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Fils de son siècle, Gérard Garouste admire Duchamp, mais n'oublie pas que le grand ancien a cent ans. Il investit la peinture comme moyen de questionner l'énigme du monde et offre des pièces uniques (nimbées de l'aura chère à Walter Benjamin) qui résistent à la tyrannie des images reproductibles.
Fils d'un père ayant fait fortune dans la spoliation des biens juifs, Gérard Garouste est un genre de marrane inversé : il ne s'est pas converti au judaïsme, mais manifeste au grand jour les signes d'une appartenance à cette culture généalogique. Il donne lui-même les clés biographiques de la lecture de son oeuvre qui, sinon, semble onirique.
Fils de l'herméneutique du XXe siècle, il étudie l'hébreu et demande à sa peinture qu'elle fournisse le journal de bord de son ascèse spirituelle et mentale. Soucieux de questionner l'identité, l'origine, la traduction comme trahison, il s'insurge contre la spoliation chrétienne du texte juif : il peint cette insurrection.
Fils d'un siècle nihiliste et décadent, il récuse les récupérations des tenants réactionnaires en esthétique, qui voudraient faire de lui le parangon du retour à la figuration, tout autant que la captation des amoureux du sacré qui voudraient annexer sa peinture à leurs fadaises. Il peint des énigmes déchiffrables qui déchristianisent le judéo-christianisme dans sa perspective qui est sans Dieu.
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