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Au lendemain de la révolution de 1830, les canuts de Lyon créent un organe original, l'hebdomadaire L'Écho de la fabrique. Durant une cinquantaine de mois, semaine après semaine, les chefs d'atelier et les ouvriers de l'industrie de la soie vont s'entendre, s'informer, débattre. Leur but : tenter d'adapter la Grande Fabrique, organisée sur le modèle de la manufacture dispersée, à l'évolution industrielle en cours. C'est là, pour eux, la seule façon de préserver leur autonomie et leur liberté. Face aux canuts, les «experts» du temps soutiennent, sous couvert de concurrence internationale et d'essor technologique, que les expériences de régulation démocratique mises en oeuvre jusque-là dans la Grande Fabrique sont désormais obsolètes. Évolution de l'économie oblige, ouvriers et chefs d'atelier seront délocalisés dans les campagnes et rassemblés au sein de manufactures concentrées, où leur travail sera rythmé par un triple impératif industriel : spécialisation, concentration, hiérarchisation. C'est contre cette expertise que se lèvent les canuts. Les armes à la main, lors des révoltes tragiques de 1831 et 1834, scandées par le mot d'ordre : «Vivre en travaillant, mourir en combattant.» Mais aussi, voie méconnue de la contestation, en défendant dans leurs journaux les solutions imaginées dans le cadre de l'économie d'atelier, à leurs yeux aussi politiquement cruciales qu'économiquement efficaces. C'est cette prise de parole, éclipsée par les insurrections, que redécouvre ce livre.
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