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Dans un dîner panslen, Igor, homme de théâtre, rencontre Jean Grégor, un écrivain célèbre. Grégor propose à Igor un projet de collaboration artistique, mêlant théâtre et littérature qui se conclurait par l'écriture d'un livre à quatre mains intitulé Le dernier livre de Jean Grégor.
Pour Igor, qui sort d' une période difficile, c' est l'occasion de se remettre en selle. II accepte, mais enquête discrètement sur cet étrange Jean Grégor, et écouvre qu'il a projeté de «disparaître » au sens propre. Cette nouvelle ravive chez lui des souvenirs pénibles, son père ayant lui-même disparu du jour au lendemain du domicile familial quand il avait douze ans . ..
Doit-il considérer cette coïncidence comme un signe et partir à la recherche de son père en révélant à Grégor qu' il connaît son secret? Le temps de se poser la question, Jean Grégor a déjà disparu ... Igor n'a plus le choix: pour lui une double quête commence.
Rebondissements, bifurcations, détours, hasards et coïncidences peuplent le roman de Jean Grégor et tiennent le lecteur en haleine. Le dédoublement de l'auteur en personnage, les reflets et les correspondances entre les histoires parallèles créent un sentiment de vertige ludique et jubilatoire.
Jean Grégor (le vrai) l’avoue : déçu par l’insuccès de son dernier livre, il a eu envie d’en finir avec la littérature et a souhaité écrire … son dernier livre.
Pour marquer le coup, il s’est mis en scène à travers un romancier éponyme qui veut disparaître, « lassé d’être Jean Grégor ». Belle mise en abyme…
Je vous explique.
Le narrateur, Igor Panegre est un homme de théâtre. Il se rend à contrecœur à un dîner mondain. Sa femme vient de le quitter, il n’a pas envie de parler et si on lui adresse la parole, il compte bien dire la vérité : il ne va pas bien.
Son voisin de table semble tout aussi désabusé. Il s’appelle Jean Grégor, est un écrivain connu et veut écrire son dernier livre.
Lors de la discussion, Igor lui apprend qu’il participe à un programme de réinsertion par le théâtre en faisant jouer des gens proches de la désocialisation. Jean écoute, intéressé.
Un mois après, il rappelle Igor et lui expose son projet : il voudrait sauver un SDF qu’il a repéré métro Rome et ce, par le théâtre. La conversion de cet homme, son retour à la vie, serait le sujet de son dernier livre. Parallèlement, Igor Panegre écrirait une pièce sur le même thème, qu’ils mettraient en scène évidemment avec le SDF dans son propre rôle.
Igor Panegre n’est pas emballé et demande à son frère Serge ce qu’il en pense. Ce dernier, en tant qu’ancien détective, promet de faire quelques recherches sur cet étrange Jean Grégor.
Il s’agit maintenant d’aller chercher l’homme de la rue, de l’installer chez Jean, de lui donner un brin de culture, de l’emmener à la piscine et de lui faire manger des légumes et du poisson à la vapeur… L’expérience va-t-elle aboutir ? Peut-on aussi facilement refaire surface, renaître ?
Entre temps, de son côté, Serge a trouvé des infos: Jean Grégor veut disparaître, oui, disparaître complètement. Il est « dans une démarche d’effacement de lui-même. »
Etrange, vraiment étrange… Faut-il le prendre au mot ? Que cherche-t-il précisément ? A-t-il vraiment toute sa raison ?
D’ailleurs, est-ce un hasard s’il a voulu s’associer à un homme, Igor Panegre, qui a vu, enfant, son père se volatiliser du jour au lendemain ?
Ce roman soulève de nombreuses questions : l’art peut-il sauver une âme ? Peut-on faire un pied de nez à son destin ? Un homme peut-il se métamorphoser et devenir quelqu’un d’autre ?
Les questions de l’identité et de la quête des origines vont, elles aussi, venir se greffer sur ces interrogations fondamentales.
Petit à petit, le lecteur glisse dans un jeu de miroir vertigineux annoncé d’une certaine façon par un titre jouant sur les notions de réalité et de fiction. Tout se met en place progressivement, peut-être parce que tout a été parfaitement réfléchi.
Et si le vrai Jean tentait une expérience sur ses vrais lecteurs (nous) qui, succombant à l’attrait de ce roman, en redemanderaient, lui refusant par là même un départ anticipé ?
Finalement, cette répétition de « Jean Grégor », sur la couverture, n’est-elle pas comme un rappel à la fin d’un spectacle, le lecteur répétant le nom de celui qui veut fuir comme pour le faire revenir sur le devant de la scène ?
En tout cas, qu’il ne nous fasse pas le coup de disparaître, on irait le rechercher !
Retrouvez Marie-Laure sur son blog: http://lireaulit.blogspot.fr/
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