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Le soldat britannique Jonathan Pine est devenu directeur de nuit dans un hôtel. Il croise la route de Sophie, une proche de Richard Onslow Roper, qui opère sur le marché noir des armes. Sophie fournit à l'ancien soldat des documents incriminant Roper. Lorsqu'elle est assassinée, Pine devient un agent des services secrets et s'infiltre chez Roper pour le faire arrêter et venger la mort de Sophie.
Quand John Le Carré vous raconte le trafic d’armes, il y a toujours du suspens, des coups tordus à n’en plus finir, des organisations criminelles sans scrupules et quelques hommes dignes pour faire ce qu’ils peuvent. Dans la lutte entre le Bien et le Mal, le mal a bien des atouts, la technologie et l’argent principalement. L’argent qui corrompt et qui gangrène, celui qui transforme en ennemi sournois l’ami de trente ans sur lequel vous pensiez pouvoir compter. Et dans le monde post Guerre froide, où se fait l’argent ? Dans deux trafics aussi lucratifs que mortifères : les armes et la drogue. Lorsque les deux convergent pour s’associer, comme ici, la fortune se déverse à grands flots comme autrefois dans le fleuve légendaire qu’on appelait Pactole. Toutes les bonnes volontés sont emportées et lorsque le fleuve se retire, bien à l’abri dans les paradis fiscaux dont le citoyen lambda ne comprend pas pourquoi ils existent (il suffirait pourtant de poser la question pour avoir une idée précise de la réponse), il ne reste plus que la boue et la honte.
Le Carré a ce talent exceptionnel de décrire méthodiquement et subtilement les rouages et les engrenages qui permettent à la boue de s’insinuer au plus profond des services gouvernementaux, des agences de renseignements et de lutte contre la criminalité, tout en vous présentant quelques héros poignardés dans le dos par ceux qu’ils croyaient occupés à servir l’intérêt général des démocraties. Il est des moments du roman où, ce qui se trame dans les bureaux feutrés des « services » britanniques ou américains, fait penser immanquablement à la pointe émergée de l’iceberg fangeux de notre pas si beau pays (frégates de Taïwan, affaire Dumas, Clearstream, affaire Karachi) où d’obscurs intermédiaires côtoient curieusement les plus hautes autorités de l’Etat, vous savez, celles qui donnent des leçons au monde entier.
De ce cloaque, surgit un des héros les plus extraordinaires de Le Carré, un homme désintéressé offrant sa vie simplement pour expier une faute qui n’était pas la sienne, uniquement mû par l’amour et le désir de vengeance. Sera-t-il écrasé comme un insecte ou réussira-t-il à mettre à bas la pieuvre ?
"N'oubliez pas, monsieur Pyne, vous avez un avenir. N'y renoncez plus jamais. Ni pour moi ni pour personne. Promettez-le moi."
Il l'avait fait. On promet n'importe quoi quand on est amoureux. »
On a là un des thèmes récurrents de l’œuvre, le moment où l’un des pions habituellement manipulé, souvent sacrifié, décide de jouer sa propre partition par loyauté, par vengeance ou simplement par amour. Le grain de sable qui change le cours des choses s’est introduit dans la mécanique sophistiquée et il n’y a plus qu’à suivre l’auteur dans son récit et son héros dans son chemin de croix.
Il lui faut bien un peu de soutien, alors, au milieu des affairistes, des « achetés ou des vendus », des minables de la haute administration britannique ou américaine, des politicards sans scrupule, Le Carré vous dégotte une poignée de « has been » un peu sur la touche parce que trop purs, et qui, cette fois, décident de brûler leurs vaisseaux et de se révolter contre leur hiérarchie qu’ils savent corrompue. Ils jouent leur dernière partie, sans trop d’espoir de la gagner, juste pour continuer à pouvoir se regarder dignement dans leur glace. On fait appel ici à l’intelligence, au courage, au respect de la parole donnée et à l’amour pour lutter contre l’argent sale, les tortionnaires, les trafiquants et leurs protecteurs, les paradis fiscaux, les milices privées, les fonctionnaires qui ferment les yeux et ouvrent leurs poches, la boue et la nausée. On ment aux menteurs, on triche avec les tricheurs et on monte un bluff gigantesque. Amour et suspens, réflexion profonde et documentée sur l’envers du décor de nos soi-disant démocraties, composent l’un des meilleurs Le Carré (je le reconnais, je dis ça pour la grande majorité de son œuvre). Si vous n’avez pas lu ce roman, allez-y vite et ensuite précipitez-vous sur la série éponyme de la BBC (The Night Manager) où Tom Hiddleston rend magnifiquement justice à Jonathan Pyne (le héros de Le Carré) face à un Hugh Laurie (le méchant Roper de l’histoire) qu’on a vraiment envie de détester. Et puis, ne manquez surtout pas, dans la scène du restaurant (épisode 4), ce modeste figurant aux cheveux blancs qui n’est autre que le créateur de Jonathan Pyne et de toute une galerie de personnages magnifiques.
https://www.babelio.com/auteur/John-Le-Carre/18797/videos
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