«Et l'incorruptible Professeur marcha lui aussi, détournant les yeux de l'odieuse multitude des hommes. Il n'avait pas d'avenir. Il le dédaignait. Il était une force. Ses pensées caressaient des images de ruine et de destruction. Il marcha, frêle, insignifiant, râpé, misérable... mais terrible dans la simplicité de son idée qui voulait appeler la folie et le désespoir à régénérer le monde. Personne ne le regarda. Il alla son chemin, insoupçonné et funeste, tel un fléau dans cette rue peuplée d'hommes.»
Jorge Luis Borges disait de ce roman qu'il était le meilleur des romans policiers qu'on ait jamais écrits.
Publié en 1907, "L'Agent secret" suit l'intense "Nostromo" et l'intime "Miroir de la mer".
"Je persiste à déclarer que, conduisant l'histoire jusqu'à son dénouement anarchiste de désolation, de folie et de désespoir et la racontant comme je l'ai racontée ici, je n'avais pas l'intention d'outrager pour rien la sensibilité humaine."
Ames sensibles, passez votre chemin car ce livre
est très, très, très noir !
Noir comme ce Londres aux ruelles dégoulinantes de sales pluies. Noir comme les sanguinaires anarchistes. Noir comme le cynisme impitoyable du capitalisme naissant. Noir comme les vies dérisoires du prolétariat agonisant. Adolphe Verloc, sa femme Winnie et son frère Stevie survivent, comme ils peuvent, dans une pièce montée et manipulée par un Conrad hallucinant. Un livre sans lendemain.
"Toute idéalisation apprauvit la vie. L'embellir, c'est lui ôter sa complexité, c'est la détruire. Laissez cela aux moralistes..."
Une fascinante visite du Londres du début du XXème siècle !
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