Dominique ?Casanova, dit Doumé, est un truand corse au sommet de sa puissance. Tout lui sourit?: son empire s'étend des machines à sous à la drogue en passant par l'immobilier. Riche et respecté, il n'a plus besoin de monter sur les braquages. Il s'apprête à faire main basse sur un cercle de jeux parisien, avec la brutalité dont il est coutumier, lorsqu'il doit faire face à la montée en puissance d'une bande de Montreuil menée par les frères Benamrane, truands aux méthodes aussi violentes qu'expéditives. La guerre est inévitable. Truands, règlements de comptes, braquages, paysages sublimes, exécutions... Rien ne manque à cette épopée sauvage où la Corse, ogresse affamée, tue sans relâche ses enfants et les dévore. Saisissant et palpitant? !
Quand l’amour est plus corrosif que l’acide…
Ce roman a reçu le Prix de L’Évêché en 2021 et sort en poche en 2023 ; après lecture, je comprends pourquoi et je ne peux que vous inciter à le découvrir.
Doumé, c’est Dominique Casanova qui a pris la suite de son père assassiné et de son frère qui a fui la Corse, ne se sentant pas prêt à assumer la charge. Il dirige avec violence des affaires qui lui réussissent et qui lui permettent de diriger une partie de l’ Ile de Beauté. Lucia, sa femme et mère de ses deux filles, après vingt ans auprès de lui, rechigne à continuer d’accepter une vie qui ne lui convient pas. Comment Doumé pourra-t-il garder son pouvoir et son amour ? Lequel devra-t-il sacrifier ?
Qu’ai-je le plus apprécié dans ce thriller romantique ? Justement le mélange des genres ! Retrouver au milieu des luttes de pouvoirs générant violences, tortures, enlèvements, un truand de haut vol souffrant de passion contrariée, c’est incroyable et jubilatoire. Surtout qu’un humour savamment distillé, une sorte de second degré, se diffuse langoureusement et imprègne quasiment toutes les pages.
Même si les descriptions des paysages corses ou du Vercors ne sont pas le principal attrait de ce roman, j’ai aimé découvrir la région de Chigliacci et celle d’Autrans. Presqu’autant que l’organisation politique et sociale d’une vie politique et économique mise au service du Vice. Les détails, même s’ils sont présentés comme fictionnels, transpirent le vécu documenté et donnent une idée d’une existence sous cloche, celle du crime organisé.
Ceci n’est pas un essai, ni un témoignage mais un roman qui l’air de rien et sous couvert de passion amoureuse et dévastatrice, en dit plus qu’il ne le voudrait, surtout qu’il jette en pâture des noms qui font quelquefois les gros titres des journaux. Mais c’est un vrai challenge haletant que de suivre Doumé dans l’exercice périlleux qu’il pratique pour garder la maîtrise des situations que ses certitudes ne parviennent pas à ordonner.
Il est rare de nous présenter un héros mafieux aussi vulnérable, je salue l’auteur pour cela ainsi que pour sa qualité d’écriture, riche de détails, pleine de dialogues percutants, et néanmoins très fluide.
Je remercie les Editions Lajouanie et Babelio qui m’ont envoyé ce livre dans le cadre de la Masse critique « Mauvais genres » du mois de mars.
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