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Ce sommet de l'histoire du roman anglais (qui en compte d'ailleurs beaucoup) date de 1860. Le thème principal en est l'amour tragique entre un frère et une soeur, qui se brouillent de longues années pour se réconcilier dans la mort. Entre-temps, la jeune fille a été amoureuse d'un infirme, puis du fiancé de sa cousine : mal lui en prendra. Le meilleur du livre est dans la peinture poétique de l'existence quotidienne la plus humble, dans «le sentiment de la question mystérieuse de la vie humaine et de la vie de la nature, des mystères sublimes auxquels nous participons en le sachant aussi peu que la fleur qui pousse» (Marcel Proust). On aimera ainsi «la nouveauté des images venant d'une vue tendre et neuve des choses».
J'ai toujours eu un faible pour la littérature anglaise classique et contemporaine. C'est donc avec plaisir que je me suis plongée dans la lecture de ce roman. J'utilise à dessein le verbe plonger car il faut descendre en profondeur de ses 780 pages, la description fouillée des caractères des personnages principaux ainsi que de celle de la nature environnante.
La jeune Maggie Tulliver grandit avec son frère aîné Tom dans le Moulin de Dorlcote, propriété de la famille de son père depuis plusieurs générations. Or, le caractère colérique de son père, son obstination vont conduire la famille à la ruine.
» Mr Tulliver, on le devine, n'était qu'un excellent meunier, mais il avait un caractère aussi fier et aussi obstiné que s'il avait été un grand personnage, chez qui de telles dispositions naturelles peuvent être la source de drames aux lointains retentissements. »
Maggie ne trouvera guère de soutien du côté de sa famille maternelle, ses tantes lui ayant toujours trouvé depuis l'enfance tout un tas de défauts impardonnables. Pourtant, la petite fille intrépide et farouche se transformera en une jeune femme sensible qui accorde beaucoup d'importance aux valeurs morales.
Mary Ann Evans (1819-1880) a dû prendre le pseudonyme de George Eliot pour pouvoir être publiée. Ce qui en dit long sur la société de l'époque quant à la liberté des femmes d' écrire des romans et d'être prises au sérieux.
Elle dresse un portrait de la petite bourgeoisie de l'époque sans aucune complaisance et en faisant montre d'une grande connaissance de l'âme humaine. J'ai beaucoup pensé à Balzac tout au long de ma lecture.
Si ce roman est remarquable, il faut bien convenir que nous, lecteurs du XXIème siècle, ne sommes plus vraiment habitués à cette lenteur dans le déroulement de l'histoire (bien que l'on puisse faire un parallèle avec la rivière Floss qui s'écoule paisiblement) et une telle profusion de détails.
Alors bien sûr, il y a ce temps du confinement actuel qui renforce ce sentiment de temps long et qui, peut-être, fait que j'ai été heureuse de remonter à la surface et de refermer le livre.
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