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Il s'agit d'un recueil regroupant dix nouvelles (dont la première donne son titre au livre) qui ont un fil directeur : l'évocation d'un magicien installé sur la passerelle reliant le bâtiment « Amour » (Aï) et le bâtiment « Confiance » (Hsin) du grand marché de Taipei, la capitale de Taiwan. Autour de ce magicien, tout un monde s'active dans des petits métiers car « on vendait toutes sortes de choses sur la passerelle : des glaces, des vêtements d'enfants, des petits pains au sésame, des sous-vêtements Wacoal, des poissons rouges, des tortues et des trionyx... ».
Le narrateur, enfant, tient un petit stand de semelles à côté et il est fasciné par le personnage du magicien et par ses tours, dont certains vont au-delà de la mystification habile du prestidigitateur pour atteindre à une sorte de mystérieux contact avec un monde parallèle. Hanté par ce personnage, le narrateur recherche tous ceux qui ont pu, à un moment ou à un autre, avoir des contacts avec lui afin de recueillir leurs témoignages. Et c'est le point de départ d'une suite de récits drôles, mélancoliques, et même parfois poignants, où le marché perd sa signification marchande et idéologique pour devenir le règne de l'aventure et du fantastique et où s'incarnent aussi les rêves et les angoisses d'une époque.
« L'omniprésence du marché, dont il s'amuse à distordre la mémoire, dans l'oeuvre de Wu Ming-yi, fait bien évidemment songer à la récurrence des lieuxmondes dans les oeuvres des écrivains faulkneriens, à l'instar du Macondo de Gabriel García Márquez ou du Gaomi de l'écrivain chinois Mo Yan. » (extrait de la postface de Gwennaël Gaffric)
Le magicien sur la passerelle est une sorte de roman sous forme de nouvelles tout à fait captivant !
J’aimerais commencer en affirmant que la couverture est sublime (et en plus, j’adore la matière). C’est une couverture intrigante et l’on se demande sa signification jusqu’à la toute fin du livre.
Le magicien sur la passerelle commence avec la nouvelle éponyme. Elle nous présente cette fameuse et fascinante figure du magicien qui sera l’élément phare de tous les récits.
Le magicien sur la passerelle est en effet une sorte de roman présenté sous la forme d’un recueil de nouvelles. Toutes les nouvelles apparaissent comme des chapitres qui nous font avancer d’un point à l’autre. Toutes ces nouvelles sont des témoignages que le narrateur, qui cherche à en savoir plus sur le magicien, recueille. Elles gravitent toute autour du marché de Taiwan, divisé en huit bâtiments : Chung, Hsiao, Jen, Ai, Hsin, Yi, Ho et P’ing.
Une poignée d’habitants du marché, anciens camarades du narrateur, racontent donc leurs souvenirs avec un personnage récurrent, celui du magicien. On se rend rapidement compte que celui-ci a laissé un souvenir impérissable à chacun et que personne n’a jamais réussi à percer le mystère qui l’entoure. J’ai aimé constater que le magicien a eu une influence sur la vie de chacun, d’une manière ou d’une autre. Toutes les histoires des différents narrateurs sont auréolées d’un peu de fantastique et de mystère à chacune des apparitions du magicien, et cela m’a paru fascinant.
J’ai adoré la structure du livre. En effet, grâce à ce mouvement de narration, on ressent une continuité entre chaque nouvelle, chaque témoignage, qui pourraient pourtant toutes se lire de manière distincte. Au fur et à mesure des récits recueillis par le narrateur, on en apprend de plus en plus sur les personnages qui apparaissent et disparaissent, comme le magicien forcément, mais aussi le devin par exemple.
Toutes les nouvelles sont présentées sur le mode « Tu te souviens… » et j’ai adoré ça puisque la figure du narrateur et celle du lecteur se télescopent en quelque sorte en tant que récepteur de témoignage. On a donc un sentiment d’intimité très puissant, avec cette sensation d’être réellement engagé dans l’histoire. C’est très agréable !
En définitive, commencer la lecture du Magicien sur la passerelle, c’est être prêt à vivre un moment absolument extraordinaire et fascinant, dépaysant. Ouvrir ce livre, c’est entrer dans un monde enchanté et envoûtant, et vivre un moment fabuleux. Je recommande vivement cette lecture !
Dans ce recueil de nouvelles, Wu Ming-yi convoque les amis d'un narrateur, qui lorsqu'il était petit garçon, fréquentait le marché de Chunghua : il y vendait des lacets sur la passerelle, à côté d'un magicien. C'est ce magicien qui a marqué tous les enfants du quartier que tous les enfants de l'époque, devenus adultes sont censés évoquer. Le marché renaît alors dans les esprits de tous, comme cet espace dans lequel ils ont grandi, aimé, se sont bagarré, ont rigolé, chapardé, ont appris la vie.
Première remarque, le livre est beau, couverture étonnante et originale, celle qui est sous vos yeux (un zèbre dans un escalier), mais aussi les deuxième et troisième de couverture qui sont un dessin du marché, effectué par l'auteur. Ensuite, eh bien, on retrouve dans ce livre tout le charme de la littérature chinoise : la nourriture, les us différents des nôtres, les nombreuses images provoquées par l'écriture, les paraboles, ... Tout cela pourrait être un récit d'enfance occidental, mais il y a ici une touche asiatique très présente. Elle se trouve sans doute dans la manière de décrire les personnages, moins physique que liée à leurs habitudes de vie, dans celle de décrire leurs faits et gestes toujours symboliques et dans les rapports des gens entre eux. Je manque de précision dans mon analyse, car c'est affaire de sensations, difficilement explicables.
J'aime bien l'idée de nous présenter d'abord le magicien au travers des yeux d'un garçon, puis de convoquer son souvenir par les enfants qui l'ont admiré, mais vingt ans plus tard lorsqu'ils sont adultes. Le récit devient nostalgique, parfois drôle, poignant, triste, mélancolique, fantastique. Tous les personnages ne parlent pas du magicien, mais tous parlent du marché, détruit entre temps. C'est dans ce lieu qu'ils ont grandi en petits citadins. C'est très bien fait. Les neuf nouvelles plus la dernière dans laquelle l'auteur explique comment il est parvenu à cette idée et à cette construction, se suivent, se mêlent... Certains personnages importants dans l'une deviennent une simple silhouette dans une autre, ils peuvent n'être qu'évoqués. C'est beau, c'est simple, fluide, et l'on a presque la sensation d'être dans un roman à diverses entrées. C'est un livre à l'écriture moderne, très fluide et agréable qui bénéficie d'une très belle traduction -autant que je puisse en juger, j'ai fait allemand seconde langue et pas chinois- qui rend cette lecture particulièrement plaisante.
Très beau travail de la maison d'édition L'asiathèque que j'ai découverte l'an dernier à l'occasion de l'année de la Corée. Wu Ming-yi est né à Taiwan. Il est professeur de lettres et auteur de plusieurs livres dont deux romans traduits en français (Les lignes de navigation du sommeil, You Feng, 2013, et L'Homme aux yeux à facettes, Stock, 2014). Un auteur à découvrir qui a des choses à dire et qui les écrit joliment. Commencez par ce recueil de nouvelles, pour vous faire une idée.
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