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"Lorsque j'étais enfant, souvent, le dimanche, mes parents me laissaient avec d'autres gosses du village chez une vieille grand-mère qui vivait au seuil de la forêt dans une petite maison de bois. Je me souviens qu'en hiver, le feu brûlait dans l'âtre de la cheminée en éclairant par intermittence la pièce dans laquelle nous nous tenions. La vieille dame était assise dans un fauteuil en tissus rouge qui se balançait lentement au rythme de sa respiration. Elle était toujours habillée d'un vieux pull gris et d'une couverture à grands carreaux vert qui couvrait ses jambes. Son visage était émacié et son nez semblait immense. Je me souviens très bien de ses petits yeux lumineux et brillants qui semblaient toujours nous surveiller. Les enfants se tenaient bien lorsqu'ils étaient là, hypnotisés par les histoires que la grand-mère nous racontait. Sa voix était étonnement jeune pour son âge et si l'on fermait les yeux, on aurait pu penser que c'était une jolie jeune fille qui nous parlait. Parfois elle sortait ses mains maigres et nerveuses de sous la couverture et l'on aurait dit, dans la lumière du feu de bois, qu'il se jouait un étrange ballet magique. Nos parents l'appelait Mémé Renard mais nous, qui la connaissions bien, nous l'avions surnommée :
MEME LUBRIQUE !" Aladdin et la crampe merveilleuse Le vilain petit canard avec une grosse quéquette Barbe bleue et bite en bois Le petit chas peu rond, rouge Hansel et Gretel pas trop farouches Cendrillon, la pouffe à deux ovaires La belle au bois dormant mais au cul bien éveillé Le petit poussait, la mère tirait Riquet à la houppe et à la bite de serein Boucles d'or et poils au cul Le brave petit tailleur de pipes La bergère et le ramoneur qui ramone Le petit joueur de flûte obsédé La belle et la bite Ali Baba et les quarante branleuses.
J'entends déjà ici quelques uns crier au scandale et dire que c'est honteux de pervertir de belles histoires comme celles-ci, que décidément on ne respecte plus rien. Alors à ceux-ci, je veux dire, que d'abord, ils ne sont pas obligés de le lire et qu'ensuite, il n'y a rien de plus sexuel que les contes de fées. Il me souvient d'un temps ou j'étais au lycée, en première, et, nous étudiions les contes de fées à présenter à l'oral du bac de français. Jeune homme naïf -bon, c'était un autre temps, nous étions au mitan des années 1980- j'appris avec stupeur que selon certaines études, ces petites histoires de princes et de princesses étaient en fait très sexuées. Je ne vous fais pas la liste des points passés au crible de cette étude, mais un m'a marqué : lorsque le Prince pour délivrer La Belle au Bois-Dormant tourne la clef dans la serrure, eh bien, me croiriez-vous si je vous dis que la clef symbolise le sexe mâle et la serrure son pendant -quoique là, je crois que rien n'est pendant- femelle ? Depuis, je n'ouvre plus ma porte de la même façon...
Pouf, pouf, revenons à nos contes lubriques ; ah que j'ai ri en lisant sous la plume d'Étienne Liebig, des versions chaudes de ces histoires que l'on lit aux enfants. Rien que les titres sont déjà tout un programme : Aladdin et la crampe merveilleuse, Le Petit Chas peu rond rouge -je vous laisse le plaisir de l'explication de ce nom-, Barbe-Bleue et Bite en Bois, pour n'en citer que trois parmi les treize. Le livre commence par Aladdin, car bien sûr la lampe et son génie sont propices à de multiples demandes, et finit par Ali-Baba et les Quarante branleuses, car le "sésame ouvre-toi" n'est pas dénué de désirs divers surtout lorsque la cachette s'ouvre sur des milliers de godemichés de toutes tailles et toutes matières...
Pour apprécier cette lecture, il vaut mieux lire un ou deux contes, puis prendre un autre livre et en relire un ou deux un autre jour. Ou alors, un le soir avant de s'endormir, mais attention aux effets secondaires, notamment sur l'absence de désir... de dormir.
Ce qui est bien c'est qu'Etienne Liebig, bien qu'il insère dans les histoires des idées, des situations originales, garde le style conte, l'écriture ou les tournures de phrases désuètes, les décors et tout ce qui fait que l'on sait qu'on est dans tel ou tel conte : La Belle au bois dormant, mais au cul bien réveillé, ou Cendrillon, la pouffe à deux ovaires.
C'est léger, drôle et pour une fois dans une lecture érotique, l'auteur fait preuve d'invention dans le vocabulaire, on est plus dans Frédéric Dard que dans un roman pornographique "classique". Je ne peux ici citer toutes les expressions qui m'ont ravi, mais le verbe "gougnotter" en fait partie et tant mieux, car il est fort souvent usité. Un recueil pour se détendre, qui, bien sûr ne doit pas être mis entre de petites mains -ne le confondez pas avec le livre des vrais contes, vous risqueriez des questions embarrassantes.
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