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La première enquête du Dr Thorndyke !
Des diamants ont été dérobés dans le coffre-fort d'une entreprise.
Seuls trois hommes possédaient les clés au moment des faits : John Hornby - le patron - et ses neveux : Walter et Reuben, mais aucun de ces hommes n'a pu moralement commettre un tel vol. Pourtant la science des empreintes digitales, adoptée récemment par Scotland Yard, accuse Reuben. En effet, le voleur s'est blessé, laissant une empreinte sanglante à l'intérieur du coffre-fort...
Reuben clame son innocence, mais les preuves contre lui sont accablantes.
Le Dr Thorndyke, célèbre expert médico-légal, est chargé de l'enquête. Avec l'aide de Christopher Jervis, son ami médecin, et de son assistant, le fidèle Polton, il soumettra l'affaire à un examen scientifique minutieux.
Aucun indice ne sera laissé de côté. Même le plus insignifiant...
L'Empreinte Sanglante, The Red Thum Mark dans la version originale parue en 1907, a été publié en 1933 par la Nouvelle revue Critique dans la collection L'Empreinte, puis réédité en 2020 sous le titre L'Empreinte de Sang par les éditions Flamant Noir. Il s'agit de la première enquête du docteur Thorndyke. Le style, mêlant érudition et expressions imagées, est agréable à lire. La plume de Richard Freeman fait preuve d'une certaine recherche: "L'allusion de Thorndyke au possible danger que présageait mon intimité grandissante avec miss Gibson m'avait pris par surprise, et je l'avais ressentie, en vérité, comme une forme d'impertinence. Néanmoins, cela me donna matière à réflexion, et je commençai à suspecter que les yeux attentifs de mon perspicace ami avaient pu détecter dans mon attitude envers miss Gibson quelque chose qui suggère des sentiments insoupçonnés de moi-même." (Page 55)
Les chapitres sont assez longs; l'histoire est racontée au passé par le docteur Christopher Jervis, ami de Thorndyke qu'il suit dans ses investigations, un peu à la manière du docteur Watson avec Sherlock Holmes. Les scènes sont détaillées avec soin, notamment les passages scientifiques, rappelant la formation médicale de l'auteur: "Et c'est ce qu'il fit, avec beaucoup d'attention, tandis que Thorndyke posait les lames de verre sur la platine du microscope et entreprenait de faire le point. J'observai également, et j'appris un bon nombre de choses en notant les gestes de mon collègue. Après un examen à l'aide la lentille de 150 mm, il tourna l'embout pour amener l'objectif de 25 mm et y ajouta un œilleton plus puissant." (Page 32)
Postulat de départ: l'empreinte digitale ne peut constituer qu'un indice et non pas une preuve directe. Un intéressant point de vue si l'on considère que le roman a été écrit en 1907, et que c'est en 1901 que l'inspecteur britannique Edward Henry crée le premier fichier d'empreintes digitales, complétant ainsi la méthode mise au point par Bertillon
Un important lot de diamants, d'une valeur inhabituelle, a disparu du coffre-fort installé dans le bureau même de lord Hornby, propriétaire et gérant d'une entreprise de raffinage d'or et d'argent, dans d'étranges circonstances: la pièce était verrouillée, le coffre-fort semblait intact et le gardien qui fait des rondes régulières n'a rien vu ni entendu. Etant donné que le coffre-fort n'a pas été forcé, il est raisonnable de penser qu'il a été ouvert avec la clé, clé que John Hornby a conservée sur lui depuis qu'il a fermé le coffre, après y avoir déposé les diamants.
Le seul indice: des gouttes de sang dans le fond du coffre ainsi qu'un papier portant une belle empreinte de pouce faite avec le sang en question. Empreinte ayant été identifiée comme celle de Reuben Hornby, neveu de lord Hornby, l'accusant du crime, bien que celui-ci clame son innocence. Certes, les apparences sont contre le jeune homme, mais le docteur Thorndyke, qui refuse de se laisser influencer par cette empreinte, accepte d'assurer sa défense, deux semaines après les faits.
En tant que dépositaire gratuit des diamants, la responsabilités de sir John ne peut être engagée, sauf si une négligence grossière s'avérait, ce qui resterait difficile à prouver. Il pourrait donc être le coupable, tout comme son neveu Walter, peut-être même d'autres membres du personnel ou de la famille. Le docteur Jervis, qui se trouve alors sans emploi, va seconder son ami dans la recherche d'autres preuves incriminant ou innocentant son client. Commence une intéressante enquête...
Le plaisir de la lecture de L'Empreinte de Sang de Richard Austin Freeman se base sur deux plans: la découverte d'un auteur pionnier du roman policier inversé, dans un siècle dominé par les nombreuses innovations techniques et scientifiques où l'on croyait fermement que la science pouvait résoudre tous les problèmes, répondre à toutes les questions, même les plus complexes. Ainsi, c'est par des expériences scientifiques et des résonnements pragmatiques que le docteur Thornbyke se propose de résoudre l'affaire de la disparition des diamants. Mais également l'intérêt historique quant aux méthodes d'investigation alors en cours et en plein développement: l'anthropométrie, le bertillonnage, précurseurs de notre époque empirique où aucune affaire criminelle ne saurait se passer du concours des techniques toujours plus pointues qu'offre la médecine légale.
Nous connaissons tous les méthodes employées par Sherlock Holmes et le journaliste Rouletabille, entre autres, basées sur l'observation et les indices factuels; j'ai néanmoins beaucoup de plaisir à vous présenter le docteur Thornbyke, moins célèbre et pourtant tout aussi brillant et intéressant que ses confrères détectives. Dans ce premier opus, vous ferez connaissance avec ce personnage sympathique, son environnement, son histoire et ses méthodes originales. Un roman très attachant et agréable à lire.
Ce roman policier a été écrit il y a plus d’un siècle, par Richard Austin Freeman, célèbre auteur britannique, contemporain de Sir Arthur Conan Doyle. Encore lu de nos jours en Angleterre, l’auteur est l’inventeur du « polar inversé », structure narrative du récit policier où le lecteur se voit narrer au début du texte comment le criminel perpètre son forfait (ancêtre de l’inspecteur Colombo…). La maison d’édition Flamant Noir propose une nouvelle traduction de cette première enquête du Dr Thorndyke.
Lorsque des diamants sont dérobés dans le coffre-fort d’une entreprise londonienne, les soupçons se portent sur les trois hommes qui en possèdent la clé: John Hornby, le patron, et ses neveux : Walter et Reuben. L’étau se resserre très rapidement sur ce dernier car l’empreinte de son pouce ensanglanté est retrouvée à l’intérieur du coffre. Pourtant Reuben clame son innocence. Le Dr Thorndyke, célèbre expert médico-légal, se charge de l’enquête, aidé par Christopher Jervis, son ami médecin, et épaulé par son assistant, le fidèle Polton.
Comme dans les romans de Sherlock Holmes où le docteur Watson raconte l’histoire, celle-ci est relatée par le bras-droit de Thorndyke, le docteur Jervis. Un point de vue qui permet de ménager le suspense quant à la résolution de l’enquête et d’aérer le récit en intégrant un côté sentimental: une passion va en effet naitre entre le docteur Jervis et Juliet Gibson, une amie de l’accusé.
J’ai apprécié le rythme et le style bien différents des thrillers contemporains. L’époque est fort bien retranscrite au travers des mœurs et des relations entre les personnages. Côté enquête, il m’a semblé très intéressant de découvrir les techniques anciennes d’étude d’empreintes, considérées comme indice significatif mais qui ne pouvaient être une preuve formelle. Le problème est toujours identique aujourd’hui avec l’ADN puisse qu’il y a toujours possibilité de manipuler une scène de crime en déposant un ADN pour incriminer un innocent.
J’ai passé un très bon moment de lecture avec ce roman: nul doute qu’il ravira les adeptes, comme moi, des enquêtes de Sherlock Holmes. J’attends désormais avec impatience la seconde enquête du trio. Je remercie Net Galley et les Editions Flamant Noir pour cette découverte.
Richard Austin Freeman (1842-1943) est un contemporain de Conan Doyle qu'il est difficile d'oublier lorsqu'on parle de roman policier anglais de cette époque. Freeman est considéré comme le père du polar inversé -celui où l'on connaît le coupable dès le début repris et popularisé plus tard dans la série télévisée Columbo.
L'empreinte de sang est la première enquête du trio Thorndyke-Jervis-Polton écrite en 1907. Assez prolifique, Freeman est semble-t-il toujours beaucoup lu en Angleterre et je trouve étonnant qu'il ne le soit pas en France ; seuls quelques titres ont été traduits dans les années 30 et 40 dont icelui en 1933. Tous les ingrédients d'un bon roman policier d'époque sont là : la trahison, l'ambition, l'honneur, l'amour... La méthode de Thorndyke est particulièrement claire et plaisante à suivre et l'on sent que le protagoniste et le deutéragoniste (second rôle) vont prendre de l'épaisseur au cours des prochaines intrigues qui leur seront soumises. Thorndyke est un détective-scientifique qui observe méticuleusement, sans jugement, sans opinion. Il accumule les indices, les détails et ce sont eux qui le mènent vers la solution.
Franchement je me suis régalé. Évidemment, le style n'est pas aussi moderne que les polars contemporains malgré nouvelle traduction de Gabin Perry alerte et très abordable. Ce côté un peu désuet que la standardisation et la mondialisation de l'écriture de certains polars actuels a gommé est aussi ce qui fait son charme : l'écriture place mieux qu'un décor le récit dans son époque, dans les us et coutumes d'il y a un siècle. Dès lors, point besoin de description de lieux, de façades de maison,... le texte est dédié à l'enquête, à la recherche d'indices et à l'élaboration de la vérité dans l'esprit brillant de Thorndyke.
Quelle belle idée de la maison Flamant noir de rééditer cet auteur méconnu en France qui ne devrait pas le rester longtemps, tant je suis persuadé qu'à la lecture de cette recension, vous allez vous précipiter sur son site ou commander chez vos libraires préféré.e.s -permettez ces points médians car mes libraires préférées sont des filles-cette première enquête du Dr. Thorndyke. Moi, j'attends les autres.
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