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Dans le prologue qu'il écrivit pour la première édition de Azul... (1888), voici ce qu'Eduardo de la Barra dit sur Le Roi bourgeois et L'Oiseau bleu « [Il y a dans Azul...] ces trois tableaux, une petite trilogie : « Le Roi bourgeois », « Le Voile de la reine Mab » et « La Chanson de l'Or ». Regardez-les bien.
Vous voyez ? Leur protagoniste est le Poète, toujours le Poète, seul, méconnu, abandonné, affamé, presque un mendiant, et, cependant, comme Colomb, il a tout un monde dans la tête. Le bourgeois devenu roi, maître de l'or et du pouvoir, voit le poète et le place en dessous de ses laquais, là-bas, parmi ses oiseaux, où il tournera sans cesse la manivelle de son orgue de barbarie !... C'est une nuit rigoureuse d'hiver; la salle du festin brûle comme une braise d'or ; par ses fenêtres, s'échappent des bouffées de lumière et des explosions de joie ; là, on jouit et on rit ; là, on applaudit follement les bêtises ampoulées d'un rhétoricien !... Et dehors, quelle ironie !, la neige, la faim, le désespoir bourgeois... le poète qui meurt à la lumière des étoiles mélancoliques.
Vous avez compris ? Ce poète, ce génie qui passe sans être vu à côté des grands de son temps, qui vit en souffrant et meurt de chagrin et de froid, a beaucoup de noms, il s'appelle Homère, Camoens, Le Tasse, Shakespeare, Cervantes... Comparez ces fronts humbles touchés par le doigt de Dieu, avec les têtes hautaines couronnées par la main de l'homme ou du caprice !...
Vous avez là l'éternelle histoire de l'or bourgeois écrasant le talent et celle de l'inspiration enchaînée à la misère ; vous avez là l'universalisation de l'idée exprimée poétiquement.
Ce conte ancien, narré avec une élégance nouvelle et enchanteresse, est une toile qui mérite un cadre en or. N'est-ce pas, belle lectrice ? - Mais, diantre ! Vous restez pensive ! Votre front délicat ploie-t-il sous le poids de graves pensées ? Ah ! Celles-ci naissent de tableau-même, que l'auteur, par une ironie amère, a appelé conte joyeux !
[...] Nous sommes donc passés du pays des fées à la prose de la vie, et nous nous trouvons au café Plombier, en pleine Bohème, un bock à la main et la pipe à la bouche... Là, s'agitent en désordre, des groupes d'étudiants et d'artistes, d'âmes errantes et de penseurs, têtes phosphorescentes bien remplies, fronts juvéniles qui cherchent, avides, le vieux laurier vert.
Il y a là ce Garcin, aimé entre tous, triste, rêveur, bon buveur d'absinthe, brave improvisateur, et, comme bohème, un Bayard sans peur ni reproche. Vous le voyez bien, le costume et la scène ont changé, mais c'est le même poète anonyme que le roi bourgeois a laissé mourir de faim, celui que la Reine Mab a enveloppé dans son voile, le mendiant qui a lancé dans les airs telle une flèche de feu, sa stridente « Chanson de l'Or ».
Les bohèmes le nomment Oiseau bleu. Il fait des madrigaux et cueille les violettes des champs pour Nini, sa belle voisine.
Mais, le candide et doux idylle est brusquement interrompu par la mort de Nini.
Garcin sourit tristement, dit au revoir à ses amis comme si c'était une blague, mais avec des mots mystérieux et, ensuite, met fin à l'idylle en se faisant sauter la cervelle.
Édition de luxe à tirage limité, coffret numéroté en tissu sur carton plume, texte en accordéon sur papier ivoire. Intérieur papier Vivaldi au choix bleu, gris ou framboise
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