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Les grands-parents du jeune Peter Debauer travaillent comme relecteurs pour une collection de littérature populaire. Souvent, Peter dessine ou fait ses devoirs au dos de jeux d'épreuves corrigées. Un jour, il se met à lire un de ces feuilletons malgré l'interdiction grand-parentale. Intrigué, il découvre dans le récit pourtant incomplet d'un prisonnier de guerre détenu en Sibérie des détails qui se rattachent étrangement à sa propre vie... Une longue quête commence alors pour lui, et sa volonté de découvrir la fin de l'histoire l'entraînera dans une odyssée à travers l'Histoire allemande et le passé de sa propre famille.
"Le retour" est présenté comme le digne successeur de "Le liseur". Ce n'est probablement pas le le cas mais il n'en est pas moins intéressant. Peter, le protagoniste, a une vie bien organisée, peu de rêves, peu de famille, et peu de questions existentielles qui le traversent malgré une nature plutôt triste et angoissée. La rencontre avec Barbara, une femme rêveuse, énergique, tendre, agacée aussi et pas toujours facile à vivre, bouscule la recherche de l'étrange "Karl", le protagoniste des livres qu'écrivaient en secret ses grands-parents paternels (une mise en abîme). Et la mère de Peter n'est d'aucun secours, murée dans un silence obtus (très beau personnage aussi).
Si la première partie semble longue (le livre est en cinq parties) c'est qu'elle plante les détails de l'histoire et fait écho à la "théorie des fantômes et des revenants" (de A. Ancelin Schützenberger) magnifiquement bien mise en actes ici.
Entre l'idéal d'un père inconnu et peut-être une réalité si le "Karl" des histoires fictives croisent le "John" qui fut son père, les histoires de famille restent finalement silencieuses, et pourtant expliquent bien des trajectoires.
Comme toujours, Bernhard Schlink aborde aussi les relations de l'Allemagne coupée en deux après la 2e guerre mondiale mais aussi ce qu'est le Droit, comment il est définit, comment il est construit, comment il évolue. Cette réflexion arrive dans la 4e partie et elle est forte tant le Droit nous parait naturel et juste alors que c'est une construction qui répond souvent à des intérêts spécifiques qu'ils soient sociétaux ou plus individuels. L'auteur questionne aussi nos idées reçues sur ce que nous comprenons de l'Histoire et comment nous jugeons ceux qui ont vécu en pensant être nous-mêmes à l'abri de tout.
Seul bémol, et de taille, c'est la traduction. Elle est particulièrement maladroite et lourde ce qui ne rend pas service à cette oeuvre : des erreurs de vocabulaire ("les encombrements" pour les embouteillages p. 85 ; la "middlelife-crisis" qui est la crise de la quarantaine p. 95, "disputer" pour débattre qui n'est presque plus usité; etc.) ; des pléonasmes ("noria continue des avions" p. 321, etc.) et un style vraiment désuet et ampoulé.
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