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Au vu du succès mondial de cette musique, à ce jour la plus écoutée à travers le monde, cet essai critique s'efforce de retracer ce long processus de domination à travers les quarante dernières années et d'exposer ses terribles conséquences sur le tissu populaire : appauvrissement du langage, donc de la pensée, machisme, glorification de la culture ghetto de type US (culte des armes, de la prison, de la consommation de stupéfiants, de la violence verbale), « automythification » d'une jeunesse immigrée conduisant à une victimisation perpétuelle, et à la division des quartiers populaires : les immigrés d'un côté, les « desouche » de l'autre, et les femmes au milieu. Une « déconscientisation » politique à travers l'apologie de l'ultralibéralisme et du darwinisme sociétal amenant logiquement à l'atomisation de l'individu et au « chacun pour sa gueule », soit la fin de la nation et son glissement vers une société d'hyperconsommation.
Né au milieu des années 70 dans les ghettos noirs new-yorkais, le rap (signifiant entre autres « Rage against the police ») va rapidement s’imposer outre Atlantique comme le courant musical principal de la contestation. Dès les années 80, il envahit l’ensemble du territoire des Etats-Unis puis peu à peu celui de l’Europe en commençant par les banlieues défavorisées. Il devient le porte-parole des « sans-voix » qui peuvent enfin exprimer leur mal-être, leurs frustrations et leur rejet du système. Dans les années 90, il évolue en « gangsta rap », glorifiant les bienfaits des drogues, le bling-bling avec les grosses chaînes en or, les pétasses court-vêtues et les tueurs de flics. En ce qui concerne la France, ce sont quelques personnes branchées comme Bernard Zakri, correspondant à New-York du magazine « Actuel », Laurence Touitou, architecte et Sophie Bramly, photographe, qui l'importèrent et en firent la promotion. Ils passèrent le relais à Alain Maneval (Europe 1, émission « Pogo » et TF1 « Mégahertz ») qui commença à en diffuser sur les ondes croyant voir dans ce style musical un prolongement du mouvement « punk ». Une première tournée « Zulu Nation » fut un échec, le public préférant à l'époque le « rock steady ». Le succès finit par arriver en 1984 avec l’émission de télé « Hip-hop », NTM, IAM et autres Ministère Amer. Le rôle de Jack Lang, Jean-Paul Gaultier, SOS Racisme et Malek Boutih ne fut pas négligeable non plus…
« L’effroyable imposture du rap » est un essai sur un courant musical qui prédomina pendant plus de quarante années. Une incroyable longévité pour de la pseudo-poésie accompagnée de quelques riffs et scratchs de synthés, « rap » signifiant également « bavarder sur un fond rythmique » en argot noir américain. Si l’auteur, qui en fut grand fan avant de s’en éloigner, démonte bien le mécanisme de lancement d’un produit de consommation courante comme n’importe quelle lessive, s’il prouve que le but de l’opération était surtout de « calmer » les ghettos et ici les « banlieues » en y adjoignant une bonne dose de shit et qu’au bout du bout, que cette fausse « révolte » s’est terminée en consommation à outrance (basket, fringues, etc.) et donc en profits énormes pour ceux qui ont su en faire un bon filon (la fortune de Booba est évaluée à 40 à 60 millions de dollars), on se demande en quoi c’est plus une imposture que tout le reste et en quoi elle est effroyable, la récupération tout comme la marchandisation de tout et de n’importe quoi étant le principe même du capitalisme. Ouvrage intéressant si l’on veut s’informer sur les dessous de cette affaire, mais qui laisse un peu sur sa faim en raison de son titre racoleur.
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