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Londres, terminal 2 de l'aéroport d'Heathrow.Le vol est dans une heure. Il lève les yeux vers le panneau d'affichage pour repérer son comptoir d'enregistrement...Arrivé devant, il tend son passeport bordeaux à l'employée, ce passeport tant espéré, bénédiction, prière, qui peut sauver une vie, la créer, mais aussi l'ôter... Sans lequel il n'a aucun véritable foyer.Rongé par une longue dépression, Michael a décidé de tout quitter:sa prometteuse carrière d'enseignant, sa petite amie «intermittente», ses copains fidèles. À Londres où il a pourtant grandi, il ne se sent pas chez lui. Réfugié du Congo encore enfant, il n'a trouvé sa vraie place nulle part.Alors il s'envole, vers San Francisco, une ville choisie au hasard, où il ne connaît personne. Il a en poche toutes ses économies - 9021 livres - et a résolu de se suicider quand il les aura dépensées. Mais s'il existait un nouveau commencement au-delà de l'ultime solitude, une forme d'espoir au bout du bout du désespoir?
Le roman de J J Bola bouscule la temporalité et le rapport au personnage. D’un chapitre à l’autre, nous quittons Londres pour Los Angeles, la vie d’un enseignant à celle d’un homme perdu en mouvement. Michael est un homme qui cherche un sens et une direction. Avec attention, J J Bola suit son protagoniste et ne le lâche pas. Le lecteur est alors emporté dans le gouffre émotionnel de cet être qui ne va pas bien, qui a perdu tout sens à ses repères. C’est une longue et lente traversée du désert que subit et mène le personnage. Michael – et c’est l’une des forces du personnage – tente de trouver une voie de secours, mélange de fuite et de recul. Il se perd et ce sentiment, si diffus, si difficile à capter, prend une véritable forme dans l’écriture de J J Bola.
Il manie son histoire avec deux postures de narration. La première personne qui nous permet d’être au cœur du personnage et de ses interactions avec ses collègues, sa copine du moment, certains élèves. Il y a un goût amer dans ces connexions avec l’extérieur où figure régulièrement Mamie, femme dont l’importance se dessine progressivement. La troisième personne, celle d’un narrateur omniscient, nous déconnecte de Michael. C’est une rupture dans le lien entre le lecteur et l’être de papier. Quelque chose se casse ponctuellement et ces pointillés amènent le sentiment d’une chute lente et inéluctable. C’est un roman haché, à l’image de Michael, dispersé et perdu. La lecture tient par l’observation complète et fine des signes extérieurs de dépression.
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