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Dans Chute la vie, Monique Etienne nous livre un deuxième roman marqué par les oppositions.
Elle nous conte cette vie bouillonnante, cette folle envie de liberté que vit un groupe d’amis jusqu’à ce que l’un d’eux, Roland, atteint du Sida se trouve confronté au spectre de la mort.
De même, c’est dans un récit intimiste que nous embarque l’auteure, en nous faisant cheminer dans les pensées de Gabrielle, l’amie féministe de Roland et ce, en nous faisant revivre de façon palpitante, cette génération d’après 1968.
Le roman débute en juillet 1989. Le verdict est tombé : Roland vient d’apprendre qu’il a le VIH, et « il sait pertinemment que personne ne survit à ce virus terrifiant qui, en ces années tragiques, décime déjà tant d’amis ». Il n’a pas quarante ans.
À l’annonce du résultat, il appelle Gabrielle, la première à qui il avait avoué son homosexualité. Elle lui promet qu’elle va se rendre aux Charmes, dans les Charentes, avec les copains, pour se retrouver comme autrefois et se serrer les coudes. La fidélité de cette amitié le rassure et lui donne de la force. Le noyau dur de la communauté des Charmes va donc se retrouver au chevet de Roland.
On apprend comment Roland, né à la ferme en 1952, découvre son homosexualité, le choc que fut cette révélation, l’enfer de la solitude morale qu’il connaît ensuite, et comment il se forge une identité par le rejet. Nous découvrons ensuite le récit de ses transgressions et le cheminement vers son émancipation, une histoire qui s’inscrit dans le parcours souvent douloureux des homosexuels. Il va devoir se battre pour exister, pour conquérir une dignité auprès d’une société pour laquelle les homosexuels sont alors, encore des proscrits, et encore davantage dans un milieu rural conservateur.
L’auteure essaie de transcrire avec beaucoup de délicatesse la souffrance et la lente dégradation du corps de Roland tout en montrant sa volonté ferme de ne jamais perdre le contrôle jusqu'à sa mort annoncée.
Cette restitution du vécu de Roland rappelle comment avant 1996, le sida était une maladie tragique constamment mortelle, transmise par le sexe et par le sang, posant une chape de plomb, de mort et d’angoisse sur une jeunesse vulnérable et mobilisant des soignants dévoués, souvent épuisés, parfois découragés, et toujours impuissants.
Liée à l’histoire de Roland, c’est aussi celle de Gabrielle, libertaire, sa seule amante, sa confidente, celle de leur amitié passionnelle que Monique Etienne raconte. Au travers de leur amitié, c’est le portrait de toute une génération, celle d’après 1968, et de son combat pour la libération sexuelle, que l’auteure brosse avec enthousiasme.
C’est sans doute parce que Gabrielle est plus ou moins un double de l’auteure que le militantisme de celle-ci est aussi bien décrit et la période aussi brillamment rendue. Il faut dire que Gabrielle, fervente féministe, marxiste engagée, milite activement, rejoint entre autres le MLAC, Mouvement pour la libération de l’avortement et de la contraception, noue des contacts avec les Paysans travailleurs, participe à de nombreuses actions subversives. C’est le début de l’implantation des centrales nucléaires et pour celle devant être implantée à Blayais, par exemple, EDF n’hésite pas à préempter les terres des paysans. L’apothéose de l’année 1973 restera cependant le grand rassemblement du Larzac !
Gabrielle et la bande d’amis épris de liberté qui ont mené cette vie trépidante marquée par d’intenses moments d’exaltation vont faire corps avec Roland pour l’accompagner dans cette ultime épreuve, désireux d’alléger sa souffrance.
Ce petit bouquin m’a permis de retrouver avec plaisir et parfois avec nostalgie cette période de l’Histoire, cette aspiration à une libération, à un monde meilleur et de revivre avec émotion certaines luttes.
J’ai un peu moins apprécié et me suis parfois lassée et un peu perdue dans les multiples voyages faits par Gabrielle et ses amis entre Paris, La Rochelle, Bordeaux avec un retour dans les Charentes les week-end, l’empreinte carbone n’était pas encore d’actualité.
Si j’ai fortement apprécié cet engagement militant absolument nécessaire si l’on veut que les choses évoluent, c’est avant tout l’amitié, la solidarité, la tendresse, la chaleur, le soutien, la compassion dont vont faire preuve ce groupe d’amis et notamment de Gabrielle, envers Roland, qui m’ont profondément émue.
Mais ce sont aussi les souffrances qu’a endurées Roland, morales dans un premier temps, devant refouler son homosexualité, doublées ensuite de souffrances physiques lorsqu’il est contaminé par le virus. Violette, sa maman a été exemplaire. Disponible et dévouée à son fils comme aux autres, elle m’a beaucoup touchée par sa simplicité et sa discrétion...
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Dans Chute la vie, Monique Étienne réalise deux prouesses : suivre l’évolution d’une terrible maladie, le SIDA (Syndrome d’immunodéficience acquise), dont Roland est atteint et permettre à son lecteur de vivre ou de revivre toutes ces années de lutte et d’espoirs qui ont suivi mai 1968.
Après Le journal d’Anna, toujours grâce à Daniel Berthet que je remercie chaleureusement, me voici plongé dans une lecture d’un roman dont chaque période est datée. Le livre débute en juillet 1989 et je me retrouve en plein drame avec Gabrielle (38 ans) qui a choisi d’aider son ami Roland, très malade. Je suis dans cette ferme des Charmes qui a accueilli ce que les principaux personnages de Chute la vie nomment leur Communauté.
Je ne ferai pas le détail des membres de ce groupe d’amis car leur présence est fluctuante et change, se complète, diminue, augmente, selon les aléas de la vie. Rencontres, amours, fâcheries rythment ces années que Monique Étienne déroulera ensuite.
Avant d’aller plus loin, je ne dois pas oublier de citer Violette, la mère de Roland, une femme admirable, courageuse et toujours présente pour son fils.
Deux ans après le début de la première partie intitulée « L’annonce », la santé de Roland se dégrade de plus en plus et il faut l’hospitaliser à Paris, arracher ce fils de paysan homosexuel à la ferme familiale.
Le récit n’est pas linéaire. Monique Étienne a fait le choix d’aller et venir d’une période à l’autre. 1968 est l’année fondatrice pour l’évolution de ces jeunes gens. Gabrielle a eu dix-huit ans cette année-là, comme un autre que je connais bien…
Si la guerre d’Algérie est terminée depuis quelques années, les ravages causés par les attentats perpétrés par l’OAS sont toujours présents dans les mémoires, d’autant plus que la guerre du Vietnam ne permet pas d’effacer une tension internationale toujours inquiétante. En 2022, hélas, la folie humaine continue à faire des ravages.
Après mai 68, le Larzac est une autre lutte fondatrice car il s’agit d’empêcher l’extension d’un camp militaire : « Des moutons, pas des camions ! De gré (Debré...), de force, nous garderons le Larzac ! », chantions-nous à l’époque. On lutte contre le nucléaire, on se retrouve dans la Bergerie de La Blaquière, sur le plateau du Larzac et Graeme Allwright reprend « Suzanne » de Leonard Cohen… Que de souvenirs !
L’histoire des Charmes permet de comprendre toutes ces amitiés, ces amours aussi qui se sont noués, parfois défaits. Les va-et-vient entre Les Charmes et Paris sont nombreux. Tous ces jeunes se déplacent beaucoup. Roland assume son homosexualité, drague aux Tuileries, fait des rencontres fugaces ou durables.
Monique Étienne soigne son écriture. Chute la vie est un livre agréable à lire mais l’émotion et la sensualité qu’il dégage sont très fortes. Ce que l’autrice écrit doit faire écho à beaucoup d’événements qu’elle a vécus comme l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand, en 1981, qui aurait dû changer nos vies mais le rêve a été vite brisé.
« L’aquarium » me ramène, en décembre 1991, à ce terrible SIDA causé par le VIH (Virus de l’immunodéficience humaine). Il s’agit de la chambre où Roland tente de résister, de lutter, vivant son terrible calvaire. À trente-neuf ans, il est déjà « un vieillard, rongé de fièvre, aveugle et épuisé ». Comme aujourd’hui, le manque de moyens de nos hôpitaux est terrible.
Avant « L’épilogue », je lis des lettres posthumes d’une émotion folle. Roland a écrit à Gabrielle plusieurs fois, mais aussi à Patrick et à Luc qui furent ses amants, ainsi qu’à tous ses précieux amis.
Cette fin du livre est d’une profonde humanité. En le refermant, je ne peux que remercier Monique Étienne pour m’avoir fait revivre toutes ces années pas si lointaines. Elle a su aussi mettre l’accent sur cette maladie un peu oubliée alors qu’elle a fait tant de ravages dans la jeunesse. Si elle se soigne aujourd’hui, ce n’est pas une raison pour effacer les victimes qu’elle a causées.
Chute la vie a le mérite de raviver nos mémoires mais aussi d’apprendre aux plus jeunes des événements importants, au travers d’une histoire d’amitié et d’amours partagés dans la communauté des Charmes. Malgré la maladie, la joie et le bonheur d’être ensemble laissent le meilleur des souvenirs.
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« J’écris pour la sauver de l’oubli. Jeter des mots comme on sème des graines… Vaste tentative d’immortalité dont l’écriture seule peut nous donner l’illusion. »
Ces quelques mots de Monique Etienne, autrice de cette magnifique biographie consacrée à sa mère, sont éloquents. Le journal d’Anna, ma mère, résultat d’un travail d’écriture admirable, est impressionnant.
Le texte est dense, riche, sans concession, plein d’une intimité surprenante parfois. Monique Etienne a aussi été bien aidée par les récits et le journal laissés par Anna, sa mère, comme ce message écrit par elle pour ses 70 ans, résumé franc et direct d’une vie riche en imprévus et en militantisme.
« Elle s’appelait Anna et elle est morte le 27 juin 2013. »
Sa vie s’arrête et c’est là que tout commence pour Monique Etienne qui se lance dans un travail minutieux aboutissant au livre que je viens de refermer et que j’ai eu la chance de lire grâce à Daniel Berthet que je remercie.
Le journal d’Anna, ma mère m’a plongé d’emblée dans une enfance triste. Anna est la fille de Marie, femme très pieuse mais dure qui imprègne profondément l’esprit de son enfant. Dans les années 1920 et pour longtemps encore, le pouvoir de la religion catholique est immense sur les esprits et les rites imposés impriment définitivement les cerveaux friables des enfants qui y sont soumis.
Joseph, son père, est marin et il milite à la CGT. Il pourra être fier de sa fille et de ses engagements militants, plus tard. Avec sa mère, elle a découvert les milieux bourgeois et d’extrême-droite de La Rochelle dont elle est éjectée dès le décès de Marie à 38 ans.
La guerre survient quand Anna a 17 ans et elle se trouve obligée de travailler à la mairie d’abord puis pour les Allemands à la base sous-marine. Si elle tombe amoureuse de Richard, le lieutenant de la Wehrmacht, elle ignore tout des horreurs commises par les siens dans les camps de la mort.
C’est à 22 ans, quand le cauchemar des alertes aériennes est terminé, qu’elle rencontre Jack. Elle l’épouse et lui donne deux enfants : Michel et Monique. La maladie, les promotions de Jack à la SNCF, les déménagements successifs marquent leur vie, une vie jamais monotone.
De temps à autre, Monique Etienne interrompt son récit pour commenter « En aparté » et préciser son ressenti. Elle ajoute aussi les dates d’Anna et des extraits de son journal.
L’ensemble donne un récit varié avec quelques redites et surtout une parte importante consacrée à l’après 1968 et tous les engagements militants d’Anna débutés dès 1962 avec le Mouvement mondialiste. Elle lutte contre le franquisme, l’apartheid, pour les Palestiniens, pour les Saharaouis, pour tous ceux qui souffrent atrocement de l’oppression, contre toutes les injustices.
L’autrice n’oublie pas les amours d’Anna qui se libère sexuellement, aime sans retenue mais revient toujours dans le cocon familial qu’elle préserve jusqu’au bout.
En lisant Le journal d’Anna, j’ai retrouvé quantité de moments d’Histoire vécus, ressentis mais je reste profondément impressionné par cette vie si riche sur tous les plans malgré tous les chausse-trappes qui jalonnent immanquablement nos existences.
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C'est le récit d'une vie, celle d'Anna, celle de sa mère que nous raconte Monique Étienne dans ce roman, roman que j'ai découvert grâce à Daniel Berthet. Une vie peu ordinaire, pour le moins pas banale, il faut bien le reconnaître. Ce destin original, l'autrice le dévoile, à partir du journal de sa mère mais aussi à partir de son propre ressenti. En effet, dans ce livre, nous entendons trois voix, celle de la narratrice qui transcrit la vie d'Anna, en l'occurrence sa fille, celle d'Anna avec ses propres mots tirés de ses journaux de jeune fille ou de ses cahiers d'écolier "qu'elle appelait ses dates" et enfin celle de sa fille Monique, l'autrice dont les chapitres s'intitulent "En aparté" et qui livre son propre ressenti.
Anna naît en 1922 et décède le 27 juin 2013. C'est donc presque un siècle de la vie de celle-ci qui va être raconté dans ce roman et par là-même une belle tranche de notre histoire commune. Cette belle petite fille énergique et imaginative à l'enfance solitaire fera à l'âge de 15 ans, lors du décès de sa mère, l'apprentissage brutal du rejet de classe. Elle sera ensuite confrontée à l'Occupation et n'ayant que 17 ans, se fourvoiera dans ses choix, ne prenant conscience de l'horreur de cette guerre qu'à la découverte du génocide des juifs. Mariée en 1946, elle a deux enfants Michel en 1947 et Monique en 1950. Avec les grandes grèves des mineurs de 1948, elle commence à se passionner pour la politique et s'engagera pour la paix avec Jack son mari. La tuberculose, une épreuve supplémentaire marquera sa vie future.
1953, elle signe l'appel international pour exiger la clémence pour le couple Rosenberg, adhère aux Citoyens du Monde, et s'engage toujours plus dans une démarche humaniste. Si elle a toujours affirmé que ses maternités étaient la plus belle expérience de sa vie, sa fille Monique n'en croit pas un mot. La famille va beaucoup voyager dans toute l'Europe, profitant de congrès divers pour découvrir les régions où ils se tiennent. Elle s'engagera à fond lors de mai 1968 mais sera déçue que "la fièvre retombe vite faute de relais politique crédible". Et ainsi continue sa vie militante familiale et amoureuse.
C'est comme cela, qu'Anna au fil de sa vie, de ses amours, de ses émotions nous emmène avec elle dans la grande Histoire, nous permettant de vivre ou de revivre des moments très importants et très graves qui ont bouleversé la France sinon le monde.
Ce roman est un témoignage touchant et utile. Il permet de conserver la mémoire d'une femme remarquable, témoin et actrice de nombreux faits marquants du XXe siècle.
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