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À soixante-six ans, Fredrik Welin vit reclus avec sa chienne et sa chatte depuis une décennie sur une île balte. Hanté par le souvenir d'une erreur tragique qui brisa sa carrière de chirurgien, il s'inflige chaque matin une immersion au fond d'un trou creusé dans la glace. Mais cette routine est interrompue par l'intrusion d'Harriet, qu'il a aimée et abandonnée trente-sept ans plus tôt. Durant deux hivers et un été, Frederik va renouer avec le monde des émotions humaines.
Lorsque Harriet arrive sur son île de célibataire endurci et solitaire, Fredrik est loin de se douter du bouleversement que cela va engendrer. Elle exigera qu’il l’emmène à ce petit lac dont il lui avait parlé quarante ans plus tôt.
Le voyage sera également un voyage intérieur pour Fredrik. Que de remises en cause à l’issue des discussions avec la vieille dame qu’est devenue Harriet.
Henning Mankell m’a surprise avec ce livre car je ne le connaissais que comme auteur de romans policiers. Mais il manie tout aussi bien l’art du suspens dans cette aventure à travers le pays. Un roman simple pour des personnages torturés par un passé qui a fortement influencé leurs choix de vie. Les tourments sont dévoilés petit à petit et nous permettent de comprendre pourquoi chacun en est arrivé là.
❤️ On connait bien le suédois Henning Mankell par ses polars et son inspecteur Wallander qui tient même désormais série sur Arte.
On avait également suivi cet auteur prolixe et éclectique (il écrit du théâtre, il écrit sur l'Afrique, ...) avec un roman social sur l'immigration en Suède : c'était Tea-Bag.
Le voici de nouveau avec autre chose qu'un policier : Les chaussures italiennes, assurément son meilleur roman jusqu'ici et, tout aussi sûrement, un des meilleurs bouquins, tous rayons confondus, qu'on ait lu ces derniers mois, avis unanime et partagé de BMR et de MAM.
On aimerait en voir adapté un film, non pas à cause du scénario mais parce que les images y sont évoquées avec une force peu commune et qu'il ne faut que quelques lignes à Mankell pour nous plonger au cœur de l'hiver suédois aux côtés de son Fredrik Welin.
Un type qui s'achemine lentement mais sûrement sur ses 70 ans, qui vit reclus sur une des îles de l'archipel suédois avec une fourmilière qui envahit peu à peu son salon, un type qui snife un pot de goudron dans son hangar à bateau quand ça va vraiment mal, un type qui tient un journal de bord résolument insignifiant où il ne parle que du temps et de la force du vent, et qui tous les matins creuse un trou dans la glace pour s'immerger dans l'eau glacée, comme pour se convaincre qu'il est encore vivant et qu'il fait plus froid dehors qu'en sa tête ou son cœur.
Il survit ainsi, taraudé par son passé : un amour de jeunesse qu'il a fuit lâchement sans explication et une erreur professionnelle qu'il a commise quand il était chirurgien.
Un beau jour d'hiver, boitillant sur la glace qui mène à son île, rongée par un cancer, surgit Harriet son ex-amie ...
Dès les premières pages on sent qu'on tient là un superbe roman à l'écriture sobre, qui fait mouche à tous les coups, qui touche à toutes les pages. Ça sent l'humanité, la vraie vie.
Si style, époque, pays et météo sont bien différents, on y a retrouvé un peu de la force d'évocation de John Fante, l'humour en moins, et ce sens de la chute au coin d'un paragraphe, pour aller droit au cœur, à l'essentiel.
[...] Le vent a soufflé par intermittence pendant toute la nuit.
J'ai mal dormi. Couché dans mon lit, je l'écoutais se déchaîner contre les murs. Le courant d'air de la fenêtre côté nord était plus important que l'autre, côté est, je pouvais donc en déterminer sa direction : vent de nord-ouest, avec rafales. J'en prendrais note dans mon journal de bord le lendemain. Mais la visite d'Harriet, je ne savais pas si je la mentionnerais.
Comme un coup de pied dans la fourmilière, l'arrivée d'Harriet va bousculer la vie jusqu'ici anesthésiée du chirurgien : les histoires et les femmes du passé vont envahir l'île de cet ermite du cœur.
Quant aux chaussures italiennes, seule petite note de couleur et d'optimisme, comme déplacée dans cette histoire très vraie mais pas très gaie, on vous laisse découvrir ce qu'elles viennent faire dans les forêts enneigées de Scandinavie.
Et toujours sans trop en dévoiler pour ne pas gâcher le plaisir de la lecture, relevons que le docteur Welin et l'inspecteur Wallander partagent un peu des mêmes difficultés dans leurs relations familiales ...
Alors, que ceux qui ne connaissent pas encore Mankell ou qui n'en connaissent que ses polars, se précipitent sur cet excellent roman. De la très très belle littérature.
Un livre où l'on découvre qu'il n'est pas bon de vivre gelé dans son passé.
Pour celles et ceux qui aiment qu'on leur raconte la vie avec plein de choses dedans.
Bonjour,j'ai passé un très bon moment en lisant ce livre.D'une écriture facile.Ce roman, régulièrement nous ramène dans le passé de Fredrik,en compagnie de ses parents ou ses grands parents.Ce n'est pas monotone,nous sommes surpris par l'évolution de cette histoire.J'ai bien aimé,j'étais presséé de lire la suite....Cordialement
Gros coup de cœur pour ce roman! Même si tout semble très lent dans ce livre, l'histoire, l'atmosphère , l'intrigue..c'est une belle histoire qui fait réfléchir sur nos vies...J'ai hâte de lire la suite "Les bottes suédoises".
A soixante-six ans, Fredrik Welin vit reclus depuis une décennie sur une île de la Baltique avec pour seule compagnie un chat et un chien et pour seules visites celles du facteur de l'archipel. Depuis qu'une tragique erreur a brisé sa carrière de chirurgien, il s'est isolé des hommes. Pour se prouver qu'il est encore en vie, il creuse un trou dans la glace et s'y immerge chaque matin. Au solstice d'hiver, cette routine est interrompue par l'intrusion d'Harriet, la femme qu'il a aimée et abandonnée quarante ans plus tôt. Fredrik ne le sait pas encore, mais sa vie vient juste de recommencer. Le temps de deux solstices d'hiver et d'un superbe solstice d'été, dans un espace compris entre une maison, une île, une forêt, une caravane, Mankell nous révèle une facette peu connue de son talent avec ce récit sobre, intime, vibrant, sur les hommes et les femmes, la solitude et la peur, l'amour et la rédemption.
Un très gros coup de cœur pour ce livre, j’ai adoré cette histoire et pourtant on ne peut pas dire en soi qu’il soit attachant, cet homme reclus volontaire sur son île, en 12 ans, pas une fois il n’a autorisé le facteur , la seule personne qu’il voit quotidiennement à pénétrer chez lui ne serait-ce que le temps d’un café ! Quand il l’ausculte, car c’est un malade imaginaire qui se découvre chaque jour ou presque de nouveaux maux, c’est dehors sur un banc... Les personnages sont tous insolites, en rupture de société condamnés à l’incompréhension, à la solitude , à la mort, à la violence. Ils n’en sont pas moins profondément humains et attachants, les portraits de femmes, étonnantes, sont très réussis. L’atmosphère est particulièrement étrange, la nature omni présente, et tout superflu est gommé de l’environnement et de la vie des personnages. La venue de Harriet va être le point de départ d’une véritable renaissance pour le héros qui va enfin affronter ses souvenirs et regarder sa vie en face, faire face à ses démons, cesser de se mentir à lui-même et aller vers la rédemption en ayant, enfin, des relations d’amour avec les autres... Il n’accepte pas facilement ce bouleversement dans son existence et prend la fuite plus d’une fois, de toutes façons la fuite , c’est l’histoire de sa vie ! Si en apparence les choses sont assez noires, les personnages sont tous des handicapés de la vie, de la communication, il y a des moments de grâce absolue dans ce livre magnifique...
Je ne vous le cache pas, il m’a fallu un petit temps pour entrer pleinement dans ce roman. Je ne l’ai peut-être pas commencé au moment le plus propice et au début, je ne lisais que d’une manière très hachée, quelques pages par jour, ce qui ne m’a pas aidée à m’immerger dans l’histoire.
Le récit commence en plus d’une façon particulière : on fait la connaissance de Fredrik, un chirurgien déchu reclus sur son île y vivant comme un ermite, qui prend son bain glacé quotidien dans la Baltique et qui abrite une fourmilière dans son salon. Son seul lien avec la terre ferme et le reste du monde est la visite d’un facteur hypocondriaque, Jansson, arrivant en hydrocoptère jusqu’à chez lui. L’intrigue s’installe ainsi calmement pendant que l’on découvre le quotidien de cet étrange personnage qui m’a semblé profondément antipathique dans un premier temps mais aussi délicieusement loufoque. La routine de Fredrik est brusquement bousculée lorsqu’une vieille connaissance, Harriet, débarque à l’improviste sur son île aux commandes de son déambulateur. À partir de là, les événements vont s’enchaîner et Fredrik va doucement sortir de sa solitude pour s’ouvrir aux autres et va devoir prendre des décisions importantes suite aux révélations d’Harriet.
Je ne vous en dis pas plus et je vous laisse vous sentir porter par cette belle histoire. Je suis passée du rire aux larmes constamment, un véritable ascenseur émotionnel. Plusieurs scènes sont remplies de drôlerie comme la rencontre avec le bottier italien tandis que d’autres sont déchirantes. Tout est juste dans l’écriture de Mankell et il sait explorer les sentiments humains de la plus belle des manières. La psychologie des personnages est particulièrement fouillée et même si la fin est un peu cousue de fil blanc, j’ai quand même été touchée grâce à l’écriture du Suédois et la traduction d’Anna Gibson. Bien que terriblement irritant au début, le personnage de Fredrik évolue beaucoup et j’ai fini par m’y attacher. Dans le froid scandinave, on suit avec avidité le cheminement de cet être rongé par le remord qui va tenter de recoller les morceaux sur le chemin de la rédemption. Dis comme cela, le livre peut paraître déprimant mais il se révèle en fait de plus en plus lumineux au fur et à mesure de la lecture malgré la noirceur qui l’imprègne.
Malgré un début difficile, je vous conseille donc ce roman bouleversant empreint d’humanité et à l’ambiance très réussie ! J’ai trouvé chaussure à mon pied en découvrant cet auteur, allez-vous, vous aussi, sauter dans le bain glacé et tenter l’aventure ?
À lire aussi sur https://thetwinbooks.wordpress.com/2019/03/01/les-chaussures-italiennes-henning-mankell/
Perplexe sur le début du récit, que l'ai laissé de côté quelques temps, arrive l'instant ou la construction est plus lumineuse. La suite est plus fluide, légère et des situations qui pourraient être plus mélodramatiques (la fin de vie, la désillusion ..) sont presque fantasques grâce à des personnages hauts en couleur. Très apprécié ce roman que je recommande
Chef d'oeuvre ? Alors je suis passé à côté. Les ficelles sont grosses, les coutures apparentes. C'est comme si l'auteur avait choisi des personnages incohérents et des situations abracadabrantes, qu'il avait bien secoué le tout et qu'il nous l'avait servi sur de la glace - celle de son île, pour que ce soir plus digeste. Les métaphores et les symboles sont grossiers : il lui coupe son bras, il se coupe du monde... Ile ne trouve pas de vie à sa taille, mais il fait à la fin l'acquisition d'une paire de chaussures sur-mesure... il perd une femme, mais il en trouve d'autres, etc, etc... Pour mesurer l'écart entre ce livre et vrai chef d'oeuvre de littérature audacieuse, baroque, parfois jusqu'à l'absurde, il suffit de relire le 'tambour" de Volker Schlöndorff.
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