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Quand le maître italien du Neuvième art revisite le chef-d'oeuvre d'Umberto Eco.En l'an 1327, dans une abbaye bénédictine du nord de l'Italie, plusieurs moines sont retrouvés morts. Pour mettre un terme à ces inquiétantes disparitions avant l'arrivée d'une importante délégation de l'Église, le frère Guillaume de Baskerville tente de lever le voile sur ce mystère qui attise toutes les superstitions. Assisté par son jeune secrétaire Adso de Melk, il va progressivement percer à jour les troubles secrets de la congrégation, et se heurter à la ferme interdiction d'approcher la bibliothèque de l'édifice. Pourtant, Baskerville en est persuadé, quelque chose se trame entre ses murs. Et bientôt, à la demande du pape, l'inquisiteur Bernardo Gui se rend à son tour au monastère et s'immisce dans l'enquête. Les morts s'accumulent et la foi n'est d'aucun secours...
Événement ! Milo Manara s'attelle à l'adaptation en deux tomes du chef d'oeuvre d'Umberto Eco, vendu à plusieurs millions d'exemplaires et traduit en 43 langues. Après Jean-Jacques Annaud au cinéma (1986), c'est un nouvel artiste de prestige qui s'empare du célébrissime polar médiéval. À la demande des héritiers Eco, Manara a eu carte blanche pour donner sa vision de l'oeuvre, et a pour cela choisi un triple parti pris graphique très audacieux. Son adaptation s'ouvre en effet sur Umberto Eco lui-même s'adressant au lecteur, dessiné dans un noir et blanc classique. Puis commence l'intrigue médiévale elle-même, et là Manara renoue avec le noir et blanc au lavis, rehaussé d'effets de matières et de modelés qu'il a déjà utilisé pour Le Caravage. Enfin, chacun sait que les livres tiennent un rôle fondamental dans l'intrigue, et Manara s'amuse donc de temps à autre à recréer des enluminures d'époque, réalisées à la manière des moines copistes du Moyen Âge. L'ensemble est mis en couleurs par la propre fille de Manara sous la supervision de son père, là aussi selon la même méthode qui a présidé à la réalisation du Caravage.
Cette bande dessinée est magnifiquement menée par Milo manara qui rend hommage à son ami, Umberto Éco et à son goût pour les livres, les histoires. Manara a toujours travaillé sur le désir et le pouvoir de fascination. Cela prenait la forme d’érotisme et de désir. Ici, on retrouve cet aspect là mais au coeur d’un lieu religieux, d’un questionnement très intime et des livres. Manara ouvre la BD en représentant Umberto Eco et sa découverte de cette histoire. Arrive rapidement la mention de fabuliste et d’imaginaire. Manara explore, tout au long de l’histoire, le pouvoir des livres. On voit les moines travailler sur les manuscrits et Manara s’empare du monde riche des enluminures.
Les couleurs, les formes, la rêverie déployées se confrontent à la grisaille du monastère. C’est cette déchirure sensible et de toute beauté, sous les mains de Manara et sa fille (coloriste de cet album) qui anime le frère Guillaume de Baskerville. Cela renforce son désir de connaître la vérité.
Le chef d’oeuvre d’Umberto Eco a rencontré un franc succès et le film de Jean-Jacques Annaud amplifié la renommée de cette histoire, en lui donnant un aspect visuel. Il est intéressant de voir le travail de Manara en regard de cette adaptation cinématographique. Face au Sean Connery du grand écran, le frère Guillaume de Baskerville prend les traits de Marlon Brando. Face au certain réalisme et au traitement policier du film, la BD explore tout le domaine et donne de la profondeur aux lieux. Le monastère semble un territoire sans fin, ce qui augmente la difficulté de résoudre cette enquête. Et il y a bien sûr la capacité de l’auteur de BD a mettre en scène et en image les rêves. Les peurs, les fantasmes et les croyances, tout ce qui habite le coeur des personnages, prennent forme et là encore, les couleurs jouent sur la confrontation et la déchirure intime vécue.
Le texte, qui est tiré du roman original, est beau et fort. Les dialogues, de l'auteur, sont très en deçà... Une œuvre qui n'apporte pas grand-chose quand on a lu le livre ou même vu le film.
A la demande des héritiers d’Umberto Eco, Milo Manara, dessinateur et scénariste italien, reconnu comme un véritable génie du Neuvième art, a eu carte blanche pour revisiter le célèbre roman Le Nom de la Rose. Ce premier tome s’ouvre sur Umberto Eco lui-même s’adressant au lecteur, dessiné dans un noir et blanc classe. Commence ensuite l’intrigue médiévale avec l’arrivée de Guillaume et d’Adso à l’abbaye. Comme dans le roman, cette BD est une véritable ode au livre, mais également aux dessins des enlumineurs qui sont, si l’on y réfléchit, les ancêtres de nos bandes-dessinées.
Les personnages sont vivants et très expressifs. J’ai adoré suivre Adso, le jeune narrateur. Les magnifiques dessins retranscrivent parfaitement sa vision du monde naïve, émerveillée et impressionnable. Guillaume de Baskerville, à qui Milo Manara a donné les traits de Marlon Brando jeune détonne dans cet univers sombre, empreint d’intolérance, d’ignorance et de fanatisme. L’atmosphère sombre, mystique et angoissante du roman transparaît dans chacune des planches. L’auteur, de plus, a eu l’intelligence de reprendre en grande partie les superbes textes et dialogues d’Umberto Eco, nous offrant ainsi une adaptation très réussie de ce monument de la littérature. J’ai été ravie de le redécouvrir ce chef-d’œuvre et ai hâte de lire le tome 2.
Comment ne pas avoir été marquée par la lecture du roman d’Umberto Eco, Le Nom de la rose ?
Lu, juste après avoir vu en 1986 le film éponyme de Jean-Jacques Annaud, je n’avais eu aucune once de déception en découvrant que le film était un beau miroir du roman.
Mais qu’allait-il en être de cette nouvelle adaptation, cette fois graphique, de ce récit, à mon goût culte ?
La couverture, dévoilée il y a quelques mois déjà, ne pouvait qu’augurer une belle mise en valeur du récit puisque le dessin a été réalisé par Milo Manara, dont j’avais beaucoup apprécié le travail sur le diptyque Le Caravage.
Dès les premières pages de l’album, on peut apercevoir le visage d’Umberto Eco qui s’adresse à nous lecteurs afin de nous expliquer quelles recherches il avait dû mener à bien entre 1968 et 1970 en Tchécoslovaquie, en France et en Argentine. Ainsi, le romancier italien avait pu s’atteler à la rédaction de l’histoire d’Adso de Melk.
S’ensuit une partie pour situer historiquement le 14e siècle avant qu’Adso de Melk, jeune assistant bénédictin, ne prenne la parole.
C’est lui qui va nous conter l’enquête que va mener, à ses côtés, le frère franciscain Guillaume de Baskerville après une série de meurtres qui se sont déroulés dans une abbaye située à la frontière italienne.
Ce qui m’a agréablement marquée, dès le début de la lecture, c’est l’atmosphère glaciale de cette histoire parfaitement bien retranscrite. L’hiver mais également les personnages, dont certains avec des têtes vraiment patibulaires, en étant pleinement responsables.
J’ai beaucoup aimé trouver cette alternance entre dessins retraçant la quête des personnages, dessins en sépia pour raconter des faits antérieurs, mais également les dessins montrant le travail de stakhanovistes qu’effectuaient les moines copistes qui dédiaient leur vie à cet art pour transmettre, de la plus magnifique des manières, leur religion.
Cette version graphique fidèle est parfaitement réussie et surtout maîtrisée. Elle correspond exactement aux attentes que je pouvais avoir en tant que lectrice, alors que celles-ci étaient visiblement haut placées.
Il en ressort ainsi un plaisir incroyable, celui de ne pas être déçue.
Il fait grand froid en cette fin novembre de l'an 1327 quand le jeune Adso accompagne son maître Frère Guillaume de Baskerville le long des flancs abruptes d'un monastère bénédictin. Ils sont là pour faire la lumière sur d'étranges évènements. Un moine, maître enlumineur, a été retrouvé mort au pied d'une tour de l'édifice.
Milo Manara s'empare du célèbre récit d'Umberto Eco dont nous avons tous soit vu le film, soit lu le livre, soit les deux. Tâche ardue s'il en est. La volonté semble ici de respecter au plus proche le livre en proposant des passages récitatifs illustrés et des dialogues denses
Le dessin de Manara se veut souvent discret et léger, accompagnant et illustrant la langue riche de Eco. Il n'en reste pas moins évocateur, quand il s'agit de marquer le poids des bâtiments, les tourments de l'esprit ou ceux de la chair avec des personnages forts, en particulier un Guillaume plus proche de Marlon Brando que de Sean Connery.
Si l'aspect polar médiéval tarde un peu à se mettre en route dans ce livre premier, il n'en reste pas moins sacrément intéressant de lire ce chef-d'œuvre dessiné par le seul qui pouvait peut-être en accepter le défi. Curieux de voir la suite !
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