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Le dieu cerf

Couverture du livre « Le dieu cerf » de Philippe Le Guillou aux éditions Fata Morgana
Résumé:

Scribe de ce fragment de légende dorée, récitant d'une geste dont je module, à mon tour, les accents et les échos, je ressens pleinement ce passage de l'orée, cet état de panique joyeuse que m'a toujours inspiré la seule profération du mot «lisière». Je veux imaginer ce qui pouvait habiter mon... Voir plus

Scribe de ce fragment de légende dorée, récitant d'une geste dont je module, à mon tour, les accents et les échos, je ressens pleinement ce passage de l'orée, cet état de panique joyeuse que m'a toujours inspiré la seule profération du mot «lisière». Je veux imaginer ce qui pouvait habiter mon personnage au moment où il a vécu l'épreuve de la lisière, j'aimerais le deviner rempli de cette belle profondeur d'âme, de cette frayeur religieuse qui gagne les nomades sacrés et les pérégrins... Et pourtant une sorte de lucidité vient atténuer mon enthousiasme, mon personnage appartient à l'Antiquité, c'est un vir que ne tourmentent ni la peur physique ni la fragilité si féminine, c'est un homme accompli, dans la splendeur de sa force, un guerrier, un chasseur, un homme véritable, pas une mauviette amoindrie par un usage immodéré des thermes et des bains émollients, un homme qui aime darder le poignard, le coutelas, l'épée, un homme qui tue sans le moindre état d'âme, que la vue du sang répandu ne fait pas défaillir, parce que, dans toute quête qui prend la forme d'une chasse, le sang jaillit à un moment ou à un autre, il vient rougir les mousses, les berges des étangs : la forêt est avant tout le lieu du sacrifice et celui qui s'y aventure, qu'il soit couvert de fer ou de fourrure, est un prêtre mobile et fougueux qui immole sans réserve et sans crainte.

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