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Revisitant le sujet d'une ancienne chanson populaire balkanique, Ridvan Dibra nous livre ici un roman psychologique sur l'exclusion, la solitude et la vengeance aux accents parfois oedipiens. Dans un style épuré et très oral, il plonge le lecteur dans les pensées et la psychologie tourmentées du jeune Bala qui, depuis la mort inexpliquée et brutale de son père, semble s'être définitivement isolé d'un entourage non moins hostile. Convaincu qu'il s'agit d'un meurtre et qu'il ne connaît que trop bien l'identité de l'assassin de son père, le petit Bala consacre son temps à fantasmer sa vengeance :
« Comment viser quand il faut fermer un oeil et non les deux ?
Comment viser la gorge ou le coeur où planter le canif pointu ?
Comment trouver sa bouche pour l'étouffer avec une serviette ou un coussin ?
Comment reconnaître les poisons à verser dans son vin ?
Pour la première fois dans sa vie, peut-être, Bala commence à apprécier d'avoir du temps. Ce temps qui coule quelque part, à l'extérieur de lui. Comme le Ruisseau blanc. Sans s'arrêter un seul instant. Sans s'arrêter ni revenir sur ses pas. Jusqu'à hier encore, il ne s'en souciait pas. Ou s'il s'en était souvenu, c'était exceptionnel. Tout comme pour ce qui lui est extérieur. Tandis que maintenant il doit agir. Il doit se dépêcher. Se dépêcher tant qu'il a encore un oeil qui voit. Même s'il ne lui en reste qu'un. Demain, il sera peut-être trop tard
Un personnage attachant, des chapitres courts, une écriture franche et directe font de ce récit un livre accessible aux lecteurs les moins aguerris.
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