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Gus quitte l'enfance un été de canicule. A l'instar du paysage qui se craquèle et de la nature agonisante, la famille du garçon part en poussière : le père, force de la nature, se renferme sur lui-même, tandis que la mère, présence rassurante et complice, s'éloigne doucement, jusqu'à partir avec une autre femme. Livré à lui-même, Gus doit prendre les rennes de la ferme et assumer toutes les responsabilités : mener les militaires et leur camion citerne aux champs assoiffés, traire les vaches trop pleines d'avoir été oubliées ou prendre en charge Rudy l'aide fermier légèrement débile. Il abandonnera finalement les derniers restes de l'enfance entre les bras de Mado, avant que la nature ne retrouve la vie sous une pluie bienfaisante.
J’ai reçu des Editions Zoé, sises à Carouge dans le canton de Genève, un roman de Roland Buti "Le milieu de l’horizon". Après l’Ajar – collectif de jeunes romanciers – auteur d’un premier roman remarqué "Vivre près des tilleuls", Mélanie Richoz "J’ai tué papa", Lolvé Tillmans "Les Fils" et Tiffany Jacquet et son "Enfant du placard", j’ai le plaisir de retrouver cette littérature romande que j’affectionne particulièrement. Je remercie infiniment la maison d’éditions Zoé pour ce merveilleux moment de lecture.
Auguste – plutôt appelé Gus – jeune garçon de 13 ans nous narre l’été 1976 et sa terrible canicule. Il vit dans une ferme du canton de Vaud avec sa mère, son père et sa sœur aînée Léa, sans oublier Rudy, jeune homme "différent", recueilli par ses parents et qui aide aux travaux de la ferme. Il y a les vaches mais aussi une poussinière dans laquelle sont élevés des poussins qui seront vendus à l’âge adulte. Hélas, sous cette chaleur tout va partir en lambeaux.
Roland Buti nous raconte l’histoire de cette famille ordinaire et, comme toujours chez les auteurs romands, j’ai aimé cette faculté de transformer la grande simplicité de l’écriture en un roman parfaitement construit. J’ai aimé les descriptions fouillées et très imagées des lieux : "Les orages de l’été de 1976 ont battu une terre cuite et recuite. Ils ont haché menu des plantes épuisées par une longue lutte contre la sécheresse de l’air." J’ai aimé l’étude approfondie de chacun des personnages, les personnalités abordées pudiquement, les émois décrits subtilement, les amours effleurées délicatement. J’ai aimé la drôlerie de certaines scènes : "Shérif (c’est le chien) s’est relevé en s’ébrouant, avec calme, avec l’assurance d’un vieux routinier pour qui perdre connaissance et se réveiller sous la douche était désormais une habitude." Pourtant, il y a dans ce roman, une forme de tragédie latente, beaucoup de tristesse : celle de Gus au départ de sa mère : "Maman avait vingt et un ans lorsque je suis né. J’avais maintenant treize ans ; elle nous abandonnait… comme si toute la vie passée avec nous avait été une erreur, une parenthèse hors du temps.", celle de son père face aux dégâts liés à la chaleur, les poussins morts, les terres brûlées de soleil. Et ce n’est pas la pluie, un jour, trop tard, trop violente, qui pourra réparer. Et l’enfance de Gus s’en sera allée.
Ce récit, je l’ai lu le cœur serré mais les yeux émerveillés. Oui, c’est un très beau roman.
J’ajouterai une mention spéciale pour la version poche des Editions Zoé. La couverture de ce tout petit livre, dans les tons écrus, noirs et vert anis agrémentée d’une photo en noir et blanc, est du plus bel effet et reflète parfaitement le sujet abordé.
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