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L'affrontement et ses images

Couverture du livre « L'affrontement et ses images » de Julien Milly et Murielle Gagnebin aux éditions Champ Vallon
Résumé:

Tout affrontement ne procéderait-il pas d'un malentendu ? Dès lors, celui-ci résiderait dans le sujet lui-même, dans des drames intérieurs. La notion d'affrontement est donc très loin de pouvoir être ramenée à la simple mise en face à face de sujets, d'entités, de pensées, d'idéologies. Cette... Voir plus

Tout affrontement ne procéderait-il pas d'un malentendu ? Dès lors, celui-ci résiderait dans le sujet lui-même, dans des drames intérieurs. La notion d'affrontement est donc très loin de pouvoir être ramenée à la simple mise en face à face de sujets, d'entités, de pensées, d'idéologies. Cette notion d'une extraordinaire complexité, puisqu'elle réserve une place à l'incertitude : sujet/objet, dedans/dehors, aujourd'hui/autrefois, etc., est étudiée dans le champ des images aussi bien picturales, théâtrales, cinématographiques, musicales que verbales, et selon quatre grands axes :
* celui du conflit du corps singulier et du corps social (oedipe et le Sphinx de G. Moreau, Accatone de Pasolini, certaines « performances » d'Abramovic-Ulay.
* celui de l'affect principal animant ces dramatiques confrontations : la cruauté est explorée dans ses registres psychologico-psychanalytiques et philosophiques : férocité des idéaux qui se transforment en objets persécuteurs, dialectique diabolique entre bourreau et victime, cannibalisme selon Montaigne, poids du sang chez Racine, retentissements ravageurs d'une mère absente ou « morte » chez Barbey d'Aurevilly et chez Georges Bataille.
* celui des affres de la jalousie, le théâtre le plus intime de la cruauté. D'Othello (Shakespeare, Welles, Verdi) au Silence de Bergman, de l'Avventura d'Antonioni au Décalogue 9 de Kieslowski mais aussi à Bad Guy (Kim Ki-Duck) et à Paris-Texas (Wim Wenders), les oeuvres ne manquent pas qui donnent à scruter les innombrables stratégies de la jalousie.
* enfin, l'affrontement des images entre elles, la quasi « jalousie iconique » définissant l'aire de diverses manipulations à l'intérieur des images : Villon avec sa provocation ludique dans sa Ballade des Pendus, le cinéaste tchèque Radok qui articule tragiquement images d'archives et images de fiction à propos du camp de Terezin, Elfriede Jelinek torturant le langage, Godard avec ses Histoire(s) du cinéma si percutantes montrent, chacun, l'ampleur de la déconstruction opérée dans et par l'image.
In fine, ne pourrait-on dire singulièrement que le démantèlement, élevé au rang d'instrument, et s'exerçant dans le champ strict de l'image, engage paradoxalement une fécondité révolutionnaire ?

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