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« Ce livre, à la fois intime, entre soi et soi, et pourtant «hors de soi», c'est une sorte de causerie, le murmure d'une confession animée, mais aussi une apostrophe jouée, la fiction d'un entretien dramatique, un débat politique enfin - dans une langue au sujet de ladite langue.
Cela se passe avec soi comme avec tout autre quand un enfant d'hier essaie ainsi de parler de sa propre voix, et quand à son adresse il diagnostique cette maladie contractée à l'école, en Algérie française, un mal du timbre et du ton, une folie du rythme ou de la prosodie - mais d'abord une sorte d'hyperbolite généralisée.
Le diagnostic se prête de bonne grâce, mais non sans réserve, à ceux qui voudraient y lire une hypothèse généalogique, la petite auto-biographie d'un goût immodéré pour ce qu'on appelle la « déconstruction ». Dont la seule définition jamais risquée, la seule formulation explicite fut un jour, il vaut mieux le rappeler ici, «plus d'une langue».
Au passage, une discussion serrée entrelace d'autres thèmes : le phantasme de la «langue maternelle», l'homo-hégémonie comme «politique de la langue», le colonialisme de l'école et de la culture, la poétique de la traduction, l'interdit quant à ce que parler veut dire, l'histoire ancienne, récente et unique des Juifs-Français-d'Algérie, les prémisses et les lendemains de la guerre du même nom, les écarts, dans la langue de l'hôte, entre les sépharades et les ashkénazes, la «littérature française» quand elle devient pour un adolescent l'exemple, sans doute, mais aussi le modèle impossible, l'infigurable langue de l'autre. »
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