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Je travaillais, beaucoup. Je compulsais les chiffres de l'avenir devant un ordinateur cubique et ronronnant, dans un bureau de vingt personnes à ma semblance, et par les fenêtres immenses nous aurions pu voir des tours. Je ne regardais pas par la fenêtre. Le soir, lorsque j'arpentais les parvis dans la même direction que tous les autres, je levais parfois la tête et je trouvais cela beau. La beauté des quartiers d'affaires. J'étais très aimable. On m'appréciait, beaucoup. Nous partions parfois en week-end à plusieurs, nous n'étions jamais fatigués. Et nous trouvions qu'il était important que les minorités soient reconnues. Les minorités, c'est à peu près tout, sauf les pauvres, qui sont la majorité. Mais nous ne les connaissions pas. Comme tous, j'étais contre le racisme, contre l'homophobie, pour l'extension du réseau TGV. Je ne voulais de mal à personne.
Quand j'avais vingt ans, personne n'aurait dit de moi que j'étais un monstre, et pourtant j'étais monstrueux.
Portrait de Fanny Taillandier par Léa Crespi © Flammarion
« Je » est jeune homme né en 1981, il vit à Banlieue et travaille à City. Il n’a rien à envier à ses voisins : il séduit, il drague, il voyage, il sort, il est riche, il évolue professionnellement. Un homme presque comme les autres finalement, il se trouve plus séduisant et plus riche que la moyenne mais après tout pourquoi pas… On découvre dès les premières lignes qu’il attend son procès. Pourquoi ? Il a tué : ses parents, sa petite amie et de nombreux autres. Il ne regrette rien, il l’a fait car il en avait envie, il a ressenti des poussées de violence, il a attendu la police, chez ses parents, au milieu de leurs cadavres. De la salle d’audience à sa cellule de prison, de son enfance aux meurtres, son histoire familiale est évoquée même si au fond elle est commune : deux personnes qui se rencontrent, travaillent, achètent une maison, une voiture, font un enfant et ne divorcent pas. Les générations passées sont évoquées : l’arrière grand-père a été à la guerre, comme de nombreux autres hommes à cette époque. Il est comme tous, ce « soldat inconnu » mort au front, le corps n’ayant jamais été retrouvé. L’auteur a voulu présenter ce personnage comme « normal », commun. Il peut être n’importe lequel d’entre nous après tout, chacun a une part de violence et de tueur en série en soi.
Au fur et à mesure du texte, on remarque que le héros entend « des voix », il s’avère que c’est celle de cet arrière-grand-père qu’il n’a jamais connu. Cela n’est pas sans rappeler Dexter, le tueur en série de Miami, héros de Jeff Lindsay, qui, lui, voit et entend son père, décédé, lui parler et le conseiller.
L’écriture ne m’a pas vraiment plu même si le thème est assez intéressant et plutôt à la mode ces dernières années, notamment à cause de toutes ces tueries aux Etats-Unis.
1er roman
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