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L'envol du migrateur

Couverture du livre « L'envol du migrateur » de Ismail Kadare aux éditions Fayard
  • Date de parution :
  • Editeur : Fayard
  • EAN : 9782213603513
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Le terme n'existe pas, en français, pour désigner ces miniromans, de 50 à 100 pages, denses et polyphoniques, qui sont le genre de prédilection de Kadaré (qu'on songe au Firman aveugle, au Concours de beauté masculine dans les Cimes maudits, à La Grande Muraille, etc.), et celui auquel il semble... Voir plus

Le terme n'existe pas, en français, pour désigner ces miniromans, de 50 à 100 pages, denses et polyphoniques, qui sont le genre de prédilection de Kadaré (qu'on songe au Firman aveugle, au Concours de beauté masculine dans les Cimes maudits, à La Grande Muraille, etc.), et celui auquel il semble devoir se consacrer désormais dans le domaine de la fiction, en ce qu'il contient à ses yeux les vertus littéraires par excellence : la densité et la sobriété.
- L'Envol du migrateur (connu initialement sous le titre La Menace du soleil) conte le miracle qui a éclairé la fin de vie du grand poète Lasgush Poradeci dans sa maison-refuge de la station de Pogradec, au bord du lac du même nom: une jeune femme lui a rendu visite et une idylle est née entre elle et l'écrivain octogénaire.
Dans la même villégiature vient s'installer de temps à autre le Guide suprême. À propos de ce dernier, le Poète interroge, goguenard: "Est-ce que l'Autre est mort ?" En revanche, le Dictateur s'angoisse de la disparition du Poète : "Il avait le sentiment de tenir le Poète sous sa coupe tant que celui-ci était en vie, mais il n'ignorait pas qu'une fois mort, il échapperait à son emprise. Or mourir, justement, était la seule chose qu'il ne pouvait l'empêcher de faire..." De fait, comme la nuit fait ressortir l'éclat des étoiles, c'est la mort qui fera resplendir le Poète, celui qui, reprenant la menace proférée par le Soleil contre Zeus chez Homère, peut s'écrier à la face des tyrans: "Je descendrai en Enfer et ne brillerai que pour les morts!..." - Le Chevalier au faucon : Après le débarquement des troupes italiennes en Albanie au début de la dernière Guerre mondiale, le comte Ciano, gendre de Mussolini, se fait construire un relais de chasse dans les marais bordant l'Adriatique. L'architecte, nommé Mohr, construit un bâtiment austère. Il se sait condamné par un cancer du foie et conçoit les plans du relais dans un état second, comme dictés par la Mort. En particulier lui est comme imposé pour seule et unique décoration un tableau dont il fait venir une copie de Scandinavie, représentant un Chevalier convié à une chasse et dont le visage angoissé semble proférer l'avertissement qu'un meurtre sera commis au cours de la partie de chasse.
L'architecte mort, le relais prend vie, lieu de stupre, de réunions secrètes et bientôt de crimes. Par suite de ce qui apparaît comme un complot fomenté contre le Duce, Ciano est passé par les armes. Des enquêteurs sont dépêchés au relais de chasse où ils deviennent demi-fous, mêlés aux paysans des environs et à leurs troupeaux de chèvres qui envahissent les lieux. Puis les Allemands y ramènent l'ordre nazi. Puis le régime communiste y substitue le sien. Un jeune interprète albanais qui a participé à maintes entrevues secrètes entre dirigeants communistes est assassiné au cours d'une chasse au canard.
Cinquante ans après la mort de l'architecte, son fils vient enquêter, pour se conformer aux dernières volontés paternelles, afin de savoir ce qu'est devenu le relais, sur quel gibier humain s'est abattue la mort annoncée par le tableau du Chevalier au faucon.
- Histoire d'une union des Écrivains telle que reflétée dans le miroir d'une femme : ce récit se déroule au plus fort de la mini-révolution culturelle albanaise qui vit la plupart des intellectuels et artistes envoyés travailler de leurs mains dans les campagnes ou les usines en application du principe de "rotation des cadres", comme on disait à l'époque.
Le siège de l'Union des Écrivains se dresse face à l'orée d'une ruelle où le jeune narrateur, écrivain lui-même, découvre l'existence de la seule prostituée à subsister dans tout Tirana : Marguerite. Dans ce pays entièrement socialisé, le commerce privé de ses charmes oblige la jeune femme à user de certains subterfuges: c'est sa mère qui rabat la clientèle grâce à son artisanat de tricot et de broderie.
Après une période de redoux apparent au cours de laquelle le Guide suprême va jusqu'à se livrer publiquement à un geste aussi décadent que le baise-main donné à une femme, le regel frappe l'ensemble de l'intelligentsia, assigné plusieurs années durant aux tâches manuelles afin de mieux se lier au prolétariat.
Le jeune narrateur, qui n'a cessé de rêver d'une nuit d'amour avec Marguerite, comme de la plus somptueuse transgression politico-littéraire possible, apprend, à son retour de relégation , que la jeune prostituée et sa mère se sont suicidées sur le lieu désolé où, artistes de la vie à leur manière, elles avaient elles aussi été reléguées .

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