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Jeanne et Toussaint, jeune couple d'ouvriers parisiens soudé par l'amour en dépit des aléas de la vie, voit son quotidien déchiré par la déclaration de guerre de 1914. Toussaint part au front tandis que Jeanne, ouvrière fleuriste, élève seule leur petite fille dans un climat de pénurie. L'absence est combattue par des lettres qui ouvrent sur une forme de communication jusque-là inconnue, maladroite parfois, bouleversante souvent. Fin 1916, Toussaint est blessé à Verdun et sera hospitalisé au Val-de-Grâce pendant presque deux ans. L'histoire commence au soir de son retour, quelques jours avant la fin de la guerre. L'homme que Jeanne retrouve est changé, retiré en lui-même, le visage dissimulé sous un bandeau : Toussaint est une Gueule cassée. Tandis que Sidonie, la voisine, reçoit enfin des nouvelles de son fils disparu au combat, chacun tente de trouver sa place dans l'espace minuscule de l'appartement. Jeanne mène sa propre bataille pour renouer des liens avec son mari et, peu à peu, la force de l'amour et du désir charnel viennent remplacer les mots.
Octobre 1918, Paris. Jeanne Caillet est ouvrière fleuriste en chambre. Elle travaille 10 à 11 heures par jour afin de gagner de quoi vivre pour elle et sa fille Léonie de 3 ans et demi. Son mari Toussaint a été mobilisé dès le début de la Grande Guerre. Janvier 1917, il est gravement blessé au visage et se retrouve hospitalisé à l'hôpital Val-de-Grâce. Il ne veut pas pas que sa femme le visite. Il y restera jusqu'à cette automne 1918, où sans prévenir il rentre enfin chez lui. Un autre combat va avoir lieu, celui de former de nouveau une famille malgré les traumatismes de chacun.
Angélique Villeneuve signe un très beau roman sur le retour d'une gueule cassée et sur l'impact qu'aura eu la Première Guerre mondiale aussi bien sur ces soldats que sur les femmes restées seules à l'arrière du front.
L'écriture est belle, pudique et poétique. L'histoire est racontée à la 3ème personne et centrée sur le point de vue de Jeanne. J'ai trouvé que cela donnait plus de poids émotionnel et personnel. La force des mots utilisés en est pour beaucoup tout comme le personnage charismatique de Jeanne.
Jeanne, une femme solide malgré les épreuves qu'elle doit affronter quotidiennement : l'absence de l'homme qu'elle aime, les privations dues à la guerre, la peur des bombardements et pour son mari, le deuil, l'effort constant à son travail, l'éducation de sa fille. Alors quand Toussaint rentre mutique et renfermé elle va puiser en elle pour s'adapter. Cela ne se fera pas sans difficulté, sans erreurs, sans rancœur. La vie d'avant ne pourra être retrouvée, c'est une nouvelle qui sera à composer. L'amour sans faille de Jeanne brisera l'appréhension et la peur du rejet ressenti par Toussaint.
J'ai beaucoup aimé ce roman traitant de cette période. On sent un travail de recherche historique de qualité. Je me suis totalement immergée dans le quotidien de Jeanne et de Sidonie sa voisine lingère. La sororité entre les deux femmes est puissante et touchante.
La psychologie des personnages est juste et profonde. On ressent la douleur du revenant, qui est certes vivant mais aussi un peu mort en dedans.
Le roman n'est pas gai mais il est loin d'être plombant. À l'image des fleurs d'hiver que travaille Jeanne en abondance, les moments d'avancée de Toussaint illuminent et colorent la vie de sa femme et de sa petite fille.
Un long chemin reste à faire, mais l'espoir est permis.
Bien sûr, Jeanne ne voulait pas que Toussaint parte. Léonie n’avait que sept mois… Mais Toussaint a été pris dans la mobilisation, il n’était plus qu’un homme parmi « Tous les hommes » puis il n’était plus que les mots qu’il écrivait dans ses lettres. Même si elle ne sait pas ce qui se passe sur le front et dans les tranchées, les souvenirs et les pensées de Jeanne montrent bien l’horreur de la guerre, le rouleau compresseur qui emmène tous les hommes même les plus jeunes et le terrain qui ne leur laisse aucune chance. Mais « Qu’est-ce que c’était, la guerre ? » (p. 25).
Premier roman d’Angélique Villeneuve que je lis (c’est son 5e). Une grande pudeur, pas de sentimentalité exaspérante, pas même de discours antimilitariste : des faits, des souvenirs, des émotions, des regards, des silences, de la douleur et un besoin d’amour immense. Toussaint est cassé, à l’extérieur mais à l’intérieur aussi. Un très beau roman donc, sombre bien sûr, mais écrit en finesse et tellement plein d’espoir et de tendresse !
https://pativore.wordpress.com/2015/05/20/les-fleurs-d-hiver-d-angelique-villeneuve/
+ ma rencontre avec l'auteur : https://pativore.wordpress.com/2015/10/16/rencontre-avec-angelique-villeneuve/
Ce livre, je l'ai reçu pour mon anniversaire...
Ce livre, quand je l'ai déballé, je savais que c'était plus qu'un cadeau que je recevais !
Ce livre, la personne qui me l'a offert, l'a lu et m'en a parlé...
Sa voix, ses mots, les expressions sur son visage... C'était fort ! C'était grand ! Tellement beau, rayonnant, touchant !
J'avais vraiment trop hâte de le découvrir à mon tour et de le ressentir moi aussi avec une telle intensité !
Il y a des livres qui se dévorent et d'autres, comme celui-ci, qui se savourent...
Lentement, délicieusement !
Afin de sentir chaque saveur, chaque senteur...
La guerre s'achève... Toussaint rentre chez lui après 4 années d'absence, dont de longs mois de convalescence dans un service de gueules cassées...
Sa femme, Jeanne et sa fille, Léonie, ont dû s'organiser sans lui et vont devoir (ré)apprendre à vivre avec lui, auprès de lui.
Le (re)découvrir avec ses blessures et ses traumatismes.
Avec pudeur, délicatesse, lenteur et subtilité, <a href="/auteur/Angelique-Villeneuve/102720" class="libelle">Angélique Villeneuve</a>, nous livre un récit poignant, saisissant !
Minutieusement, le visage dissimulé de Toussaint se dévoile...
Des effleurements, des murmures, des silences, des gestes lents, patients, sensibles, légers...
Chaque nouveau chapitre vient orner d'une nouvelle fleur, le bouquet, d'un geste habile et délicat.
Le résultat est resplendissant !
Arrivé à entremêler la création d'une composition florale et la chirurgie d'une reconstruction faciale, comme s'il s'agissait d'une même opération, c'est juste du grand art ! Quelle maîtrise !
Vous l'avez compris ! Ce livre est une pure merveille que je vous encourage à lire au plus vite !... Mais en prenant tout votre temps...
Merci encore pour ce "bouquet de fleurs" qui m'a ravie au delà de mes espérances !
"Je veux que tu viennes pas", ces mots déchirants écrits par Toussaint à sa femme sur son lit de misère retracent bien l'atmosphère de ce roman. Angélique Villeneuve nous amène avec force et sensibilité dans le quotidien de ce couple déchiré par les horreurs de cette guerre, quotidien bouleversé et bouleversant dont les séquelles indélébiles déstabilisent l'existence de tous ses personnages, le couple Toussaint/Jeanne, l'enfant perturbé par le retour de ce père si différent de la photo qui lui servait de repère, la voisine dont le mental finira par chavirer après la perte du cinquième homme de sa famille. Un livre court (150 pages), mais tellement intense et douloureux, à lire absolument pour comprendre ce qu'a été réellement la première guerre mondiale, plus qu'un devoir de mémoire ou une page d'Histoire, un vrai roman émotion.
J'ai lu ce roman juste après Meursault, contre-enquête. Il est toujours difficile de passer après un coup de coeur, mais ce roman n'en a pas pâti. Et pourtant, c'est un roman de femmes qui ne dépasse pas deux cent pages, autant dire que ce n'était pas gagné entre ce roman et moi. L'écriture est superbe, ciselée et elle rend parfaitement les sentiments de ces deux êtres que la vie a séparés, de cette femme qui ne pourra jamais enjamber ce gouffre parce que les tranchées et l'hôpital, elle ne les a pas connus et en deviner les secrets et les douleurs. Il n'y a aucun pathos dans ce roman mais j'ai été émue plusieurs fois. Angélique Villeneuve sait parfaitement décrire cette femme incapable d'ateindre les souvenirs traumatisants de cet homme symbolisés par ce visage mutilé qu'il cache même à sa femme. Et cette enfant qui, entre le père vivant mais encombrant bien que silencieux et le père dont la photo orne le mur, choisit le père accroché au mur est aussi un beau personnage. On referme ce livre en ayant savouré les phrases, et en ayant l'impression que ces mots ne nous ont pas empêché de nous laisser envahir par ce silence omniprésent. Ce roman, c'est le drame des femmes qui n'ont que leur imagination pour combler le vide et qui revivent mille fois les douleurs et la mort des leurs, c'est aussi celui de leur solidarité.
Sidonie se tenait assise, droite et sèche et là-derrière, debout, Jeanne se laissait pleurer pour elle.
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