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Tandis que le monde devient de moins en moins habitable, peut-on déceler les indices d'une transformation des manières d'interagir avec l'environnement ? Dans le sillon de Norbert Elias étudiant la civilisation des moeurs à partir du mouchoir, Léo Magnin interroge l'écologisation des moeurs à travers un objet ordinaire : la haie. Car si les arbres et buissons ont une vie biologique bien connue, leur vie sociale mouvementée reste à découvrir.
Massivement détruites lors de la modernisation agricole après 1945, les haies sont désormais plébiscitées en tant que réservoirs de biodiversité, puits de carbone, sources d'énergie renouvelable, freins à l'érosion et trames paysagères. Comment expliquer un tel revirement ? En enquêtant sur les traces de requalifications des haies : l'inquiétude exprimée par un éleveur face à leur protection, les hésitations d'un planteur dans sa parcelle, le coût de l'entretien, le goût de l'élagage, l'étude scientifique du bocage, sa cartographie numérique, son étonnante politisation gouvernementale et villageoise, etc.
Des cours de fermes aux dorures ministérielles,
La Vie sociale des haies investigue ainsi les différentes dimensions du processus d'écologisation, dessinant les dynamiques sociales qui s'essoufflent, se poursuivent ou se réinventent à l'épreuve des enjeux environnementaux. Suivre le dédale des haies éclaire les zigzags de l'histoire qui configurent les contradictions de notre présent, mais aussi ses tâtonnements prometteurs...
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