“Le rire désarme, ne l'oublions pas.” disait Pierre Dac. Dans l'album "Le Tapaf", tout tourne autour du rire. Le rire symbolise la gaîté, le vivre ensemble, mais c'est aussi une arme redoutable pour lutter contre l'oppresseur.
Dans "Le Tapaf", l'oppresseur a une forme mal définie, mais une...
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“Le rire désarme, ne l'oublions pas.” disait Pierre Dac. Dans l'album "Le Tapaf", tout tourne autour du rire. Le rire symbolise la gaîté, le vivre ensemble, mais c'est aussi une arme redoutable pour lutter contre l'oppresseur.
Dans "Le Tapaf", l'oppresseur a une forme mal définie, mais une réelle agressivité. Inconsistant au début, la récurrence de ses attaques va faire grossir l'aura de peur qu'il suscite à la fois métaphoriquement et physiquement. Si l'album s'adresse aux enfants, il peut être lu et apprécié par leurs parents, car le travail des deux auteurs, Myriam Ouyessad et Fred Sochard, est si fouillé qu'il est aisé d'y voir une double-lecture.
Le schéma narratif proposé dans "Le Tapaf" suit une trame classique qui permet à l'enfant de mieux comprendre la manière dont l'oppresseur acquiert son pouvoir et, comment, par peur des représailles ou l'absence d'opposition, la marge de manoeuvre de ce dernier s'accroît rapidement jusqu'à donner naissance, dans le pire des cas, à une dictature. Pour lutter contre les petits et les grands "tapafs" qui œuvrent contre le vivre ensemble, l'album de Myriam Ouyessad et Fred Sochard ne propose pas de solutions clef en main, mais insiste sur la nécessité de résister et présente le rire comme un vecteur de lutte puissant.
Avec nos yeux d'adultes, difficile de ne pas voir dans cet album des résonances avec les événements survenus ces dernières années, des actes innommables qui ont eu un impact réel sur nos modes de vie. Si l'on rit toujours, notre chère liberté d'expression semble avoir perdu de sa superbe, tout comme le sentiment d'insécurité qui nous pousse désormais à nous interroger sur la nécessité, le besoin de participer ou non à un événement culturel susceptible d'être médiatisé.
« Le Tapaf » interpelle petits et grands, car le sujet est universel, contemporain, qu'il est traité avec intelligence, humour, mais également, car il est magnifiquement mis en images. Un trait singulier, une utilisation habile des couleurs, quelques clins d'œil qui font écho aux propos des auteurs - difficile de ne pas penser au « Dictateur » lorsqu'on aperçoit l'un des clowns grimés en Charlot - autant d'arguments qui renforcent les qualités de cet album destiné à la jeunesse. À la maison, « Le Tapaf » n'a pas fait un mais deux heureux.
Merci à Babelio et aux éditions L'Elan Vert pour cet album reçu dans le cadre du Masse Critique consacré à la littérature de jeunesse.