Entre rattrapage estival et rentrée littéraire, les conseils de lecture du moment
1942. Héloïse Portevin a tout juste vingt ans lorsqu'un détachement allemand s'installe dans son village. Avides d'exploits, son frère et ses amis déclenchent un terrible conflit. Pour aider ceux qu'elle aime, Héloïse prend alors une décision aux lourdes conséquences...
2012. Loïc Portevin est envoyé par sa mère au fin fond du Berry pour y vider la maison familiale après le décès de sa grand-mère. Loïc tombe sur une importante correspondance entre cette dernière et un dénommé J. Commence pour lui une minutieuse enquête visant à retrouver l'auteur des lettres.
Entre secrets de famille et non-dits, Loïc et Héloïse font chacun face aux conséquences de leurs décisions, pour le meilleur... et pour le pire.
Entre rattrapage estival et rentrée littéraire, les conseils de lecture du moment
Un portrait de femme bouleversant, entre deux époques
« Les âmes silencieuses », un roman qui alterne entre la période - 2012 – et celle angoissante et noire de l’occupation. Un roman qui donne la parole aux habitants d’une petite ville du Berry qui aura l’insurmontable angoisse de voir un détachement d’Allemands stationner dans une ferme : la Meunière. Un roman dont les protagonistes devront faire face aux non-dits.
Septembre 2012, Anaïs décide de vendre la propriété de sa mère Héloïse décédée depuis 2 ans. Et incite son fils Loïc (hé oui, des prénoms avec des trémas !) qui se trouve en pleine période de séparation avec sa femme, Coralie (ouf, pas de tréma !), à gérer la vente des biens de cette propriété. Celui part sans enthousiasme dans cette « contrée lointaine » et faire son possible pour vendre le plus de meubles possibles.
Juin 1943, Héloïse regarde passer un convoi d’Allemands dans son village ; situation inacceptable pour son frère Jean qui envisage alors, avec ses amis d’obliger les occupants à déguerpir. Et pour cela, ils brûlent la ferme où ils logent. Mais nous sommes en période de guerre et la mesure de rétorsion est immédiate, sans pitié, et inénarrable : ils réunissent tous les habitants et décident de fusiller, froidement, une dizaine d’otages...
Pourtant, Héloïse se prend d’amitié pour un de jeunes officiers : Frantz Johannsen. Car la vie de son frère se trouve dans les mains d’Héloïse !
Un beau roman narré par Mélanie Guyard, où la beauté des sentiments familiaux le disputent à la solidarité des habitants ; mais dont les rancunes, perdurent pourtant depuis de longues années. Héloïse se sacrifie et endure non seulement les reproches de son père, mais plus tard ceux de la haine et de l’ostracisme des villageois. Pour sa part, elle ne cédera pas face à l’adversité, et sans le vouloir, mais comme lui a appris sa mère « une femme se doit de supporter cela » !
Un très joli récit, sur la vie, la mort et surtout l’abnégation et le sacrifice d’une femme face à la méchanceté, voire la haine. J’ai été subjugué par ce survol d’une période de l’histoire de France dont certainement beaucoup de héros demeurent encore inconnus.
Roman à mettre en toutes les mains.
Septembre 2012. Parce qu’il a donné un coup de poing dans la figure de l’amant de sa femme (un collègue qui s’appelle Mortel, franchement ?!…) et que ce dernier a – bien évidemment – porté plainte, la justice a condamné Loïc Portevin à une vingtaine de séances d’analyse chez un psy. Cette fois, « le divorce est consommé » …
Fauché, Loïc (trente-cinq ans) se voit dans l’obligation de retourner vivre chez sa mère … Où se trouve encore son petit frère Gaëtan (vingt-cinq ans) qui entre en thèse cette année. Il va alors accepter de se rendre dans le Berry afin de vendre la maison de grand-mère Héloïse (morte deux années plus tôt …) Une activité qui lui permettra de s’immerger dans le sombre passé de la défunte … Et d’entamer la « recherche identitaire » dont lui parlait son psy …
Mais qu’est-il arrivé à son énigmatique grand-mère durant la guerre ? Et qu’est-il advenu de son mystérieux grand-oncle Jean, le petit frère d’Héloïse ?… Un cheminement qui amènera enfin le petit-fils sur la voie de la vérité. Une vérité restée sous silence (grâce à la grande discrétion de la jeune femme) durant près de soixante-dix ans …
Un très joli roman sur l’abnégation dont certains êtres humains sont capables. Et sur l’hermétisme des secrets de famille … Une bien belle écriture, sobre et efficace à la fois. J’attends donc (avec beaucoup d’impatience) la réception de son dernier ouvrage intitulé « De si jolies boîtes », pour une rencontre prévue très prochainement avec Mélanie Guyard !
J’ai parfois le sentiment que de plus en plus d’auteurs décident d’écrire sous différents pseudonymes, selon les genres … D’un côté, je comprends la démarche, de l’autre, je ne peux m’empêcher de la trouver dommage : c’est comme s’ils n’assumaient pas d’être à la fois auteur de fantasy et auteur de contemporain, par exemple, comme si l’un excluait l’autre, comme si on n’avait pas le droit d’être auteur éclectique. Alors que personnellement, en tant que lectrice, j’aime les auteurs qui explorent allégrement plusieurs genres, j’aime voir comment ils adaptent leur plume à chaque type de récit. Ces auteurs sont les plus inspirants, car ils mettent en évidence la magie de l’écriture, qui fait qu’une seule et même personne arrive à écrire des romans tous aussi différents et uniques les uns que les autres ! Et puis, c’est tellement moins embrouillant de ne pas avoir à se creuser la tête pour se souvenir qui est le pseudonyme de qui, qui écrit aussi sous tel nom … Pour tout dire, heureusement que c’est noté sur la quatrième de couverture, sinon je ne me serai jamais souvenue que Mélanie Guyard était aussi Mel Andoryss, qui a écrit l’excellent Passageur qui m’avait tant captivée !
1942. Déjouant tous les pronostics des anciens du village qui affirmaient que la guerre n’atteindrait pas leur petit coin perdu, les allemands arrivent par la grande route et s’installent à la Meunière sans sembler vouloir partir rapidement. Les jeunes hommes du hameau, avides d’action et de vengeance, de gloire et de reconnaissance, mettent littéralement le feu aux poudres … Pour protéger Jean, son petit frère, Héloïse est prête à tout. Mieux vaut elle que lui. Tant pis si les regards haineux et les commérages les poursuivent toute sa vie … 2012. Tandis qu’il se débat avec un divorce compliqué – il se pourrait qu’il ait cogné l’amant de sa femme, réaction viscéralement masculine qui a conduit le tribunal à l’obliger de voir un psychiatre chaque semaine –, Loïc est envoyé par sa mère à la campagne pour vider la maison de feu sa grand-mère, afin de mettre enfin la vieille ferme en vente. Mais en nettoyant le grenier, Loïc tombe sur un coffre rempli de lettres d’un certain J. … Serait-ce son grand-père inconnu ? Bien décidé à élucider ce mystère, le jeune homme se jette à corps perdu dans la lecture de cette correspondance.
Certains diront peut-être que le va-et-vient entre le passé et le présent est désormais un schéma narratif vu et revu, et rejetteront donc ce roman au fin fond de leur pile à lire en décrétant qu’ils veulent de la nouveauté … Qu’ils pensent ce qu’ils veulent : pour ma part, c’est une construction que j’aime tout particulièrement ! C’est toujours un vrai plaisir que de suivre deux histoires parallèles, pour mieux voir comment elles s’entremêlent, comment le passé construit le présent. De voir aussi comment le présent a interprété le passé … ou comment il l’a oublié. De voir enfin comment la découverte de ce passé change le présent, alors même que rien n’a réellement changé. Il y a tout un côté initiatique dans le cheminement de Loïc, ce parisien expatrié dans une campagne où on l’accueille d’un tonitruant « c’est le petit-fils de la tondue, le fils de la bâtarde » … Lui qui venait seulement acheter quelques coquillettes pour lui et quelques croquettes pour le chien errant qui s’est entiché de lui, se retrouve affublé d’une identité pour le moins inattendue, héritage d’un passé dont il ignorait totalement l’existence ! Et voici que dans cette maison qu’il est venu vider, des lettres par dizaines s’offrent à lui, apportant autant de réponses que de questions …
Pour être parfaitement honnête, les chapitres consacrés à Loïc ont tout de même eu tendance à m’ennuyer quelque peu. Sans doute parce que j’ai beaucoup de mal avec la personnalité de ce jeune trentenaire, sarcastique et désinvolte, toujours prompt à sortir une réplique bien acerbe et à se considérer quelque peu comme le centre du monde. Pas méchant, mais pas forcément sympathique à mes yeux pour autant. Je ne me suis pas attachée à lui plus que cela … Par contre, je me suis tout de suite attachée à la jeune Héloïse, sa grand-mère donc. Une jeune femme discrète, tout comme sa mère, et la mère de sa mère avant elle, mais aux épaules autrement plus solides que celles de son frère cadet ou celles de son père : bien sûr, ils sont forts, mais ce ne sont pas eux qui mènent « les combats ordinaires, de ceux qu’on mène pour vivre, et pas pour crever ». Héloïse fait ce qu’elle a à faire pour protéger sa famille, protéger son petit frère avant tout, sans se préoccuper des conséquences, sans s’inquiéter de sa réputation. J’ai été touchée et impressionnée par ce dévouement sans limite, sans fêlure : même dans les moments les plus difficiles, les plus douloureux, Héloïse ne lâche rien, elle ne dit rien, elle encaisse les coups et les injures en se raccrochant à son objectif : protéger Jean.
Le protéger comment ? C’est bien là toute la question, tout le nœud de cette intrigue à double temporalité. Car les apparences, et les évidences d’ailleurs, sont souvent bien trompeuses : on est tous si prompts à sauter aux conclusions hâtives, à céder à la facilité, sans jamais envisager que les choses puissent être plus compliquées. Les « on dit » prennent alors le dessus sur les « non-dits », et s’imposent comme la seule et unique vérité, car la foule a besoin d’une vérité, quand bien même ce n’est pas la bonne, quand bien même une petite poignée de personnes sait pertinemment bien que ce n’est pas la réalité. « Ces âmes silencieuses ont pourtant beaucoup à raconter », m’a mis l’autrice en dédicace … Et nous, pauvre lecteur, nous tentons de percer le silence qui entoure ces âmes, ces cœurs, nous tentons de comprendre comment on a pu en arriver à la terrible scène décrite dans le prologue, nous tentons de saisir ce qui s’est réellement passé dans ce petit village occupé par les allemands. Et une chose est sûre et certaine : je ne m’attendais clairement pas à cela. Les révélations finales sont surprenantes, mais finalement parfaitement cohérentes : nous avons juste vu ce que nous voulions voir, nous aussi, sans chercher à voir plus loin que le bout de notre nez. C’est bien trouvé, et c’est parfaitement bien amené aussi !
En bref, vous l’aurez bien compris, ce fut vraiment une très belle lecture. J’ai certes eu un peu de mal avec la personnalité de Loïc, mais la force de caractère d’Héloïse a amplement compensé le côté un peu agaçant de son petit-fils. C’est un roman vraiment puissant et émouvant, admirablement bien écrit, remarquablement bien construit, qui happe le lecteur pour mieux le surprendre. La thématique des secrets familiaux est loin d’être innovante, mais Mélanie Guyard a vraiment su l’exploiter avec beaucoup de justesse et de délicatesse pour nous offrir un récit vraiment saisissant, à la fois très dur et très doux. Il y a des passages vraiment terribles, qui font monter les larmes aux yeux et qui nouent la gorge, des passages qui font mal au cœur car on sait au plus profond de nous qu’Héloïse est loin d’être la seule à avoir enduré ses souffrances, et encore moins à les avoir tues. Et il y a des passages vraiment émouvants, qui font aussi monter les larmes aux yeux et qui nouent aussi la gorge, mais parce qu’ils sont beaux, parce qu’ils expriment tout l’amour d’une sœur pour son frère, d’une mère pour sa fille. Vraiment, c’est un très beau roman que l’autrice nous offre ici, un roman puissant et poignant à lire et relire …
http://lesmotsetaientlivres.blogspot.com/2021/09/les-ames-silencieuses-melanie-guyard.html
J’ai voulu lire ce livre car j’adore ce genre de roman historique et puis l’histoire se déroule pendant la seconde guerre mondiale, mon époque favorite.
Je dois dire que je n’ai pas été déçue. On est très vite happé par le récit et on a plus envie d’en sortir. Nous suivons deux personnages : Héloïse, 20 ans, Son village voit s’installer un détachement allemand, nous sommes en 1942. Loïc, 35 ans, divorcé, il quitte Paris pour aller vider la maison familiale du Berry, nous sommes en 2012.
Leurs deux destins sont liés par des secrets de familles bien enfouis. Les sujets traitées dans se livre sont pour moi complètement d’actualité. Et attention, méfiez-vous des apparences !!!!!!
Très Très Belle Découverte !!!!!!
Héloïse a 21 ans en 1944, son petit-fils Loïc en a 35 en 2012. Dans l'intervalle de temps, un secret de famille bien gardé par Heloïse et que Loïc va tenter de percer. J'ai deviné assez rapidement le secret dont il est question et il ne m'a pas forcément plu. Cependant, ce roman est bien écrit.
Secret de famille et sacrifice
Un premier roman très réussi et rythmé pour cette autrice qui a publié par ailleurs de nombreuses bandes dessinées et romans jeunesse.
Une alternance entre passé et présent, un secret préservé pendant presque 70 ans, des caractères forts, une histoire originale, une écriture alerte et moderne pour le présent, plus classique pour le passé, créant ainsi deux atmosphères bien différentes, voilà les ingrédients de ce roman qui démontrent avec brio combien les silences et les non-dits dans une famille peuvent impacter plusieurs générations. Un magnifique personnage féminin avec Héloïse une âme silencieuse si forte, si mûre en dépit de son jeune âge qui ne bougera pas ensuite d'un iota de sa ligne de conduite sa vie durant.
Loïc Portevin en cours de divorce et pour le moins déboussolé, va vider la maison de sa grand-mère maternelle, qu'il n'a quasiment jamais vue. Lorsqu'il trouve une énorme correspondance signée J. il se met à la lire, imaginant que peut-être derrière cette initiale se trouve son grand-père... En parallèle, on suit la vie de sa grand-mère Héloïse en 1943 alors que les allemands se sont installés au village et qu'avec une détermination sans failles, elle va tout faire pour protéger les siens quitte à déclencher la vindicte des villageois...
Je remercie Lecteurs.com et la maison d'éditions Points qui m'ont envoyé gracieusement ce roman qui se passe en partie pendant la Seconde Guerre Mondiale. Je lis beaucoup de livres sur cette période et celui-ci faisait partie des mes pense-bête avant de le recevoir, donc j'étais doublement ravie.
J'ai passé un excellent moment avec ce livre que j'ai lu rapidement. Il y a beaucoup de suspense et une fois commencé, on a du mal à le lâcher. J'ai aimé les deux parties chronologiquement très différentes et j'ai trouvé les personnages attachants, notamment la jeune Héloïse qui se sacrifie sans qu'on sache pourquoi pendant une très grande partie du roman. En revanche, Jean, son frère, m'a paru peu courageux, voire même lâche et égoïste et j'ai éprouvé moins de sympathie pour lui.
Certaines scènes sont marquantes comme l'exécution des villageois choisis au hasard ou la scène de viol qui m'a fait frémir.
Le thème qui apparaît en filigrane dans ce roman est moderne et étonnant, je ne pensais pas qu'il s'agissait de ça, j'ai été surprise par ce retournement de situation.
La couverture choisie par les éditions Points est très réussie aussi je trouve, elle attire l'oeil et donne envie de découvrir le roman. On dirait une photo issue d'un film qui d'ailleurs pourrait être une bonne idée.
Je ne connaissais pas la jeune auteur, connue sous le pseudonyme d'Andoryss, qui a publié des BD jeunesse mais j'ai trouvé qu'elle avait beaucoup de talent et si elle publie d'autres romans pour adultes, je serais curieuse de les découvrir aussi.
Merci à Lecteurs.com et la maison d'éditions Points qui m'ont envoyé ce roman.
Des secrets de famille ou/et des silences sur le passé de membres de la famille. Loïck qui vient de divorcer et retourner vivre chez sa mère, se décide d'aller vider et vendre la maison de sa grand mère. Cela va lui changer les idées et faire le point sur sa propre vie. Il va se retrouver dans la ferme familiale d' un petit village dans le Berry, loin de la vie tumultueuse de Paris mais son premier accueil va le brutaliser car il va être reconnu dans l'épicerie-bar du village comme le petit fils de la tondue. Alors qu'il ne connaît rien du passé de la famille de sa mère. Il va alors essayer de comprendre et faire des découvertes (grâce à une malle dans le grenier !!). L'auteure va alterner les époques de chapitres en chapitres : l'histoire racontée par Héloïse, la grand mère en 1942, quand le village va être occupée par l'armée allemande et les chapitres de la recherche du petit fils. Mélanie Guyard va nous parler de ces âmes silencieuses, elle va narrer l'époque de la fin de l'occupation, de la fin de la guerre et des années qui vont suivre à travers le portrait de cette grand mère, taiseuse, qui a en effet été tondue à la Libération mais n'a jamais quitté sa ferme et élever sa fille seule. Ce livre parle d'un pan de l'histoire française, avec des épisodes glorieux et moins glorieux et des souvenirs qui persistent chez certains. Il a fallu la deuxième génération pour éclaircir ce qui s'est réellement passé. Un texte avec un relatif suspense et des pages terribles, poétiques et le beau portrait touchant, troublant d'une femme de volonté et de sacrifice. Quand les secrets de famille resurgissent, quand l'histoire avec un grand H a bouleversé la vie de gens simples.
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