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La vie d'Anna est profondément ancrée dans l'histoire de ce vingtième siècle. Elle a grandi dans les années trente, n'échappant pas au carcan rigide d'une éducation traditionnelle, imposée par une mère très pieuse qui ne l'avait pas désirée. Après le décès de celle-ci, elle fait l'expérience du rejet de classe mais aussi de la liberté. Pendant la Seconde Guerre mondiale, en pleine révolte contre la société, croyant briser les tabous et les conventions, elle n'évitera pas les fausses pistes jusqu'à rencontrer un amour allemand : Frantz. Sa prise de conscience tardive de la nature du nazisme, après le choc de la découverte du génocide des juifs, la conduira à un engagement militant sans failles jusqu'à sa mort.
« J’écris pour la sauver de l’oubli. Jeter des mots comme on sème des graines… Vaste tentative d’immortalité dont l’écriture seule peut nous donner l’illusion. »
Ces quelques mots de Monique Etienne, autrice de cette magnifique biographie consacrée à sa mère, sont éloquents. Le journal d’Anna, ma mère, résultat d’un travail d’écriture admirable, est impressionnant.
Le texte est dense, riche, sans concession, plein d’une intimité surprenante parfois. Monique Etienne a aussi été bien aidée par les récits et le journal laissés par Anna, sa mère, comme ce message écrit par elle pour ses 70 ans, résumé franc et direct d’une vie riche en imprévus et en militantisme.
« Elle s’appelait Anna et elle est morte le 27 juin 2013. »
Sa vie s’arrête et c’est là que tout commence pour Monique Etienne qui se lance dans un travail minutieux aboutissant au livre que je viens de refermer et que j’ai eu la chance de lire grâce à Daniel Berthet que je remercie.
Le journal d’Anna, ma mère m’a plongé d’emblée dans une enfance triste. Anna est la fille de Marie, femme très pieuse mais dure qui imprègne profondément l’esprit de son enfant. Dans les années 1920 et pour longtemps encore, le pouvoir de la religion catholique est immense sur les esprits et les rites imposés impriment définitivement les cerveaux friables des enfants qui y sont soumis.
Joseph, son père, est marin et il milite à la CGT. Il pourra être fier de sa fille et de ses engagements militants, plus tard. Avec sa mère, elle a découvert les milieux bourgeois et d’extrême-droite de La Rochelle dont elle est éjectée dès le décès de Marie à 38 ans.
La guerre survient quand Anna a 17 ans et elle se trouve obligée de travailler à la mairie d’abord puis pour les Allemands à la base sous-marine. Si elle tombe amoureuse de Richard, le lieutenant de la Wehrmacht, elle ignore tout des horreurs commises par les siens dans les camps de la mort.
C’est à 22 ans, quand le cauchemar des alertes aériennes est terminé, qu’elle rencontre Jack. Elle l’épouse et lui donne deux enfants : Michel et Monique. La maladie, les promotions de Jack à la SNCF, les déménagements successifs marquent leur vie, une vie jamais monotone.
De temps à autre, Monique Etienne interrompt son récit pour commenter « En aparté » et préciser son ressenti. Elle ajoute aussi les dates d’Anna et des extraits de son journal.
L’ensemble donne un récit varié avec quelques redites et surtout une parte importante consacrée à l’après 1968 et tous les engagements militants d’Anna débutés dès 1962 avec le Mouvement mondialiste. Elle lutte contre le franquisme, l’apartheid, pour les Palestiniens, pour les Saharaouis, pour tous ceux qui souffrent atrocement de l’oppression, contre toutes les injustices.
L’autrice n’oublie pas les amours d’Anna qui se libère sexuellement, aime sans retenue mais revient toujours dans le cocon familial qu’elle préserve jusqu’au bout.
En lisant Le journal d’Anna, j’ai retrouvé quantité de moments d’Histoire vécus, ressentis mais je reste profondément impressionné par cette vie si riche sur tous les plans malgré tous les chausse-trappes qui jalonnent immanquablement nos existences.
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
C'est le récit d'une vie, celle d'Anna, celle de sa mère que nous raconte Monique Étienne dans ce roman, roman que j'ai découvert grâce à Daniel Berthet. Une vie peu ordinaire, pour le moins pas banale, il faut bien le reconnaître. Ce destin original, l'autrice le dévoile, à partir du journal de sa mère mais aussi à partir de son propre ressenti. En effet, dans ce livre, nous entendons trois voix, celle de la narratrice qui transcrit la vie d'Anna, en l'occurrence sa fille, celle d'Anna avec ses propres mots tirés de ses journaux de jeune fille ou de ses cahiers d'écolier "qu'elle appelait ses dates" et enfin celle de sa fille Monique, l'autrice dont les chapitres s'intitulent "En aparté" et qui livre son propre ressenti.
Anna naît en 1922 et décède le 27 juin 2013. C'est donc presque un siècle de la vie de celle-ci qui va être raconté dans ce roman et par là-même une belle tranche de notre histoire commune. Cette belle petite fille énergique et imaginative à l'enfance solitaire fera à l'âge de 15 ans, lors du décès de sa mère, l'apprentissage brutal du rejet de classe. Elle sera ensuite confrontée à l'Occupation et n'ayant que 17 ans, se fourvoiera dans ses choix, ne prenant conscience de l'horreur de cette guerre qu'à la découverte du génocide des juifs. Mariée en 1946, elle a deux enfants Michel en 1947 et Monique en 1950. Avec les grandes grèves des mineurs de 1948, elle commence à se passionner pour la politique et s'engagera pour la paix avec Jack son mari. La tuberculose, une épreuve supplémentaire marquera sa vie future.
1953, elle signe l'appel international pour exiger la clémence pour le couple Rosenberg, adhère aux Citoyens du Monde, et s'engage toujours plus dans une démarche humaniste. Si elle a toujours affirmé que ses maternités étaient la plus belle expérience de sa vie, sa fille Monique n'en croit pas un mot. La famille va beaucoup voyager dans toute l'Europe, profitant de congrès divers pour découvrir les régions où ils se tiennent. Elle s'engagera à fond lors de mai 1968 mais sera déçue que "la fièvre retombe vite faute de relais politique crédible". Et ainsi continue sa vie militante familiale et amoureuse.
C'est comme cela, qu'Anna au fil de sa vie, de ses amours, de ses émotions nous emmène avec elle dans la grande Histoire, nous permettant de vivre ou de revivre des moments très importants et très graves qui ont bouleversé la France sinon le monde.
Ce roman est un témoignage touchant et utile. Il permet de conserver la mémoire d'une femme remarquable, témoin et actrice de nombreux faits marquants du XXe siècle.
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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