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La tragédie, dans son sens étymologique, représente un conflit : celui de la mythologie et de l'histoire, du divin et de l'humain, de la transcendance et de l'immanence, dont elle exprime la division, la séparation, l'essentiel discord. Dans un monde sans dieux tutélaires, les hommes portent leurs ombres comme ils portent leur feu - jusqu'à la catastrophe, la mort, la blessure ouverte ou l'enfermement.
Cinq oeuvres majeures (Maderna, Nono, Barraqué, Feldman et Zimmermann) de la seconde moitié du xxe siècle abritent cette tonalité affective, tragique, dans leurs espaces sonores spécifiques. Ce sont des chemins, dont l'expérience seule est dépositaire d'une beauté et d'une fragilité troublantes. Abandonnés à l'écoute, ils livrent leurs strates, poétiques, musicales, littéraires, philosophiques ou existentielles, mais aussi leurs inachèvements, leurs accumulations ou leurs patientes mutations. Composées après la guerre, les camps, les bombes, les désagrégations politique et identitaire, ces oeuvres chantent l'abîme de la dissolution.
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