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Automne 575. Depuis le décès de Clovis, les royaumes francs ont plongé dans l'instabilité, divisés entre trois héritiers qui s'affrontent pour monter sur le trône. Lorsque le souverain d'Austrasie est assassiné, sa veuve Brunehilde se retrouve prisonnière en territoire ennemi, séparée de ses enfants. Elle devra user de tous les stratagèmes pour survivre à la fureur de sa rivale Frédégonde, qui ne recule devant rien pour asseoir son pouvoir et éliminer ceux qui se dressent sur son chemin.
C'est dans ce contexte tendu que le jeune galloromain Arsenius Pontius est appelé à Tours par son parrain, l'évêque Grégoire, pour élucider des événements mystérieux avec l'aide de sa compagne Wintrude . Mais bientôt, les tumultes politiques rattrapent Arsenius et Wintrude, et pourraient bien les séparer à jamais.
Alliant rigueur historique et inventivité romanesque, Éric Fouassier restitue somptueusement cet âge sombre qui fonda la France, où meurtre, sexe et vengeance sont autant d'instruments de pouvoir.
La Fureur de Frédégonde a été publié par les éditions Jean-Claude Lattès au début de l'année 2020. Eric Fouassier écrit dans un style fluide très agréable à lire. L'écriture est soignée, le vocabulaire riche et varié, les phrases bien tournées: "Voilà pourquoi Brunehilde arpentait, à la pointe de l'aurore, les longs couloirs déserts du palais de Metz. Elle devançait ainsi le réveil des servantes et des conseillers, des esclaves et des leudes de son fils. Elle traversait, dans le silence des marbres et des dorures, l'enfilade des grandes salles plongées dans la pénombre. L'écho de ses pas, seul, l'accompagnait, et les rares flambeaux projetaient loin en avant, sur le sol, son ombre démesurément allongée." (Page 372).
Les pages se tournent sans que l'on s'en rende compte, attestant d'une grande maîtrise de la mise en scène: "Le nouvel arrivant dévia la première lame de son long poignard et pirouetta sur lui-même pour éviter la seconde. Emportés par leur élan, ses assaillants le dépassèrent sur les deux flancs. Sans leur laisser le temps de se reprendre, il cramponna l'un d'eux de sa main libre, l'attira à lui et plongea son arme dans son bas-ventre. D'un mouvement ferme du poignet, il la vrilla et la fit remonter sous les plaques de métal du justaucorps." (Pages 138-139).
Fil rouge: citations d'auteurs latins et grecs tel que Cicéron, Térence, Plotin, Virgile, Sénèque et Phocylide entre autres...
Suite au décès du roi Sigebert, sa veuve, l'altière reine Brunehilde, se retrouve prisonnière loin de son royaume, dans le palais impérial de Paris, dans une position précaire: "Isolée dans une cité dont les habitants lui témoignaient, sinon de l'hostilité, du moins de la défiance, terrassée par la perte de celui qu'elle chérissait, Brunehilde s'était montrée, pour la première fois de sa vie, irrésolue. Incapable de décider de la conduite à suivre, elle avait hésité entre patienter à Paris, le temps de permettre aux fidèles de Sigebert de la rallier, ou bien partir immédiatement et tenter de gagner Metz à la tête d'une maigre escorte. Finalement, elle avait tergiversé jusqu'à ce que les rares options s'offrant à elle se fussent toutes évanouies, les unes après les autres." (Page 20)
Le seul héritier du royaume d'Austrasie est un petit garçon de cinq ans, fragile rempart contre les ambitions de son oncle. Arsenius, désireux d'aider la reine à sauver le royaume de son défunt époux, lui propose un plan qui ne peut se réaliser qu'au prix d'un cruel sacrifice: laisser partir le petit Childebert avec Gundewald jusqu'en Austrasie tandis qu'elle resterait à Paris. Finalement, Chilpéric la confie à la garde de l'évêque de Rouen, en plein coeur de son royaume, er garde les petites princesses avec lui à Paris. Brunehilde ne trouve de réconfort qu'auprès d'Audovère, l'épouse répudiée de Chilpéric qui ne rêve que vengeance, et Mérovée, le fils que cette dernière a eu avec le roi.
Désormais, le seul but de Brunehilde est de tout faire pour échapper à ses ennemis, rejoindre son fils et venger la mort de son époux.
Un mois plus tard, Grégoire confie à son filleul Arsenius une mission bien délicate: éclaircir les circonstances mystérieuses de la disparition de son prieur Carolus. Aurait-elle un rapport avec son passé? A cela s'ajoute la découverte du cadavre d'une religieuse dans le puits de l'abbaye, une plaie profonde entre les omoplates. Qui a tué la moniale et pourquoi? L'enquête menée par Arsenius piétine. Le temps presse: Grégoire craint que son ennemi le comte Leudaste ne profite des récents désordres dont l'abbaye est victime pour affaiblir l'autorité de l'évêque et le discréditer auprès de Chilpéric.
Les nombreux détails concernant la mode vestimentaire, les coutumes, les aménagements intérieurs, la gastronomie, les rites religieux, la médecine pratiquée à l'époque relèvent d'une documentation très fouillée et confèrent une assise solide au roman. La toile de fond brillent de couleurs chatoyantes, les palais oubliés dans les couloirs du temps bruissent des frôlements des robes et des manteaux de ces seigneurs de jadis qui ont bâti une partie de notre histoire. Les pensées, les sentiments et la psychologie des personnages donnent au lecteur l'illusion d'une proximité, abolissant les frontières temporelles pour nous plonger dans un univers qui devient, comme par magie, familier.
En conclusion:
Le +: la puissance d'évocation, le sens de la description: "Quand il se retrouva face à elle, il fut frappé de constater à quel point elle avait changé en l'espace de quelques jours. Pour la première fois depuis qu'il la connaissait, la reine de Neustrie accusait son âge. Ses traits étaient creusés, ses yeux rougis par les nombreuses larmes versées. Des ridules marquaient les commissures de ses lèvres et de ses paupières. Ses épaules voûtées qu'elle révélaient l'accablement et le manque de sommeil. Tout dans son attitude affligée renvoyait à l'intensité du drame qu'elle vivait et témoignait de son profond désarroi. Pour la première fois de sa vie, Frédégonde donnait l'impression d'être confrontée à un ennemi qu'elle ne savait comment vaincre et le sentiment de sa propre impuissance la dévastait." (Page 448)...les scènes d'action bien construites, le suspense entretenu aux moments clés de l'histoire => Toutes ces qualités qui font d'un roman historique un moment de lecture d'exception qui ravira autant les amateurs d'Histoire que ceux d'aventures bien troussées.
Le ++: Les interactions politiques ainsi que le rôle et le poids de l'Eglise expliqués dans des dialogues, rendant ces aspect du roman historique plus attrayant: "Ce qui démontre, au passage, que mon frère est loin d'être idiot. Garder la veuve de Sigebert prisonnière à Paris ou à Soissons, c'était nous la laisser à portée de main. Nous eussions pu tenter quelque chose pour la délivrer. Tandis qu'à Rouen, elle se trouve hors d'atteinte." (Page 96).
Un second opus qui répond largement aux promesses du premier. La Fureur de Frédégonde, par ses remarquables qualités littéraires et documentaires, ravira les amateurs de récits d'aventures historiques, puristes comme amateurs.
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