Les romans indispensables de cette rentrée littéraire de janvier 2018
Au printemps 2015, un ornithologue amateur observe au sommet du puy de Dôme un petit oiseau, le traquet kurde, jamais vu en France auparavant, et dont nul ne sait comment il est arrivé jusque là. Sur la piste du traquet kurde, des vertes prairies du Hertfordshire aux montagnes du nord de l'Irak, le narrateur de ce récit, quant à lui, croisera les ombres de T. E. Lawrence, St. John Philby, Wilfred Thesiger et autres grandes figures de l'histoire impériale britannique.
Les romans indispensables de cette rentrée littéraire de janvier 2018
Autant le dire tout de suite, j'ai adoré « Le traquet kurde » de Jean Rolin ! Je n'ai pas lu tous les livres de cet auteur prolifique mais dans celui-ci on retrouve bien la manière de l'auteur.
Tout part d'un fait qui pourrait paraître négligeable à tous mais pas à Jean Rolin : on repère sur le Puy de Dôme un oiseau qui n'a rien à faire là , un traquet kurde donc.
A partir de cette anecdote, l'auteur fait voyager son lecteur dans le temps et dans l'espace, ce qui est me semble-t-il une part significative du rôle de la littérature, n'est-ce pas ? Autre caractéristique très importante de ce livre : il est écrit par un journaliste c'est-à-dire quelqu'un de curieux et qui s'intéresse aux gens que son enquête l'amène à rencontrer. Plus qu'une enquête à vrai dire, c'est une véritable quête qui habite l'auteur de ce livre puisqu'il se déroule principalement et pour une part dans un musée ornithologique anglais et pour une autre part au Kurdistan, aussi bien en Irak qu'en Turquie. Ah oui, parce que l'auteur s'est mis dans la tête, et par la même occasion dans la mienne, d'observer ce petit oiseau, le traquet kurde, dans son habitat naturel au Kurdistan.
Faisant montre d'un savoir ornithologique impressionnant, l'auteur multiplie les références à des ouvrages savants et des revues spécialisées. Ces rencontres livresques et surtout humaines fournissent la matière à beaucoup de notations, sérieuses aussi bien que loufoques ou humoristiques. Mais il ne faut pas s'y tromper, derrière cet humour pince-sans-rire, c'est l'histoire qui apparaît : celle du Moyen-Orient au cours de la dernière centaine d'années et le rôle qu'y ont joué la France, un peu, la Grande-Bretagne, beaucoup et des personnages aussi intéressants que T.E.Lawrence ou les Philby, père et fils.
Comme pour mes précédentes lectures de livre de Jean Rolin, j'ai apprécié la construction et l'écriture, faite de beaucoup de parenthèses, de digressions, de descriptions minutieuses et de renvois savoureux.
Recommandé !
J’ai lu le traquet kurde de Jean Rolin dès sa parution en 2018. J’écris de mémoire et à partir de mes notes ces quelques lignes les conservant au chaud en me promettant de parler de ce coup de cœur qui m’a éblouie.
C’est l’actualité internationale qui me sonne de réagir avec la décision des États-Unis de se retirer de la Syrie. Pour ne pas oublier le peuple kurde, le roman de Jean Rolin est à lire absolument. Parce qu’il parle de liberté et de paix et de l’éternelle quête de celles-ci en ayant comme emblème un petit passereau, le traquet kurde originaire du moyen orient et qui chose incroyable a été repéré en haut de la chaîne du Puy de Dôme en 2015. Que faisait-il donc là ? On peut voir dans cet oiseau l’image atroce de tous les réfugiés contraints de quitter leur pays et qui ont tout perdu.
La dure et triste réalité n’empêche pas la rêverie et la curiosité et c’est à partir de là que Jean Rolin, le narrateur, fin limier et éternel baroudeur de la vie part à la recherche des origines de ce petit oiseau. D’abord, à travers les collections muséales ornithologiques britanniques et surtout par un formidable voyage d’initiation à travers le Moyen-Orient jusqu’au mont Nemrut Dag et au tombeau mausolée d’Antiochos. Ce voyage, qui se poursuit jusqu’en Afrique du Sud comparable à ceux des anciens explorateurs pacifiques et non voleurs, un carnet de croquis à la main, m’a subjuguée et m’a laissée frémissante devant tant de beauté. Intensément nostalgique aussi parce qu’il renvoie à notre finitude face à l’immensité de la nature si belle et si vulnérable avec la menace d’extinction qui pèse sur les oiseaux et tant d’autres espèces animales et aux trésors archéologiques qui font partie de notre héritage commun de l’humanité.
J’ai aimé les grandes emballées digressives, truculentes et anecdotiques de la première partie du livre même si je préfère ne pas voir les animaux empaillés. En parcourant les allées du musée, j’ai appris les grands noms de l’armée britannique qui ont fait les heures de gloire de l’espionnage et du contre-espionnage dont la passion pour l’ornithologie leur servait le plus souvent de couverture.
J’ai adoré l’envolée lyrique et passionnante du voyage vers ce territoire à l’est de la Turquie et au nord de l’Irak, le Turkistan où la nature et les animaux ne connaissent pas les frontières et la guerre des hommes. J’ai aimé entendre la voix rieuse et tendrement ironique, chaleureuse, pleine de vie et d’enthousiasme de Jean Rolin qui s’émerveille de ce qui l’entoure comme la transhumances spectaculaire de 500 chèvres noires à travers les montagnes abruptes du Mont Shirin. J’ai vu les coquelicots, les tulipes et les anémones.
J’ai vu la vie et la mort qui rôde tout près. J’ai vu un territoire magnifique et un peuple qui aspire enfin à la paix.
Le roman est comme le vol de ces milliers de traquets kurdes aperçus sur le mont Nemurt, un spectacle unique et magnifique.
Merci Monsieur Jean Rolin.
Les animaux en zone de guerre est un des sujets de prédilection de Jean Rolin dont on se souvient encore du remarquable "Un chien mort après lui". Ici oiseaux et ornithologues sont à l'honneur, dans cette quête improbable mais fascinante du Traquet Kurde, avec comme à l'accoutumé chez Rolin un peu d'histoire et des personnages truculents entre Lowry et John Le Carré. Ecrivain du territoire et de sa faune, il reste unique au sein de la littérature française. Un très très grand plaisir que de poursuive ce Traquet avec lui.
Vous voulez suivre un passionné d’oiseaux qui en 2016, vous embarque dans un magnifique voyage du Puys de Dôme aux Kurdistan irakien, syrien, turque et iranien en passant par l’Angleterre, l’Arabie saoudite, les pays du Golfe et vous rassasier d’érudition? N’hésitez pas une seule seconde à lire ‘le traquet kurde’ de Jean Rolin!
En mai 2015, un traquet kurde est observé au sommet du Puys de Dôme ce qui n’est nullement sa place. Ce petit oiseau monogame hiverne dans les pays riverains de la mer Rouge ou du golfe Persique. Il vit entre 1100 et 2100 mètres d’altitude. Il se reproduit en avril sur la zone montagneuse turque à l’ouest de l’Iran laquelle est habitée par le peuple kurde… Son chant ressemble à see-wat-chew eepper, watchew-errra, wee-chu chree et information venant du même guide anglais signé Peter Clement « Robins and chats », l’oiseau serait « vagrant to France », soit « erratique en France ».
Jean Rolin dont nous découvrons la vocation d’ornithologue, nous embarque dans un remarquable voyage au Moyen-Orient, à la poursuite d’un petit oiseau rare à la queue orange… L’auteur nous livre un travail de recherche monumental à travers les travaux des ornithologues d’avant 1900 à nos jours, dont ceux de Meinertzagen et bien d’autres et on découvrira que cette passion a toujours été une bonne couverture pour les espions et que nombre de passionnés sont devenus espions ou porteurs de valises sans en avoir la particulière intention. Le récit dès lors va devenir fichtrement captivant. Nous découvrirons les biographies passionnantes de nombreux acteurs politiques, scientifiques, aventuriers ou militaires ainsi que des faits historiques tels la création de l’Arabie saoudite et les premières découvertes scientifiques du Désert des Déserts.... Nous suivrons l’auteur jusque dans les montagnes aux Kurdistan turque, syrien, irakien, iranien jusqu’à la frontière iranienne et à 30 kms de Mossoul, ville alors, aux mains de l’Etat Islamique. La description est réaliste car vécue. Les champs, les points d’eau, les gens, les terrains minés, les sentiers, les loups, les ours, les vautours, les oiseaux bien sûr, les oiseaux juchés sur les piquets signalant d’un triangle inversé sur lequel est dessiné une tête de mort, la probabilité de mines enterrées et entre 2 piquets un lac où les femmes lavent et font sécher du linge…
Un voyage passionnant mais toujours pas de traquet kurde… Et cela va nous tenir jusqu’à la fin. Où et quand et comment l’oiseau va-t-il sortir des pages ?...Ce sera au sommet de Nemrut Dag… au pied d’une statue d’Apollon sans tête…
Ce bouquin est un bijou !
« … il est probable que sans le regain de sympathie pour la cause kurde suscité par les événements de Kobané, le caractère également kurde du traquet égaré au sommet du puy de Dôme n’aurait pas éveillé le même intérêt. »
Merci Monsieur Jean Rolin pour ce livre qui fait du bien et honore la littérature française et ses écrivains voyageurs remarquables.
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