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La quatrième de couverture, énigmatique, courte, ouverte, laisse entrevoir un roman à suspens.
« Dans la pièce, hébété, un vieil homme regarde le garçon. Son costume gris, trop court, l’étrangle au cou. Cou flasque et tanné, craquelé de rides qu’il voudrait effacer. Comme ce drame. Trop tard. Lui vit. L’autre est mort, dans sa librairie. A trois heures de l’après-midi. »
Monsieur Combes, libraire d’un petit village tient dans ses bras le corps sans vie de son beau commis. Crime, accident ? Que faire ? Surtout ne prévenir personne, il décide d’enterrer le corps de Théo, son amant, dans la cave. Coupable, pas coupable ?
Monsieur Combes est ce que les bonnes âmes du village appelle un inverti. Il aime les jeunes garçons. D’ailleurs, ne vient-il pas d’embaucher, suite à la disparition de Théo un nouveau commis, Anton. Un joli et gentil garçon qu’il aime regarder, admirer et auquel il voulait acheter la même salopette que Théo, il en aurait presque fait un scandale chez la mercière Evangéline Agrobis. « Je suis allée à la librairie. Si vous aviez vu comme Combes dérorait le petit des yeux ! Il y a des attitudes qui ne trompent pas. Il est devenu complètement dépendant. Et figurez-vous qu’aprèsle trail, il le suis dans les rues de Morghor ; et, par -dessus le marché, il porte des gants blazncs de vieux sadique qu’il a achetés chez moi. Ce sont des idées, peut-être ? » Cet érudit s’enferme dans sa chambre au-dessus de la librairie où il écoute sa musique et écrit dans son journal intime tous ses tourments, son amour, sa vie.
Monsieur Combes est un libraire entré en librairie comme d’autres entrent dans les ordres.« Il s’était imaginé, en s’installant à Morghor, que sa librairie serait un monastère, que chaque ouvrage serait une bible et son bureau un autel ; il avait cru, assez naïvement, qu’il chanterait ses grand-messes d’érudit en solitaire, pour le seul orgueil de son savoir ; que dans chacun de ses livres il y aurait un peu de son saint sacrement, et que, les lisant bout à bout, il finirait par y trouver le Saint-Graal. Mais le temps avait passé qui l’avait conduit à déposer sa robe, lui, le curé défroqué de la littérature. ». Sa vie est devenue contemplative, encore plus depuis l’arrivée d’Anton. A la mercière, il a acheté une paire de gants blancs qu’il porte toujours. Chez lui, il prie dieu la fenêtre ouverte. Il ne veut pas succomber au bel Anton, simplement le contempler, l’aimer des yeux, peut-être le posséder. mais que c’est difficile. « Qui appelle ? Qui brille ? Qui brille et sautille ? Qui murmure et danse, et chante à la fois ? Bonheur inaccessible, rose de pierre qui s’effrite, rose de feu qui se fane, quelle foile enfantes-tu ? Combes grimace. Anton est la fleur qu’il ne pourra jamais cueillir. Le petit commis est pur. »
Dans ce village, il y a lui, l‘érudit, son beau commis, sa librairie qui fait plus penser à un antre, une grotte et les commères qui font enfler la rumeur, surtout lorsque la mercière et…
En peu de pages, Stéphane Héaume créé une atmosphère lourde, pleine de brouillard, de froid, de gris qui s’épaissit au fil des pages. L’écriture très classique m’a de temps à autre emmenée du côté de Maupassant, Flaubert.
Un roman étrange et envoûtant, n’ayons pas peur des mots, où l’atmosphère est primordiale, hors du temps, des lieux, avec paradoxalement une unité de temps et de lieu, découvert dans ses autres romans tout comme une mise en scène quasi théâtrale. Ce roman précède « Dernière valse à Venise » et « L’insolite évasion de Sebastian Wimer » et possède le même charme.
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