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* Ce départ pour Saint-Pétersbourg annonce un de ces voyages mystérieux où nous cherchons non pas à changer de pays mais à changer notre vie. Choutov, écrivain et ancien dissident, espère fuir ainsi l'impasse de sa liaison avec Léa, éprouver de nouveau l'incandescence de ses idéaux de jeunesse et surtout retrouver la femme dont il était amoureux trente ans auparavant. Son évasion le mènera vers une Russie inconnue où, à la fois indigné, abasourdi et condamné à comprendre, il découvrira l'exemple d'un amour qui se révélera la véritable destination de son voyage. * Andreï Makine est né en 1957 en Sibérie. Le Testament français a reçu les prix Goncourt et Médicis en 1995. Ses romans La Musique d'une vie, La femme qui attendait et L'Amour humain sont disponibles en Points.
Choutov, la cinquantaine, écrivain à audience modeste, d’origine russe et ancien dissident, vit à Paris. Pour fuir l’impasse de sa relation amoureuse avec la jeune Léa, il décide de se rendre à Saint-Pétersbourg et tenter de rejoindre Iana, cette jeune femme dont il était amoureux trente ans auparavant, espérant aussi retrouver ses idéaux de jeunesse.
C’est une Russie totalement nouvelle et métamorphosée qu’il va retrouver et avoir du mal à comprendre tout comme sa passion de jeunesse avec qui il ne parviendra plus à communiquer. Il reste abasourdi devant cette Russie inconnue où les livres sont devenus des produits !
Iana l’accueille dans un lieu, autrefois composé de quatre appartements communautaires disposés sur deux étages et transformés aujourd’hui, en un seul habitat luxueux pour elle et son fils. Choutov va rencontrer Volski, un vieux paraplégique qui n’a malheureusement pas pu encore être transféré dans une maison de retraite et qui en attendant d’être évacué, d’ici deux jours est encore alité dans la chambre où il résidait. Le vieil homme, au cours d’une soirée, sortant de son mutisme, va raconter à Choutov quelle a été sa vie et ce sera donc La vie d’un homme inconnu.
Nous allons revivre avec lui ce qu’a été l’histoire de sa vie, sa vie ainsi que celle de Mila, sa femme. Andreï Makine, embarque le lecteur dans la marche irrémédiable de l’Histoire, au travers du récit de cet inconnu. Depuis les dernières heures de ce que Volski appelle son ancienne vie, un moment doux qui se condensa dans le goût d’une tasse de chocolat, le dernier jour de paix, le lendemain étant annoncé le début de la guerre, jusqu’à aujourd’hui.
C’est avec effroi que nous traversons les horreurs du blocus que vécurent les habitants de celle qui se nommait encore Leningrad : une température glaciale, une tranche de pain par jour, l’épuisement, l’immobilité, le néant. Telle avait été la décision de Hitler : « la ville, bientôt occupée, ne serait pas vidée de ses habitants, ils resteraient sur place, coupés du monde, sans nourriture, sans eau, sans soins médicaux et, à la fin de l’hiver, l’armée du Reich procéderait aux « travaux d’entretien sanitaire », c’est-à-dire à la destruction de deux millions de cadavres. »
Sa jeunesse, la ville morte du blocus, la guerre avec la gigantesque bataille de Koursk dans laquelle il devint méconnaissable, le Goulag, c’est ce qu’en une heure à peine, le vieillard a conté à Choutov. Ce destin est traversé par l’amour infaillible et indestructible que Volski a porté à Mila, cette femme détruite par le régime soviétique, et qui a transfiguré sa vie, lui permettant de supporter toutes ces terribles épreuves et ce malgré les séparations, et les corps vieillis et métamorphosés par la cruauté de la vie. À travers ces deux destins, que relate La vie d’un homme inconnu, Andreï Makine, tout en relatant ces vies brisées, cette époque indéfendable, nous offre, outre un formidable hymne à la littérature, un hymne à la terre natale, à la passion de sa patrie, à la beauté et à la poésie, n’oubliant pas, cependant d’évoquer l’émergence de cette « nouvelle Russie ». Un bel hommage est également rendu au théâtre, à la voix, aux chansons, à l’expression corporelle.
Si le début m’a paru un peu lent, j’ai ensuite été vite emportée par la beauté, la densité, la puissance de cette écriture qui sait si bien évoquer les atmosphères, sachant les rendre avec beaucoup de sensibilité et de justesse.
J’ai été subjuguée par ce voyage entrepris par Choutov pour répondre à sa quête intérieure, voyage si bien rendu par l’auteur !
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2022/12/andrei-makine-la-vie-d-un-homme-inconnu.html
Il est difficile de parler de cette œuvre sans la dénaturer, tant elle est bouleversante . On est loin ici des ouvrages dont se délecte Léa que Choutov désigne par « les petites dissertations de psychologie que les Français appellent romans »
Le principe du récit enchâssé sur lequel est bâtie l’œuvre donne au récit fait par Volski la dimension d’un joyau présenté au milieu d’ un écrin. Le titre, d’ailleurs, incite le lecteur à voir dans le récit deVolski, cet homme inconnu, le véritable sujet du roman , et dans la séquence parisienne et sur le « carnaval » de Saint CPetersbourg, deux étapes nécessaires pour l’introduire. Contrairement à ce que Tchékov préconise pour les nouvelles , supprimer le début et la fin du roman priverait celui-ci d’une dimension indispensable .
Le roman fonctionne par contrastes. La fragilité des liens entre Choutov et Léa met en lumière, par opposition, l’amour profond et indissoluble qui lie Volski et Mila ; l’univers parisien et celui du « carnaval » de Saint Petersbourg, l’enfer qu’a vécu Volski . Les publicités télévisées destinées aux nantis soulignent le côté pacotille, artificiel de la vie nouvelle proposée aux Russes et révèlent par opposition la profondeur, la densité de la vie discrète de Volski et les actions qui ont donné un sens à sa vie .
L’écriture de Makine, qui mêle le regard du peintre et la sensibilité du musicien aiguise notre attention aux émotions et sait aussi bien traduire d’une façon douce et tendre la beauté de la nature et la grandeur des petits riens qui suffisent au bonheur, que présenter la violence des combats du point de vue de celui qui se trouve en leur centre. Des phrases ponctuées d’ images souples, élégantes, qu’on aime à faire résonner, comme « les strophes avaient le poids des longues peines derrière le cercle polaire où tant de poètes avaient disparu »……..
Un roman chargé d’émotion pure, sans pathos, un roman inoubliable tant par la pouvoir suggestif de l’écriture de Makine, que par la puissance et l’humanité des personnages de Mila et Volski. Impossible, maintenant d’oublier la vie de cet homme inconnu .
Bien étrange, ce besoin qu'éprouve soudain Choutov de retourner au pays, qu'il a quitté, voire ignoré, depuis si longtemps... Un retour aux sources qui lui apporte plein de surprises, plutôt mauvaises, ses souvenirs confus n'arrangeant rien, il semble emporté dans un tourbillon qui le déstabilise, au point de se demander ce qu'il fait là !
Mais heureusement qu'il rencontre Volski, d'un coup le livre prend une toute autre dimension, un autre rythme ! Oubliés l'ennui et la platitude des pages précédentes, enfin l'attention du lecteur est happée... Beaucoup d'émotion dans cette "seconde partie", de moments difficiles aussi, la vie de cet homme n'ayant pas été des plus heureuses, un personnage bienveillant, attentif aux autres, amoureux éternel de Mila. De quoi émerveiller le pauvre Choutov à la vie banale et aux amours contrariées...
Découverte de cet auteur pour ma part, il m'a séduite par son écriture, de belles images, de la poésie, de douces phrases qui terminent certains chapitres...
Choutov,écrivain russe vivant à Paris, est abandonné par sa jeune compagne Léa.Il réagit en achetant un billet d avion pour la Russie.Il désire revoir Nadenka, son premier amour, et se rend à Saint-Petersbourg.Il la retrouve, en effet,mais c est une femme d affaires au coeur dur,différente de la Nadenka de jadis.La société russe est, elle-aussi,métamorphosée;en vingt ans,elle a rattrapé deux siècles de retard.Choutov se sent étranger dans son propre pays.Mais, un vieux monsieur,Volski,faussement muet afin de préserver son indépendance,ancien chanteur,offrira à choutov un voyage dans le passé:il lui raconte sa vie au temps des goulags.Pendant cette période honnie,Volski et sa femme Mila ont beaucoup souffert.Ils ont connu l enfer de la guerre et la déportation; Mila est morte.A son tour, Choutov offrira au vieux chanteur un voyage en taxi pour retrouver les lieux de son histoire.C est une symphonie pour personnages et époques sur fond de neige qu Andrei Makine a composée!Et , n en déplaise à Tchekov, il ne faut en couper ni le début,ni la fin!
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