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1933. Lucien, treize ans, vit à Vannes avec sa mère qui, accusée de vol par la famille bourgeoise qui l'emploie, est bientôt jetée en prison. Le jeune garçon est alors conduit à la colonie pénitentiaire de Belle-Île-en-Mer où il va connaître l'enfer. Brimades, mauvais traitements, punitions, travail de forçat, froid, faim... Rien n'est épargné à cet « enfant du malheur ». 2013. Un vieux prêtre est retrouvé assassiné dans une église de Nantes. La mise en scène macabre oriente Le Maoût et Sans Sucre vers le quartier Saint-Patern de Vannes, ville dans laquelle un magistrat résidant en presqu'île de Rhuys vient de disparaître... Quand la vengeance ruminée depuis des décennies affronte le mal absolu qui germe depuis l'enfance, la tempête emporte tout sur son passage, les innocents comme les coupables... Dans ce thriller à couper le souffle, Jean-Paul Le Denmat plonge dans le douloureux passé de Belle-Île et de son « bagne pour enfants ». Un récit sombre, dur, mais passionnant, mêlant Histoire, suspense et action.
De nouveau Ludovic Le Maout entame une enquête qui le mènera très loin sur les chemins de l'enfer et de l'horreur. Tout remonte à la colonie pénitentiaire de Belle-Île, le Maison d’Éducation Surveillée de Haute-Boulogne, dans laquelle des enfants étaient envoyés pour des motifs souvent véniels, parfois même juste parce qu'ils étaient orphelins et pauvres. Là-bas la vie y était rude, infernale. Les pages sur le calvaire de ces jeunes gens sont terribles, violentes, à l'image de ce qu'ils subissaient : "L'Brisou et toute l'administration les voyaient comme des vauriens, des indomptables, des rebelles, des brutes avec des tares héréditaires visibles sur leurs visages fatalement destinés à la prison ou au bagne. Seul remède pour les arracher à leurs vices : les faire plier et les mettre dans le droit chemin. Haute-Boulogne. Bien plus dure que la prison. Pire que le bagne. L'enfer." (p.84) Ces pages m'ont immanquablement ramené à un autre polar lui, il y a quelques années, sur ces mêmes centres, mais à Lyon : De mal à personne d'Odile Bouhier. JP Le Denmat y consacre 120 pages, très documentées, que l'on lit d'une traite. Il s'inspire de faits réels et notamment une évasion, en 1934, de 56 jeunes gens tous repris, sauf un retrouvé noyé.
Les thrillers de l'auteur sont toujours très denses, tourmentés -à l'image de son héros-, parfois jusqu'à une certaine difficulté à s'y retrouver, dans les différents personnages, les dates... On saute de surprise en rebondissement, de péripétie et coup de théâtre. Il est bien difficile de lâcher le livre. C'est encore plus vrai cette fois-ci grâce au contexte particulièrement fort et prégnant.
Et puis, il y a aussi Ludovic Le Maout, son flic récurrent, en proie à des angoisses, des peurs, des troubles de l'attachement avec Rita, rencontrée sur un tome précédent. Il doute de lui, d'elle, est particulièrement jaloux, peut passer d'une humeur dépressive pour un geste absent et remonter très vite dans une espèce d'euphorie après un mot doux. L'équipe qu'il forme avec Sans Sucre est efficace et c'est toujours un plaisir de la retrouver.
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