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Valentin vit avec sa mère dans une chambre de bonne.
La vue sur la Cité est à couper le souffle. La vue, c'est tout ce qu'a le jeune garçon : pendant que sa mère, répétitrice auprès des familles illustres de la Cité, disparaît le jour et parfois la nuit, il reste enfermé là.
Né de l'autre côté du mur, dans les confins, déchiré entre le rêve de se fondre parmi les hauts milieux et la conscience aiguë d'une société au bord de l'implosion, il bâtit son avenir en se débattant avec le passé et la mémoire - les siens et ceux des autres.
Valentin a vingt ans quand il tombe sur Arsène.
Protections et garde-fous se tordent sous l'effet de la révolte et du désir. Quand tout déraille, Valentin plane, s'effondre, remonte, prend des coups, les rend.
Il chasse la vérité comme il course l'amour.
Mais cette société si paisible qu'elle est en violente, si ouverte qu'elle en est brutale, si ordonnée qu'elle est écrasée par la soif du pouvoir, va-t-elle le laisser faire ?
En déplaçant le curseur de ce qui est réel et ce qui ne l'est pas, empruntant les voies du roman social, de la dystopie et du récit d'apprentissage, Diana Filippova tend un miroir à une société d'une monstrueuse bienveillance.
Le titre illustre bien les deux thèmes récurrents de cette dystopie. L’amour, sentiment puissant et envahissant mais aussi sexe sans limite.
Dans la cité séparée par un mur de la multitude, Valentin et sa mère sont des sans papiers, des sans nom, puisqu’ils y sont entrés par effraction. Mais Valentin nourrit des ambitions autres que celle de ne pas se faire prendre. Il vise le pouvoir. Dans cette société qui revendique l’Ordre et le réel, il tente par toutes les voies possibles de se frayer un chemin pour atteindre son but. Les rencontres l’aident ou l’entravent mais il poursuit sa route.
Le chaos menace, les sources d’information ne sont pas fiables, les mémoires sont inhibées, et la violence sévit partout, justifiée de sauvegarde de l’élite.
C’est un roman sans concession, sans faux semblants. Une immersion dans une société totalitaire, à une époque indéterminée, et les techniques de contrôle de la pensée ne sont pas précisées.
On y vit dans un effroi permanent, avec un doute général sur la probité de ses interlocuteurs. Peut-être un peu trop, de « je le savais mais je n’ai rien dit », qui facilite les retournements.
Construit selon le schéma classique de la Cité protégée d’un peuple ignoré, ce premier roman est assez marquant par son écriture réaliste.
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