Si certaines sont impressionnantes et effrayantes, d'autres sont drôles et rassurantes !
" L'assistante prononce plusieurs fois mon nom de famille tout bas, entre ses dents, joue avec sa sonorité. À chaque répétition, mon nom se transforme, s'altère, il ne ressemble déjà plus au paysage d'où il vient.
Elle garde finalement deux sons, qu'elle dessine dans l'air avec son index, cherchant quelle écriture leur donner parmi les myriades de caractères qu'ils appellent.
L'assistante me demande ce que signifie mon prénom - son étymologie, son histoire. Pour le traduire, elle choisit un pictogramme qui évoque la beauté et la royauté : le jade. Elle lui joint en deuxième caractère le calme, la sérénité.
Je lui avoue que c'est une vertu que je ne possède pas. Elle me répond que c'est bien là l'intérêt de la placer dans mon nom : me conduire à la cultiver.
Enfin, pour le troisième caractère, qui sera placé en premier, elle choisit la saison où je suis née. Reste à compter l'ensemble des traits qui composent les trois caractères et à vérifier si ce chiffre porte bonheur, si le nom est propice. Le comité retient son souffle : 41. C'est un très bon chiffre, qui appelle d'heureux présages.
Le nom est donné. L'assistante le recopie sur tous les papiers administratifs et dans mon carnet pour que je puisse le montrer.
J'ai été nommée à Taipei. Je ne croyais pas si bien dire. Une douce chaleur vient dissiper un peu mes brumes. Au milieu de l'hiver taipéien, on m'a appelée Été."
Cernée par la mer et par la Chine, Taïwan est une île. Dans ce territoire des confins, en sursis, il faudra que Xia, qui ne s'appelle pas vraiment Xia, mène sa quête, quitte à se désagréger, s'oublier, pour pouvoir ensuite se recomposer comme les fragments d'un nouveau langage.
Histoire d’un exil, volontaire, vers Taïwan, pour un obscur poste d’experte auprès de la ministre de la recherche et des universités. Découverte d’une île particulière, une véritable énigme pour qui, de plus, ne connaît pas la langue ! Tout est à apprendre, les codes sociaux, les coutumes, et le rôle qu’elle est censée jouer !
Alternant la première et la troisième personne,, le texte semble reposer sur un journal de bord et un récit plus fictionnel. Il s’agit malgré tout d’un récit autobiographique plus que d’un roman.
Le texte intégré l’analyse de huit idéogrammes en lien avec la narration.
L’étrangeté ressentie est très bien exprimée, cette sensation de ne même plus savoir lire, la nébuleuse que constitue sa mission. A tout cela vient s’ajouter une liaison avec un homme qui entretient après son départ de Taiwan des échanges de messages sans toutefois souhaiter vraiment la revoir. On pense en lisant ces lignes à Stupeur et tremblements, même si Amélie Nothomb parle du Japon. Le dépaysement et l’impossible intégration sont présents dans les deux écrits.
Un texte intéressant pour l’ironie douce qui se dégage de la situation de haut fonctionnaire sans tâche réelle.
192 pages noir sur blanc 16 janvier 2025
#Lavieossécaille #NetGalleyFrance
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Caraïbes, 1492. "Ce sont ceux qui ont posé le pied sur ces terres qui ont amené la barbarie, la torture, la cruauté, la destruction des lieux, la mort..."
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