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Irénée, brave garçon un peu naïf, rêve de faire du cinéma. La chance lui sourit enfin quand une équipe de cinéma fait des repérages dans la région. Il leur propose de leur faire découvrir le pays. Tout se déroule comme dans un rêve : les techniciens semblent l'avoir adopté. On lui propose même un contrat mirifique pour aller tourner un film à Paris. Ivre de joie et de vanité, celui qui se voit déjà en haut de l'affiche n'est en réalité qu'un schpountz, c'est-à-dire le dindon d'une farce pas très fine. Pourtant il a plus de ressources qu'on semble le croire, peut-être même un certain génie... comique.
Irénée s'ennuie dans l'épicerie de son oncle, près de Marseille. Son oncle, c'est lui qui l'a élevé avec son frère Casimir à la mort de leur père. Mais Irénée, grand dadais naïf et gaffeur ne rêve que de cinéma. Aussi lorsque qu'une équipe vient faire des repérages pour tourner une version de Manon Lescaut, Irénée va-t-il la voir. Pour ce jouer de l'échalas pas très modeste qui se voit déjà star, l'équipe lui monte un canular : elle lui signe un faux contrat pour un futur film Le Schpountz, ce terme désignant un homme qui raisonne convenablement sauf lorsqu'il s'agit de cinéma où il se voit star. Mais Irénée, véritable Schpountz y croit et monte à Paris.
L’œuvre de Marcel Pagnol mise en bande dessinée ça ne peut qu'être de grands moments. Le Schpountz, je me souviens de ce film avec Fernandel et cette célèbre tirade "tout condamné à mort aura la tête tranchée" dite à la manière de Cyrano, en plusieurs versions selon les sentiments joués. Le dessin d'Efix est vif, virevoltant, drôle et rajoute une touche d'humour dans le scénario déjà bien pourvu. J'aime beaucoup Efix et je tiens sa trilogie Putain d'usine et Tue ton patron pour l'une des grandes réussites de la BD. Il y a aussi ça et là des clins d’œil (par exemple des soldat romains sur un plateau de tournage, qui ressemblent étrangement à ceux qu'on croise dans Astérix) et c'est surtout un bel hommage au cinéma des débuts. Bref, une bonne histoire légère et drôle, qu'on lit avec l'accent évidemment.
Chronique précédemment publiée sur le blog sambabd.be
Je crois que j’ai fait une bêtise… Sachant que j’allais chroniquer Le Schpountz, je me suis dit que ce serait bien d’avoir au moins vu l’original. Non, non, la bêtise n’est pas là mais juste après. Oui, en effet, car juste après avoir terminé le visionnage du film je me suis embarqué dans la lecture de la BD. Résultat : impossible de lire les répliques d’Irénée sans entendre la virevoltante voix de Fernandel chanter son accent marseillais du fond de sa gorge rauque, du moins sur une bonne moitié du bouquin. En outre, ayant encore le film dans les yeux et les oreilles, ce fut difficile de se concentrer sur ce qui fait l’intérêt de cette BD.
Voici malgré tout ma conclusion : elle en a ! Quoi ? eh bien, de l’intérêt peuchère !
D’abord, niveau scénario, les auteurs ont bien fait quelques petites coupes ET quelques rajouts (ils sont partis du script du film et non du film lui-même) par rapport au film, mais tout ce qu’on lit est de Pagnol. Sa plume et sa verve font mouche, dans les dialogues plus que tout. Un esprit chagrin autre que le mien pourrait relever, voire regretter, des différences de plus en plus marquées entre la BD et le film au fil de la lecture. Comme si les auteurs avaient eu dans l'idée de coller au film au début du projet pour ensuite s'apercevoir que ce n'était peut-être pas si nécessaire que cela. Mais bon, rien de bien méchant non plus...
Mais c’est surtout au niveau du dessin que cette BD m’a séduit. Efix commence par remercier Gotlib « pour… tout ». Le ton est donné. S’il possède bien son propre style, l’influence de Monsieur Fluide est omniprésente, et c’est plutôt un avantage quand on s’attaque à une œuvre cinématographique. Les cadrages, certains détails, les regards, les mouvements… On est clairement dans un univers gotlibien. D’ailleurs, ce dernier est également appelé à la rescousse quand il s’agit de traiter la fameuse scène où Fernandel déclame sur le ton d’émotions aussi diverses que variées l’article du Code Civil indiquant (on est en 1937…) que « Tout condamné à mort aura la tête tranchée ». Efix s’en sort ainsi par une double page que n’aurait pas reniée le père de Gai Luron. Une autre double page abordant un dialogue essentiel du film (sur les bienfait du "comique") utilise les montagnes russes, toujours à la sauce Gotlib.
Deux derniers détails concernant le dessin. D’abord, la BD est en couleur quand le film est en noir et blanc. Je ne suis pas fan du traitement chromatique mais le travail est soigné et il fait parfois intervenir un noir et blanc opportun, notamment en couverture. Enfin, l’accent de Marseille. Je ne sais pas qui a eu l’idée, le dessinateur ou l’un des scénaristes, mais le fait d’utiliser du gras sur la police de caractère dans les phylactères pour faire ressortir l’accent du Sud et une solution très efficace.
Pour finir, je n’ai pas encore eu l’occasion de lire d’autres adaptations de Pagnol (ils adaptent TOUT Pagnol) chez Grand Angle, mais je trouve celle-ci plutôt réussie.
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