants lui manquent, son frère l'envoie s'occuper de ses parents, son père ouvrier s'apprête à voter FN et le tsunami ravage le Japon, son pays de coeur. De retour dans la banlieue de son enfance, il n'aura d'autre choix que se tourner vers son passé pour comprendre le mal-être qui le ronge. Comment devient-on un inconnu aux yeux de ses proches? Comment trouver sa place clans un monde devenu étranger?
lisière= bord, extrémité d'un lieu; limite entre deux milieux.
Et dans le cas de Paul, lisière est aussi barrière, entre passé et présent.
Et difficile de se tenir en équilibre sur cette limite fragile, entre une famille, une enfance, un quartier, un milieu social modeste et une vie d'adulte décalée et affectivement tourmentée. Difficile dès lors pour Paul de trouver sa place entre ces 2 mondes. N'appartenant plus au premier malgré des tentatives plutôt malencontreuses de renouer avec le passé, ni vraiment au second, superficiel et chronophage, qui lui a coûté son mariage.
Alors Paul fuit, erre, cherche, recherche des attaches, et ce cheminement d'un homme égaré dans sa propre vie est touchant.
Et les mots qui ne sont pas prononcés, les douleurs tues et les secrets de famille sont autant de souffrances accumulées qui déterminent le présent de Paul.
Compte tenu de ce "déterminisme" , Paul peut-il être libre ? En tant qu'écrivain, ne se nourrit-il pas de son histoire pour faire exister ses romans ? A moins que ce ne soit ses romans qui lui permettent de la fuir ?
En toile de fond, c'est aussi la France des années 80 qui nous est contée.
Tristesse, pudeur, incommunicabilité, rage et violence parfois...mais espoir et amour également . Cocktail émotionnel réussi !
Roman introspectif, surprenant, captivant !
Le héros est comme un double de l'auteur (on ne sait jamais vraiment jusqu'à quel point mais c'est à mon sens ce qui rend, entre autres, son propos passionnant).
L' homme, sorte d'anti-héros blessé, ne cache pas ses souffrances, ses difficultés, ses faiblesses ou ses lâchetés.
On le suit à travers son divorce mal digéré, son addiction à l'alcool, ses liens familiaux étouffants, malmenants, son essai de retour aux amours d'antan qui vire sordide ... .
En prime, une description de la société des années 80/90 en France sans fards, pertinente et passionnante.
Triste, anxiogène mais avec de l'espoir, beau et percutant, superbement écrit !
Vivre aux lisières de la société, de soi-même et de sa famille, ce n’est pas facile. C’est ce que démontre Olivier Adam tout au long de ce livre branché aussi sur l’actualité immédiate, l’évolution politique du moment et ce tsunami, au Japon, pays qui le fait rêver et l’attire.
Ce Paul Steiner, ressemblant beaucoup à l’auteur lui-même, nous fait partager sa vie de père de famille vivant seul, maintenant que Sarah a décidé de se séparer de lui. Il ne voit plus ses enfants qu’un week-end sur deux et il souffre : « J’avais le sentiment d’avoir été expulsé de moi-même. » Lui qui avait fui Paris pour vivre en Bretagne où il espérait que le vent et la mer nettoient tous ses tourments, tente un retour vers son enfance alors qu’écrivain en panne d’inspiration, il n’arrive plus à écrire.
Il revoit la disparition de sa grand-mère alors qu’il n’avait que dix ans, les séjours familiaux dans les Alpes, sur les routes du Tour de France où, dans les plus grands cols, il a vu évoluer de grands champions comme Jacques Anquetil, Eddy Merckx et Bernard Hinault. Un jour, il a été surpris par son frère, au bord du précipice alors qu’il éprouvait l’envie de mourir.
Le voilà maintenant en banlieue parisienne, cette banlieue qu’il va nous faire visiter tout en croisant d’anciennes connaissances. Hélas, sa mère est hospitalisée et semble perdue, le confondant avec son frère. Sa célébrité médiatique, certains l’ont vu à la télévision dans « une émission sur les bouquins, sur la Cinq », le dessert parfois. Ce roman foisonne de rencontres souvent décevantes parce qu’il se sent maintenant étranger parmi ceux qui l’ont vu grandir. Rien ne semble le satisfaire. Les relations avec son père, bourru, hargneux, tenté de « voter pour la Blonde », ne s’améliorent pas, au contraire. Pourtant, Paul fait des efforts mais c’est à contretemps et rien ne se passe comme il aurait pu l’espérer. « Une maladie » le ronge. Il ne cesse de la repousser. Son amour pour Sarah, la naissance de leurs enfants et la vie en Bretagne l’y ont aidé mais Sarah a tout cassé.
Voilà qu’il retrouve Sophie, un amour de jeunesse, dans sa maison bien rangée, dans sa vie monotone… Au lieu de le satisfaire, cet amour enfin consommé lui fait dire : « Je me suis méprisé pour ça, d’être devenu ce sale con méprisant, arrogant, capable de la (Sophie) plaindre sans rien savoir de sa vie, ne se fiant qu’aux apparences, au vernis, à la surface. »
Au hasard de photos retrouvées, remonte à la surface un secret de famille qu’il ignorait et le voilà tourmenté jusqu’au bout. L’inspiration qu’il a puisée dans ses souvenirs, pour ses livres, l’a fait parler d’anciens camarades de lycée et de sa famille. Cela le gêne beaucoup maintenant d’autant qu’on lui en fait le reproche parfois.
Toujours aux lisières de la vie, éternel insatisfait, fou de jalousie à l’égard d’un potentiel rival, ce qui va donner quelques passages animés et assez savoureux, notre homme ne se sent bien que sur une île évoquée tout au long du livre. Là-bas, il espère avoir trouvé enfin calme et sérénité.
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Alors que le Japon vit l'un des plus grands drames de son histoire, que la France se prépare aux élections et voit arriver la montée du FN, Paul vit également son propre tsunami avec sa séparation, les divagations de sa mère, la vente de sa maison d'enfance, et des souvenirs douloureux qui remontent à la surface et d'autres qu'il se prend telles des gifles.
A travers cette remontée vers ses souvenirs, Paul tente de comprendre pourquoi il est sujet à la dépression de façon chronique. Est-ce la froideur de son père, le protection distante de sa mère? d'ou vient cette incapacité à garder ses amis, à profiter de la vie ? Quel est ce manque?
Olivier Adam nous amène à nous questionner sur la constitution de la personnalité : entre inné, milieu social, lieu d'habitation, environnement familial. Mais son questionnement va au delà de l'individu puisqu'il met en exergue la place de la banlieue, de la périphérie, en donnant la parole au peuple, aux chômeurs, mères de famille, petits revenus.
Cette lecture a été profondément intense et intimiste de part l'histoire et les sujets que l'auteur soulève, et ma propre histoire qui trouve des résonances.
Un tantinet moins long et moins "geignard" m'aurait comblée mais cela n'enlève en rien les qualités de ce livre.
Un livre bouleversant, dérangeant, accusateur qui a été écrit et qui se lit avec les tripes, avec un noeud dans la gorge.
Une grande claque dans la figure ! C'est ce que je me suis pris en lisant "Les lisières" d'Olivier Adam...
J'ai tout d'abord été surprise de voir que les personnages portaient les mêmes prénoms que dans "Des vents contraires" : Paul, Sarah, Clément et Manon. Il me semble d'ailleurs, que la narratrice du "Coeur régulier", se prénommait également Sarah... Bref, on a l'impression de retrouver des personnages que l'on connaît, même si leur histoire n'est pas la même. Ce qui m'a ensuite frappée, c'est qu'au fil de ma lecture, j'ai eu la sensation de lire la vie de l'auteur, Olivier Adam lui-même ! A plusieurs moments je me suis demandée s'il s'agissait d'une autobiographie ou bien si la trame principale était romancée et que l'auteur y ajoutait des bribes personnelles... Je pense que cela a du un peu perturber mon prisme de lecture car du coup, j'étais sans cesse en train de me demander si tout cela était véritablement arrivé à Olivier Adam. Cela a également généré une certaine gêne car, bien qu'étant très sincère sur ses opinions (jugements ?), j'ai trouvé qu'il dressait un portrait peu flatteur de "ses" parents et de "ses" amis et cela m'a laissé un léger sentiment de "mal-être" à l'idée que ces proches, si ce portrait est vraiment le leur, en souffrent ! Maintenant, la réalité est peut-être toute autre et les personnages gravitant autour du narrateur sont sans doute fictifs... Malgré cela, je suis vraiment rentrée dans l'histoire et n'ai plus lâché mon livre, je devais avancer, connaître la suite ! J'ai beaucoup aimé la façon dont Olivier Adam narre son histoire, en sociologue presque, "à la Bourdieu" oserais-je dire ? Sa manière de dépeindre les travers de la société et les individus qui collent au schéma auquel ils sont plus ou moins prédestinés dès la naissance, reproduisant quasiment à l'identique ce qu'ont fait leurs parents avant eux... Cette manière de décrire la banlieue, rongée par le cancer social, habitée par ces "bons petits soldats" formatés et aux idées reçues et tranchées... Et puis au milieu de tout cela, Paul, le narrateur, qui ne se situe nulle part, qui n'est de nulle part, ou plutôt qui est de partout ailleurs et qui se définit comme étant "en lisière". En lisière du monde, en lisière de sa vie, en lisière des gens, en lisière des lieux...
L'histoire : Paul, la quarantaine, marié à Sarah et papa de Clément et Manon est écrivain. Ses livres rencontrent un certain succès auprès du public, mais il n'aspire pas à une vie de célébrité. Peu enclin à la vie parisienne, il s'est installé avec femme et enfants en Bretagne (à Saint-Malo, je le devine aux références utilisées !) ou il coulait des jours heureux jusqu'à ce que Sarah le quitte. Désespéré, toujours amoureux de sa femme et miné par le manque de ses enfants, Paul replonge peu à peu dans l'alcool et se fait rattraper par la "Maladie", cette chose qui le ronge depuis l'enfance... Alors que sa mère est hospitalisée suite à une chute, il retourne, le temps d'une semaine, dans sa maison d'enfance, dans la banlieue où il a grandit. Ce retour aux sources sera pour lui l'occasion de retrouver quelques amis d'enfance qu'il n'a pas vu pour certains depuis plus de 25 ans, et plus particulièrement Sophie dont il était secrètement amoureux, mais aussi d'apprendre une nouvelle bouleversante. Au fil des pages, nous assisterons au délitement de la vie de Paul, qui s'en prendra plein la figure mais qui ne se gênera pas non plus pour en mettre plein aux autres, jusqu'au dénouement final...
J'ai adoré l'histoire truffée de références (il y a de nombreux name-droppings détournés) et j'ai adoré comment c'était écrit. J'ai reconnu, aux descriptions d'Olivier Adam, beaucoup de coins de Saint-Malo et ça m'a fait plaisir ! Mais quand même, le nombre de fois où je me suis dit "Mince le pauvre, il n'en a pas marre de s'en prendre plein la g..... comme ça !", ce qui m'a fait beaucoup m'attacher au personnage !
J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre. Pourtant, je le trouvais un peu triste dans les premières pages. L'histoire d'une homme déprimé suite à une rupture et la douleur de la séparation d'avec ses enfants... bref, pas très réjouissant.
Cependant, on trouve rarement un écrivain qui raconte aussi bien les sentiments, un auteur qui est capable de dépasser la sensiblerie pour laisser place à une réelle description des états psychologiques. le personnage de Paul est attachant, non pas parce qu'il est terriblement affecté, mais surtout parce qu'il parle "vrai", sans détours.
Pour moi ce livre est le portrait de la France d'aujourd'hui. Le propos est perturbant, violent, pessimiste mais fort. Je ne dirais pas que j'ai aimé ce roman mais il m'a touché. Un seul gros bémol pour moi : pourquoi Olivier Adam choisit comme héros un type qui semble être lui ?
j'ai beaucoup aimé ce roman, qui donne l'impression d'être une confession de l'auteur. Le style est vivant et permet de suivre le cheminement de l'auteur, son avancée, ses questionnements.
Sans doute y ai-je trouvé une résonance avec mon vécu, mes problématiques.
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Le commentaire date. Mais je me permets de mettre un petit grain de sel. J'aime beaucoup votre analyse.