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Lorsque à l'âge de quatre-vingts ans, au terme d'une vie de lecture et de relecture du Roland furieux, Voltaire rend un hommage aux qualités suprêmement «picturales » de l'Arioste, il le fait alors que plusieurs siècles de fécondation des arts par le chef-d'oeuvre de la littérature ferraraise semblent confirmer ce jugement. La peinture, la sculpture, mais aussi le théâtre, l'opéra, les ballets, les jardins et jusqu'à l'art populaire, se sont inspirés du plus parfait poème épique de la Renaissance italienne pour produire de nouvelles oeuvres, capables pour certaines de rivaliser avec leur modèle. Et cependant, quelques décennies plus tard, c'est une observation opposée que Delacroix consigne dans son journal : « L'Arioste peint tellement avec les moyens de son art, il abuse si peu du pittoresque, de la description interminable qu'on ne peut rien lui dérober ».
C'est là le paradoxe que le présent volume se fixe pour but d'explorer : les relations complexes nouées par l'Arioste avec les arts, puis par les arts avec le Roland furieux, la circulation de l'inspiration entre des supports d'expression qui pourraient sembler imperméables entre eux, avec, en leur centre, la perfection faite poésie. Comme avait conclu Voltaire : « Je vous avoue que cet Arioste est mon homme, ou plutôt un dieu comme disent messieurs de Florence, il divin'Ariosto. » Cette fascination, plusieurs générations d'artistes l'ont démontrée.
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