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Ils sont un point minuscule sur une route bordée de champs de coton. Mais les voix d'une immense fatalité américaine. Ils sont partis pique-niquer à la rivière comme presque chaque jour tant il fait chaud l'été, en Louisiane. Ils sont partis après une descente de la police qui a fouillé au corps Marcus, le fils aîné, et retourné la maison. Ils sont partis noués, serrés les uns contre les autres dans la voiture. Arrivés au bord de la Red River, les plus grands se sont jetés joyeusement à l'eau. Ils n'en sont pas ressortis vivants. Ce livre s'inspire d'un drame survenu en août 2010 à Shreveport, en Louisiane. Six adolescents sont morts noyés sous les yeux de leurs proches. Chacun voulait sauver l'autre. Aucun ne savait nager. Pourquoi les Noirs ne savent pas nager ? s'interrogeait-on à la radio le lendemain...Atroce fait divers dont, là encore, Judith Perrignon sait extraire la très horrifique moelle. Didier Jacob, Le Nouvel Observateur.
Plonger dans le racisme ordinaire et terrible à la fois qui sévit aux États-Unis depuis l’esclavage, ces femmes et ces hommes arrachés à l’Afrique, Judith Perrignon dont j’avais lu L'Intranquille, autoportrait d'un d'un peintre, d'un fou avec Gérard Garouste, et Victor Hugo vient de mourir, le réussit parfaitement.
Dans ce roman, Les faibles et les forts, éliminé hélas des livres proposés par ma Médiathèque… Pourquoi ? j’ai été révolté, ému, scandalisé par le sort réservé aux Noirs qui avaient réussi à se libérer de l’esclavage mais toujours victimes d’un racisme bien enraciné dans les esprits de la majorité de la population blanche.
Au travers du vécu de la famille Baker, plus particulièrement de Mary Lee (74 ans), la grand-mère, je suis plongé sans ménagement dans une intervention plus que musclée chez ces gens dont Marcus est soupçonné de trafic drogue.
Petit à petit, s’expriment Dana, la fille de Mary Lee, qui a eu cinq enfants de trois pères différents : Marcus, Deborah, Wes, Jonah plus Carlos, l’aîné, qui est dans l’armée.
Nous sommes le 2 avril 2010, au nord de la Louisiane et Dana emmène la famille à la rivière Rouge pour y passer un bon moment. Les voisins, la famille King, y vont aussi. Au passage, j’apprends que Howard, le frère de Mary Lee, est sourd depuis l’âge de 17 ans.
Brusquement, Judith Perrignon effectue un retour en arrière, le 21 juin 1949, à Saint-Louis, Missouri. Là, je me retrouve confronté à un événement dramatique suite à la déclaration de O’Toole, l’adjoint aux affaires sociales, qui affirme : « Légalement, rien n’empêche un Noir qui veut nager d’entre dans une piscine. »
À partir de là, s’enclenche une cascade de calamités qu’il faut lire pour comprendre cette haine féroce des Blancs qui se liguent pour empêcher les Noirs d’accéder aux piscines municipales. C’est terrible, d’une violence inouïe car « Negroes are pushing too far. »
Aussi, en 2010, un enfant noir a trois fois plus de risques de se noyer, héritage de l’esclavage et de la ségrégation.
S’ajoute à cela la légende de Shine que les enfants réclament sans cesse à Mamy Lee. Ce n’est qu’à la fin du roman que je la connaîtrai enfin.
Impossible d’en dire plus mais il faut découvrir la réaction des auditeurs sur l’antenne de la National Public Radio. Que de stéréotypes ! Quelle honte avant que… !
En conclusion, Judith Perrignon rappelle un événement dramatique survenu le 2 août 2010 à Shreveport.
Apprendre à nager, cela semble évident pour nous. D’ailleurs, l’école se charge de réaliser cet apprentissage pour tous les enfants qui n’ont pas la chance d’avoir des parents qui les emmènent à la piscine ou à la plage. Mais aux États-Unis…
Lisez Les faibles et les forts ! Dans ce livre, Judith Perrignon m’a fait prendre conscience d’une terrible injustice, une de plus, subie par la majorité des Noirs confrontés à un racisme jamais complètement éradiqué.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Voilà un livre qui relate l'histoire de six enfants noirs, noyés (pratiquement tous de la même famille) dans la rivière rouge, au nord-est de la Louisiane, le 2 août 2010, parce qu'ils ne savaient pas nager.
Le livre se divise en 3 parties.
Le début est centré sur la vie avant le drame, avec la famille, les enfants, parents et grands-parents. La peur de la délinquance, de cette police qui guette les faits et gestes... Bref ! La vie de tous les jours, parfois injuste, mais bien réelle, des noirs aux Etats-unis. (ne donne pas à ceux qui nous méprisent depuis la nuit des temps de quoi justifier encore cette vieille haine contre nous.)
La deuxième partie est sur la ségrégation raciale en 1949. L'interdiction aux noirs de rentrer dans les piscines réservées aux blancs. Negroes are pushing too far!!
Cette partie est vraiment triste, car c'est la grand-mère qui raconte et je peux vous dire, que cette partie m'a tout simplement bouleversée.
Puis on revient en 2010. C'est la troisième partie, sur cette tragédie avec une fin bouleversante racontée par un secouriste, quand il part à la recherche de ces corps, au fond de cette rivière. Complètement anéanti, dégoûté, et bourré ; il appelle à la radio locale pour exprimer sa colère.
De mon côté, je n'avais pas entendu parler de cette histoire aux infos et vous ? Parce que, pour le coup, perdre 6 personnes, que des mômes, pratiquement tous de la même famille, c'est quand même quelque chose, si vous voyez ce que je veux dire. Ce livre est intéressant parce qu'il parle de faits réels, des statistiques soit 60 % des afro-américains. Beaucoup de noirs ne savent pas nager. Alors, certains pensent que c'est peut-être dû au temps de l'esclavage, cette peur de l'eau bien ancrée en nous, malgré toutes ces années, derrière nous. Pourquoi ? Parce qu'on jetait les noirs par-dessus bord pour s'en débarrasser tout simplement. Il était donc plus simple, pour les esclaves, de courir, de fuir en cavalant sans regarder en arrière.. Aller dans l'eau, c'était la mort certaine.
Mais aujourd'hui, alors ?! Qu'en est-il ?
Les parents étaient tout de même sur place, mais impossible pour eux d'aller sauver leurs enfants qui se noyaient sous leurs yeux, parce qu'ils ne savaient pas nager. Donc, c'est aussi un livre qui fait réfléchir, qui nous pousse à se poser les bonnes questions dans cette incompréhension totale. Pourquoi ?
Quant à la fin, je l'ai trouvée trop triste. Impossible de remonter la pente après une tragédie pareille, parce que la réalité rattrape. Tu rentres chez toi, les chambres sont vides. Les odeurs... les photos...les habits....les places sont vides, tout ça, y a plus rien et toi, tu es complètement vidé.
Un coup de cœur!
L'auteur parvient admirablement à dévoiler un lien terrible entre un fait divers qui pourrait n'être qu'anecdotique, et l'Histoire d'un pays, d'un peuple entier, l'héritable maudit de l'esclavagisme puis de la ségrégation, et les empreintes laissées dans les mœurs, intériorisées par les hommes, les femmes, les enfants.
Ce roman m'a profondément marquée.
Ma critique complète est disponible ici : http://viederomanthe.blogspot.fr/2015/11/les-faibles-et-les-forts-judith.html
D'abord merci à Entrée Livre qui par son opération Lecteurs VIP de la rentrée littéraire a classé ce roman comme le numéro 1, le coup de coeur des lecteurs/lectrices.
Je serai certainement passé à coté de ce roman sinon je pense.
Et cela aurait été vraiment dommage!!
3 parties.. l'introduction... l'explication ...la conclusion faisant réfléchir mais surtout nous poussant loin dans nos limites.Poignant, Bouleversant, Révoltant... plein de mots se bousculent en refermant la dernière page.
A partir d'un fait divers réel (la noyade de 6 jeunes américains noirs), Judith Perrignon enquête et nous retrace l'histoire des faibles et des forts... des blancs et des noirs.. de cette société de l'intolérance, de la ségrégation...Un roman qui semble si réel.
J'ai été profondément ému par la force de ce récit, par sa justesse et par les vérités effrayantes qu'il renferme. Et pourtant en 2013, de telles "choses" existent encore! Y aurait tellement à dire sur ce roman! de belles conférences à organiser avec l'auteure dans notre monde encore si intolérant!
Un texte à découvrir absolument ! Bravo Madame Perrignon
Un bouquin extra qui commence comme un dialogue par chapitre interposé. La grand-mère commence à parler à Marcus son petit-fils, puis suivent Dana, la mère, les frères et sœurs de Marcus et Marcus lui-même. Puis, on remonte 60 ans en arrière pour vivre les émeutes de Saint-Louis, Missouri, lorsque Mamy Lee était jeune fille, avant de revenir à aujourd'hui pour une tragédie qui sera expliquée par le passé. Ce qui fait la force de ce livre, c'est bien sûr le thème qu'il traite : le racisme, la haine de l'autre, sujet qui malheureusement sera toujours d'actualité je le crains. Et ce n'est pas l'époque actuelle qui est la plus tolérante, chaque jour l'actualité nous montre un faits divers ou des phrases des uns et des autres attisant la haine et les peurs. Judith Perrignon écrit là un vrai roman américain comme aurait pu le faire par exemple et sans comparaison Toni Morrison (le peu que j'ai lu d'elle m'est revenu en mémoire à la lecture de ce roman). Elle dresse le portrait d'un jeune noir de maintenant vu par les yeux de sa grand-mère : "Tu vois bien comment c'est dans ce pays, comment fait la police, et puis les juges ensuite. Tu l'attends on dirait. Tu t'habilles déjà comme si tu étais là-bas [en prison]. Avec ton pantalon qui laisse voir ton cul, tu plaides coupable. Tu sais ce que ça veut dire, là-bas, en prison, ce pantalon qui tombe ? Bien sûr que tu le sais. Mon cul est à prendre, c'est ça que ça veut dire. Tu veux que quelqu'un s'occupe de ton cul en prison, Marcus ? Oh, boy ! J'ai honte. Envie de te battre. Tu ne comprends pas que tu ressembles à ce qu'ils pensent de toi, à ce qu'ils attendent de toi, que tu fais mal aux tiens, à ceux qui sont là comme à ceux qui sont morts !" (p.12/13) "C'est tout ce que je vous demande, mes enfants, tenez-vous droits. Tiens-toi droit, Marcus, ne donne pas à ceux qui nous méprisent depuis la nuit des temps de quoi justifier encore cette vieille haine contre nous." (p.17)
Les personnages sont formidables, on les voit même s'ils ne sont pas décrits physiquement, on les sent vivre et vouloir se battre pour montrer qu'ils existent, même quand comme Dana la mère, ils sont fatigués de toujours lutter. Mon seul bémol est ma difficulté du départ à me retrouver dans tous les prénoms énoncés qui s'estompe assez vite, puisque chacun s'exprime à tour de rôle.
La force de ce texte tient aussi au style, à l'écriture de Judith Perrignon. Les narrateurs alternent, chacun racontant sa vision des faits, de la vie. Les phrases sont longues, très ponctuées, parfois des bribes de dialogue s'y insèrent. Une longue mélopée. Une supplique. Une prière d'une grand-mère à son petit-fils. Elle varie aussi les styles dans les différentes parties, entre dialogues, témoignages (celui du sauveteur est magnifique, lourd, insupportable et d'une beauté et d'une profondeur rares), récits. Évidemment, tout cela n'est pas très joyeux, peu de place est faite aux sourires ou aux rires, sûrement parce que la famille de Marcus a peu de raison de se réjouir de la vie qu'elle mène. Un très beau texte qui m'a scotché par sa force sur un thème pourtant souvent traité et qui me touche particulièrement.
C'est autour d'un fait réel survenu en 2012 en Louisiane que Judith Perrignon a choisi de bâtir son roman, un beau roman polyphonique, grave, qui résonne comme un morceau de blues. Un roman en trois actes, en trois dates, trois événements qui entrent en résonance les uns avec les autres.
Le livre s'ouvre sur une descente de police dans le baraquement d'une famille afro-américaine, en Louisiane, avec fouille au corps du fils aîné. Une scène banalisée par les faits divers, les séries, les clichés. Alors naturellement, on pense violence, gang, drogue, réduisant des êtres humains à des statistiques, juste des statistiques. Mais c'est penser trop vite et penser mal. Car il n'est pas question de cela, dans le roman de Judith Perrignon, et pour rectifier une vision réductrice des choses, l'auteur emmène le lecteur dans les pensées des personnages, nommant les différentes voix, les distinguant, leur donnant la parole tour à tour puisque aucune de ces voix intérieures n'a le même âge ni par conséquent la même perception des choses et des situations.
Nous entendons donc chacun des protagonistes, tous membres de la même famille, Mary Lee, Dana, Marcus, Déborah, Wess..., à propos d'un même événement survenu dans leur vie, qui les renvoie à la fois à eux-mêmes et à une sorte d'héritage commun, d'histoire partagée. Comme si tous les âges de la vie, issus d'une même origine et presque, malgré eux, confrontés à une "condition" commune, noire américaine, qu'ils ne vivent et ne ressentent pas de la même manière malgré cette fatalité qui semble les attendre et les rattrape.
La voix de la grand-mère se distingue, elle qui a vécu la ségrégation intimement et violemment. Il y a aussi la voix de la mère, désabusée, lasse ; celle de la petite sœur, préoccupée par sa "première fois" ; celle des deux petits frères, l'un moqueur, l'autre admiratif. Quant aux pères, ils sont absents, simplement absents.
Nous sommes au mois d'août, pour tromper la forte chaleur, la grand-mère et les petits-enfants s'entassent dans la voiture pour aller pique-niquer au frais, au bord du fleuve. Ils sont perdus dans leurs pensées. Et d'un coup, le récit bascule soixante ans en arrière, on se retrouve à Saint-Louis, dans le Missouri et on prend alors pleinement conscience de la chute...
Dans ce drame en trois actes, suspendu à quelques observations que l'on dit aujourd'hui "statistiques", se joue bien plus qu'un simple fait divers. C'est l'Histoire que Judith Perrignon nous donne à voir, une histoire profonde et implacable, dans ce roman magnifique, écrit d'une plume sobre qui offre une belle ampleur aux personnages et dit la fatalité qui marque tout un peuple depuis des générations. Un récit prenant, édifiant, qui sonne juste et porte loin.
"Ce n'est pas seulement une communauté qui se noie sous le poids des préjugés, mais tout le rêve américain".
La polyphonie de ce livre en accentue la dramaturgie.
La ségrégation et un monde qui n'évolue pas assez vite , l'histoire avec un petit "h" qui se mêle à l' Histoire avec un grand "H".
Une lecture aisée pour sujet aussi lourd, le lecteur s'attache à cette famille.
C'est un livre bouleversant, désespérant et mémorable......
luisiane, 2010, deux familles afro américaines se rendent a la riviere proche pour échappêr a la challeur écrsante et a leurs soucis familiaux. Les grands montrent l exemple, les petits suivent mais aucun ne ressortira vivant
on vient pourtant à peine de faire connaissance avec ces familles, l auteur alternant la voix de chaque membre, chapitre apres chapitre. Une découverte originale de ces personnages qui rend ce roman intense et bouleversant car ce qui s annoncait comme une sortie agreable va virer au tragique. Sans pathos, judith perrignon nous met face a l insoutenable et ne laisse pas le lecteur ressortir indemne. Inspiree d un fait reel, la noyade de deux familles noires dans une riviere, relançant un débat douloureux sur le fait que les noirs ne savent pas nager, l auteur nous fait decouvrir la condition humaine et sociale des afro-américains sur plusieurs époques
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